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Suis-je ce que j'ai conscience d'être ?

Publié le 21/09/2012

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conscience
 
 
 
 
 
J’ai souvent le sentiment que les autres ne me connaissent pas, ne me comprennent pas, qu’ils ne savent pas ce que je suis ni même qui je suis. En revanche, j’ai, moi, en tant que sujet, dans mon identité, le sentiment de savoir ce que je suis puisque je m’appréhende d’emblée comme une conscience d’être un être conscient. Ne suis-je pas, en mon être, un être conscient d’être une conscience ? Mais la conscience spontanée, immédiate de soi est-elle connaissance de soi ? En effet, il est un fait banal et quotidien que savoir ce que je suis, que j’existe ne rejoint pas nécessairement la connaissance de qui je suis. Combien de fois, se surprend-on à constater : « c’était plus fort que moi ? « Ou encore : « Je ne l’ai pas voulu «. Qui est ce je qui dit de lui-même qu’il ne se « reconnait plus « ? Du point de vue de la connaissance de soi — savoir ce que je suis —, ce qui me distingue de toute autre personne — ce qui me place dans une situation unique par rapport à elles —, je suis le seul à être conscient de moi : seul je suis conscient d’être un « je «. Depuis lors, la conscience de soi est-elle la connaissance ou la méconnaissance de soi ? 
 

conscience

« démarche, un moi qui doute, autrement dit qui pense — conscience de soi comme connaissance de la nature de soi, qui est res cogitans , une substance qui pense.

Ainsi, ce que j’ai conscience d’être spontanément, à savoir un corps et une âme subtile, je ne le suis pas authentiquement ; philosopher est nécessaire pour passer de l’évidence naïve et trompeuse, de ce que je m’imagine être, à l’évidence philosophique de ce que je suis réellement.

Ce que j’ai conscience d’être, après avoir douté, à savoir « une chose pensant », je le suis réellement ; ce moi n’est ni un corps ni une âme mystérieuse, il est pure pensée ; et à cette pensée consciente sera reconnu le pouvoir de gouverner le corps sans être assujetti à lui, autrement dit, un libre arbitre.

Aussi je suis ce que j’ai conscience d’être en tant que conscience philosophique de soi et je ne suis pas ce que j’ai conscience d’être comme conscience spontanée de soi.

La conscience peut faire erreur sur ce qu’elle est, mais elle seule peut le savoir, en prenant justement conscience de sa véritable nature.

La conscience philosophique de soi est connaissance vraie de soi, qui nous arrache aux illusions de la conscience naïve de soi.

Mais cette conscience de soi par soi n’est-elle pas productrice de nouvelles illusions sur soi ? De facto , connaître ce que je suis dans mon essence, ma nature, comme être conscient et savoir que je suis, que j’existe ne forme pas une totalité unificatrice.

En effet, la conscience de soi — de ma nature, de mon existence, n’implique pas nécessairement la connaissance de qui je suis.

De la connaissance que j’existe, il n’en découle pas que je sais qui je suis.

La conscience de soi, loin d’être la connaissance de soi, n’est-elle pas méconnaissance de soi ? La conscience de soi n’est-elle pas in fine l’ignorance de soi ? Ce dont, j’ai conscience, dit Spinoza, c’est de ce que je veux, désire et fais, mais non des causes réelles qui expliquent ce que je veux, désir et fais.

« Les hommes, déclare-t-il, sont conscients de leurs actions et ignorent les causes par où ils sont déterminés ».

Conséquemment : les l’hommes s’imaginent qu’ils sont libres, c’est-à-dire qu’ils attribuent à la conscience le pouvoir d’être cause première de leurs actions parce que les causes réelles de celles-ci leur échappent.

« Les hommes, écrit Spinoza, quand ils disent que telle ou telle action du corps vient de l’âme, qui a un empire sur le corps, ne savent pas ce qu’ils disent et ne font rien d’autre qu’avouer en un langage spécieux leur ignorance de la vraie cause d’une action qui n’excite pas en eux l’étonnement ».

( Éthique , III, 2).

Mais, ajout-t-il « les décrets de l’âme ne sont rien d’autre que les appétits eux-mêmes et varient en conséquence selon la disposition variable du corps ».

Dès lors, ceux « qui croient qu’ils parlent, ou se taisent, ou font quelque action que ce soit, par un libre décret de l’âme, rêvent les yeux ouverts » ( Ibid.

).

Ainsi non seulement, je ne suis pas ce que j’ai conscience d’être, mais aussi et surtout la conscience de soi roule sur la méconnaissance de soi.

Certes, je sais ce que je fais, je sais même les effets de mes actions, mais j’ignore foncièrement pourquoi j’ai agis ainsi.

Ce n’est pas parce que je suis l’acteur de mes actions que j’en suis nécessairement l’auteur.

Bien souvent les motifs de nos actions ne sont que des alibis qui viennent nous déculpabiliser.

Mais plus profondément, si je sais que c’est moi qui pense et agis, j’ignore les raisons de mes pensées et de mes actions.

Ma conscience est ainsi faite qu’elle prend conscience d’elle-même comme conscience libre.

Mais c’est là une illusion qui repose sur l’erreur de croire que « l’homme dans la Nature est comme un empire dans l’empire » ( Ibid., III), une sorte d’exception, un être capable de se soustraire aux lois de l’univers, susceptible de se gouverner par soi-même, alors qu’en vérité « nous agissons par le seul geste de Dieu » ( Ibid , § 49) : Dieu, c’est-à-dire pour Spinoza, la nature, la totalité rationnelle et nécessaire de ce qui est, dont nous participons.

Toutefois, Spinoza nomme sage celui qui a, « par une certaine nécessité éternelle, conscience de lui-même, de Dieu et des choses » ( Ibid, V, § 42), qui comprend la parfait nécessité du Tout, qui, en. »

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