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Suffit-il de la loi pour que la raison l'emporte sur la violence ?

Publié le 17/01/2022

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Si la violence est une violation de la loi par la force, se demander si la loi suffit pour que la raison l'emporte sur la violence revient à se demander si la loi peut par elle-même être respectée : la loi dispose-t-elle d'un pouvoir suffisant sur la raison pour que celle-ci devienne maîtresse des actions humaines ? Cette question semble dépendre à la fois du rapport que l'homme entretient avec la loi et de celui qu'il entretient avec la violence : moins la loi semble légitime et moins elle est intériorisée par l'homme, et plus la violence est comprise comme une caractéristique humaine essentielle, et moins nous pourrons faire confiance à la loi pour canaliser la violence par la raison. De plus, il faut se demander ce que signifie le fait que la raison puisse l'emporter sur la violence grâce à loi : cela sous-entend que la raison ne peut à elle seule mettre fin à la violence : cela signifie-t-il que la violence est ancrée dans l'homme de manière nécessaire, et, en ce cas, faut-il vraiment penser que la loi doit mettre fin à toute violence ? Après avoir envisagé l'idée que la loi suffit à faire triompher la raison sur la violence, nous verrons que la loi doit pour cela être guidée par la réalisation de la morale. Nous nous demanderons alors si une certaine forme de violence ne doit pas être conservée. 1° La loi est suffisante pour que la raison l'emporte sur la violence Hobbes pense l'organisation sociale et politique à partir d'un état de nature hypothétique, dans lequel les relations humaines sont soumises au droit naturel : ce droit est basé sur la concurrence pour les biens à posséder, et assure la victoire des plus forts physiquement, ou des plus rusés, sur les plus faibles. Cet état est donc caractérisé par la violence des rapports de force et la guerre perpétuelle.  C'est pour remédier à cette crainte que les hommes instaurent un contrat, qui remplace le droit naturel par des lois purement conventionnelles, où chacun accepte d'aliéner sa puissance naturelle. Ce renoncement de chacun à ce qu'il pourrait prétendre par la force est fondé sur l'intérêt personnel de chacun, qui préfère effectuer ce renoncement parce que le fait que les autres y renoncent également garantit sa sécurité et sa conservation : il s'agit donc d'un calcul de la raison qui, poussée par la crainte, instaure des lois qui garantissent un état de sécurité et la fin de la violence. En ce sens, on peut dire que la loi est un moyen suffisant pour que la raison l'emporte sur la violence, car elle garantit que tous les sujets  y renoncent de manière égale.

La loi renvoie à une obligation juridique ou morale, établie par une autorité souveraine et régissant les rapports entre les hommes au sein d’une société. Si la violence se définit comme le recours à la force, exercé contre le droit, elle prend place, elle aussi, d’emblée, dans un cadre social et juridique. Si la violence est une violation de la loi par la force, se demander si la loi suffit pour que la raison l’emporte sur la violence revient à se demander si la loi peut par elle-même être respectée : la loi dispose-t-elle d’un pouvoir suffisant sur la raison pour que celle-ci devienne maîtresse des actions humaines ? Cette question semble dépendre à la fois du rapport que l’homme entretient avec la loi et de celui qu’il entretient avec la violence : moins la loi semble légitime et moins elle est intériorisée par l’homme, et plus la violence est comprise comme une caractéristique humaine essentielle, et moins nous pourrons faire confiance à la loi pour canaliser la violence par la raison. De plus, il faut se demander ce que signifie le fait que la raison puisse l’emporter sur la violence grâce à loi : cela sous-entend que la raison ne peut à elle seule mettre fin à la violence : cela signifie-t-il que la violence est ancrée dans l’homme de manière nécessaire, et, en ce cas, faut-il vraiment penser que la loi doit mettre fin à toute violence ? Après avoir envisagé l’idée que la loi suffit à faire triompher la raison sur la violence, nous verrons que la loi doit pour cela être guidée par la réalisation de la morale. Nous nous demanderons alors si une certaine forme de violence ne doit pas être conservée.

« Hobbes pense l'organisation sociale et politique à partir d'un état de nature hypothétique, dans lequel les relations humaines sont soumises audroit naturel : ce droit est basé sur la concurrence pour les biens à posséder,et assure la victoire des plus forts physiquement, ou des plus rusés, sur lesplus faibles.

Cet état est donc caractérisé par la violence des rapports deforce et la guerre perpétuelle.

C'est pour remédier à cette crainte que leshommes instaurent un contrat, qui remplace le droit naturel par des loispurement conventionnelles, où chacun accepte d'aliéner sa puissancenaturelle.

Ce renoncement de chacun à ce qu'il pourrait prétendre par la forceest fondé sur l'intérêt personnel de chacun, qui préfère effectuer cerenoncement parce que le fait que les autres y renoncent également garantitsa sécurité et sa conservation : il s'agit donc d'un calcul de la raison qui,poussée par la crainte, instaure des lois qui garantissent un état de sécuritéet la fin de la violence.

En ce sens, on peut dire que la loi est un moyensuffisant pour que la raison l'emporte sur la violence, car elle garantit quetous les sujets y renoncent de manière égale.

La raison ne peut, à elle seule,garantir cette canalisation de la violence par la raison, elle a pour cela besoinde la loi et des sanctions qu'elle implique en cas de violation du pacte. En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.

Mais chacun disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres ce qui leur plaît.

La constitution d'unesociété civile et d'un État oblige à une nécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivrebien et vivre en paix.

Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait le rendre redoutable pour autrui.

Dans l'étatde nature, chacun jouissait d'un droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'étaitassuré de ne rien posséder durablement.

L'État garantira la sécurité d'un droit de propriété limité.

Enfin, dans l'étatde nature, chacun était exposé à la menace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.

Un Etat capable de protéger tous les citoyens dela violence des uns et des autres, de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer lajouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoir et la sociabilité ne peut être quedespotique.

Pour sortir les hommes de l'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de lasolitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue, instituée en vue de la paix et de lasécurité.

"Quiconque a droit à la fin, a droit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souverainetésont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir cette fin.

"Une doctrine incompatibleavec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde ne peuvent être contraires à la loi denature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir et leur force à un seul souverain(homme ou assemblée).

Toutes les volontés doivent être réduites à une seule volonté.

L'État n'est pas unconsensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et même personne. 2° La loi qui garantit le triomphe de la raison sur la violence est guidée par la réalisation de la moralité La perspective de Hobbes montre que le triomphe de la raison sur la violence provient d'un calcul de la raison, qui a besoin, pour réaliser son but, de passer par l'efficacité contraignante de la loi.

Mais ne peut-on penserque dans ce cas, nous n'avons pas affaire à un véritable triomphe de la raison sur la violence, mais seulement d'unrespect contraint d'une loi extérieure ? De plus, chez Hobbes, le souverain, qui garantit la loi, n'y est pas soumis,car, selon lui, le personne qui garantit la loi doit être extérieure à cette loi : ne peut-on pas dire alors qu'un risquede violence subsiste de la part du souverain, et que la loi ne peut être suffisante à garantir une véritablecanalisation de la violence par la raison ? Kant distingue les actions conformes au droit, qui peuvent ne pasdépendre d'une intention véritablement bonne, des actions morales, qui sont morales également dans leur intention.Or, la moralité doit être le moteur du progrès politique, ce progrès doit mener peu à peu à un progrès des actionsmorales, qui aboutiront à une diminution de l'usage de la violence.

Un meilleur respect des lois est donc le signe dece progrès de la morale dans le politique.

Le triomphe de la raison sur la violence ne peut être garanti par une simpleconformité à une loi extérieure, il doit passer par la loi morale de cette raison elle-même, et s'incarner peu à peudans le respect véritablement moral des lois politiques. 3° L'histoire passe par une violence inéluctable. »

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