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Suffit-il d'avoir bonne conscience pour agir moralement ?

Publié le 23/03/2005

Extrait du document

conscience
●     Le sujet prend à contre-pied les opinions reçues : à première vue, une bonne conscience est quelque chose que l'on peut fort bien se donner et qui, surtout, se manifeste de manière très variable selon les individus : du cynique au scrupuleux, la bonne conscience semble bien trop multiple et arrangeante pour fonder un agir moral. Bien plus, on peut être enclin à penser que les criminels sont justement ceux-là qui, peu tourmentés par leur conscience morale, n'ont pas à s'embarrasser pour commettre leurs forfaits. L'expression de remords peut entraîner, au tribunal, des remises de peine, et non la revendication insolente de sa bonne conscience pour soi.
Si au contraire la bonne conscience peut être, comme le suggère le sujet, un symptôme de moralité, c'est que, malgré son aspect infinitif, universel, la question doit être posée en première personne. C'est le moment de la décision et de l'action, au sein de la conscience, que le sujet scrute. Il ne s'agit pas d'interroger après-coup, de l'extérieur, la bonne conscience, mais d'en écouter la voix propre au sein d'un agent, éventuellement tiraillé.
●     Revenons à présent à la notion de suffisance. Compris comme un est-ce assez ? le suffit-il ? interroge le rapport du sujet à ses actions : le sujet possède des connaissances, en particulier un savoir éthique, et des intentions. Or, on peut savoir qu'en général telle action est mauvaise, mais se dire que pour nous, dans ce cas, elle ne l'est pas : c'est justement avoir bonne conscience. La situation, les intentions, le projet d'action précèdent et modifient la voix de la conscience. En demandant si la bonne conscience suffit, on interroge donc aussi la nature du savoir éthique
●     Mais si la suffisance n'implique pas la nécessité, quel est ce lien qui unit la bonne conscience à l'action morale sans pour autant la requérir? Si la bonne conscience n'est pas un moment nécessaire de l'action morale mais suffit à la garantir, c'est que malgré son opacité psychologique, elle reste soudée au sujet moral, et par là, à sa volonté.
●     En définitive, il faut donc se demander comment le sentiment de la moralité naît en soi, et comment ce sentiment vit, se développe dans la conscience, et, finalement, comment il se partage entre ses diverses instances. Or, c'est encore la raison du sujet qui fonde et pose les règles de l'agir moral. Le sujet (de la dissertation) nous confronte donc à une double genèse, parallèle, celle du sentiment de la moralité, et celle de la moralité. La genèse du sentiment moral précède-t-elle celle de la morale elle-même? La garantit-elle?
  • I La bonne conscience, effet de l'habitude
Transition
  • II Sentiment et devoir
Transition
  • III Deux bonnes consciences distinctes

conscience

« précèdent et modifient la voix de la conscience.

En demandant si la bonne conscience suffit, on interrogedonc aussi la nature du savoir éthique ● Mais si la suffisance n'implique pas la nécessité, quel est ce lien qui unit la bonne conscience à l'action morale sans pour autant la requérir? Si la bonne conscience n'est pas un moment nécessaire de l'actionmorale mais suffit à la garantir, c'est que malgré son opacité psychologique, elle reste soudée au sujet moral,et par là, à sa volonté. ● En définitive, il faut donc se demander comment le sentiment de la moralité naît en soi, et comment ce sentiment vit, se développe dans la conscience, et, finalement, comment il se partage entre ses diversesinstances.

Or, c'est encore la raison du sujet qui fonde et pose les règles de l'agir moral.

Le sujet (de ladissertation) nous confronte donc à une double genèse, parallèle, celle du sentiment de la moralité, et cellede la moralité.

La genèse du sentiment moral précède-t-elle celle de la morale elle-même? La garantit-elle? Proposition de plan I La bonne conscience, effet de l'habitude ARISTOTE Ethique à Nicomaque « C'est le signe d'une disposition acquise que le plaisir et la peine qui viennents'ajouter aux actes.

En effet, l'homme qui s'abstient des plaisirs des sens etqui se complaît dans cette privation est vraiment tempérant ; au contrairecelui qui en souffre est intempérant.

Par ailleurs quiconque supporte deterribles périls, tire de son endurance même un plaisir ou du moins n'en souffrepas, est vraiment courageux ; quiconque s'en afflige est lâche.

La vertumorale est donc en relation avec le sentiment du plaisir et de la douleur ; leplaisir que nous espérons nous fait agir bassement ; la peine que nousredoutons nous détourne de bien agir.

2.

Aussi faut-il, dès l'enfance, ainsi quele dit Platon, être entraîné, en quelque sorte, à extraire de nos actes, à bonescient, du plaisir et de la peine.

Voilà en quoi consiste une saine éducation.3.

En outre, puisque les vertus entretiennent des rapports avec nos actionset nos passions ; puisque toute passion et toute action sont suivies de plaisirou de peine, la vertu aurait donc des liens avec le plaisir ou la peine.

4.

Lescorrections obtenues par leur aide servent aussi de preuve.

Ce sont dessortes de traitements.

Or en médecine on guérit généralement par lescontraires.

5.

Ajoutons encore, comme nous l'avons dit précédemment, que toute disposition de l'âme, susceptible naturellement de la pervertir ou del'améliorer, entretient un rapport naturel avec le plaisir et la peine et est amenée à s'en occuper.

Les plaisirs et les peines engendrent de mauvaises dispositions, parce que l'on poursuitceux-là et qu'on cherche à éviter celles-ci.

Ou bien on veut atteindre ce qu'on devrait éviter, ou on agit dans descirconstances et des conditions inopportunes, bref on se comporte selon tous les modes d'action déterminés par laraison.

Ce qui fait que certaines personnes définissent les vertus des états d'insensibilité et de calme.

Vue inexacte,parce que l'on parle absolument, en omettant de dire comment et dans quelles circonstances il faut agir ou non,bref en laissant de côté toutes les autres précisions.

6.

Nous admettons donc comme principe que la vertu est, ence qui concerne les plaisirs et les peines, la capacité que nous avons dite d'exécuter les plus belles actions, le viceétant la disposition contraire.

7.

Opinion qui se précise encore par ce que nous venons de dire à ce sujet.

Nosimpulsions et nos répulsions sont respectivement conditionnées par le bien, l'utile, l'agréable, pour les premières ;pour les secondes, par ce qui est honteux, nuisible, pénible ; sur tous ces points l'homme de bien est assuré dusuccès, tandis que le vicieux manque son but, principalement en ce qui concerne le plaisir.

En effet le plaisir estcommun à tous les êtres vivants et il accompagne tous nos actes accomplis par choix ; c'est que le bien et l'utile,de l'avis commun, sont agréables.

8.

Ajoutons que, dès la petite enfance, ce sentiment du plaisir se développe enmême temps que nous tous sans distinction.

Aussi est-il difficile de l'éliminer puisque toute notre vie en reçoitl'empreinte.

Par conséquent, dans toutes nos actions, nous usons comme d'une règle du plaisir et de la peine, lesuns davantage, les autres moins.

9.

Il est donc inévitable que toute notre étude porte sur cette question ; car il estpour nos actions d'une grande importance de savoir si nos plaisirs et nos peines se justifient ou non par ce que nouséprouvons devant le bien ou le mal.

10.

N'oublions pas qu'il est plus difficile de résister au plaisir que de contenir lacolère, selon la parole d'Héraclite.

Plus une chose est difficile, plus elle exige d'art et de vertu.

Dans ce cas, le biens'appelle le mieux.

Nous conclurons donc en disant que toute étude, aussi bien dans le domaine de la vertu que dela science politique, s'intéresse au plaisir et à la peine.

L'homme qui saura bien placer ces deux sentiments seral'homme de bien ; qui les placera mal sera le vicieux.

11.

Convenons donc que la vertu entretient des rapports avecles plaisirs et les peines ; que les causes qui la font naître sont aussi celles qui la développent et l'altèrent, quandse produit une influence opposée ; enfin que les causes qui la favorisent sont aussi l'objet de son activité.

» La bonne conscience est, dans la perspective aristotélicienne, un sentiment de plaisir, né de la pratique habituelledes vertus.

Lorsque le vertueux pratique les vertus, il ressent cette bonne conscience : elle est une sagessepratique, un savoir indistinct, non normatif, indiquant le bien. Transition C'est le moment d'interroger la possibilité de déterminer négativement la bonne conscience (le fait de ne pas entendre la voix de la mauvaise conscience, plutôt qu'entendre positivement un jugement de moralité, ce qu. »

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