Suis je ce que j'ai conscience d'être ?
Publié le 05/11/2013
Extrait du document


«
processus d’identification de soi échappe à la conscience de chacun, et ceci car nous avons tous en nous une part
de tendances obscures (un d
ésir, un instinct, une arri ère pens ée secr ète …) que nous n’arrivons pas à analyser.
Je recherche assid
ûment un emploi int éressant et difficile à obtenir mais, en m ême temps, je souhaiterais être en
vacances toute l’ann
ée. Il s’agit l à d’un paradoxe auquel je vais me heurter sans trouver de solution, pour la
simple bonne raison que je n’arrive pas
à le consid érer en tant que tel : le r ésultat d’une lutte entre ce dont j’ai
conscience et qui participe
à la construction de l’id ée que je me fais de moim ême, et de pens ées plus troubles,
plus difficiles
à prendre en compte, que j’ai donc trop forte propension à oublier. Mon sentiment d’identit é est
en r
éalit é bien hasardeux, et ne me permet donc pas de me consid érer comme un sujet.
Par ailleurs, l’hypoth
èse psychanalytique de Freud distingue deux parties principales dans notre esprit.
La majeure partie de notre activit
é psychique ne serait pas r éalis ée par notre conscience mais par un ensemble
d’id
ées, de pens ées et de sentiments refoul és qui influent sur notre comportement contre notre volont é : il s’agit
de l’inconscient.
Ce que j’ai conscience d’
être n’est qu’une fa çade in ébranlable masquant ma v éritable
personnalit
é, celleci se traduisant par diff érentes manifestations comportementales inexplicables pour ma
simple conscience, comme des pulsions, des TIC ou TOC, des lapsus, l’omission d’un mot... ( Psychopathologie
de la vie quotidienne , 1904).
Et toutes ces formes d’
échec du comportement seraient le r ésultat de ce
ph
énom ène de refoulement : Les forces émanant du « ç a », c’est àdire les pulsions primaires, principalement
les d
ésirs sexuels selon Freud, rentrent en conflit puis se trouvent censur és par le « surmoi », partie la plus
abstraite et morale de l’esprit, et le « moi », qui dirige les actions de l’individu.
Je ne connais pas le sens
profond de tous mes actes. Ainsi, ma conscience ne peut prendre en compte une grande partie de mon
être, qui
é
mane uniquement de mon inconscient.
Comment expliquer alors le fonctionnement de ma conscience ? Pourquoi, comment puisje ne pas
percevoir l’activit
é de toute une partie de moim ême ?
Tout d’abord, l’opinion de l’individu, de quelque nature qu’elle soit, peut
être influenc ée, voire fauss ée,
par des facteurs externes comme son
éducation, sa culture ou l’intervention d’autrui, ou bien des facteurs
internes comme son imagination ou m
ême ses propres sens. Pourtant, il sera convaincu qu’il s’agit l à de son
propre jugement.
La conscience de soi peut donc
être source d’illusion.
Je crois me conna ître, et je peux
affirmer que mes opinions politiques, par exemple, sont le fruit de ma r
éflexion personnelle, alors qu’elles ne
sont en r
éalit é qu’une cons équence de l’ éducation que j’ai re çue et des pr ésuppos és qui l’ont accompagn ée ou
d’une r
éaction contre celleci. J’aurais beau me complaire dans ce qui me para ît être une sinc ère r éalit é, celleci
peut n’
être qu’illusoire. Ma conscience n’est pas infaillible ; elle peut s’ égarer, et m’ éloigner de la r éalit é. C’est
pourquoi je ne puis
être ce que j’ai conscience d’ être, ou plus pr écis ément ce que je crois avoir conscience
d’
être.
N
éanmoins, nous pouvons aussi imaginer que la conscience de soi suppose autrui, comme le fait Victor
Hugo dans la pr
éface des Contemplations : "Nul de vous n'a l'honneur d'avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est
la votre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ». En effet, j’ai besoin d’autrui pour mieux me d
éfinir
et prendre conscience de ce que je suis. Si les jugements de mon entourage peuvent
être trompeurs, ils peuvent
aussi tr
ès souvent être r évélateurs. « L’autre est le miroir de l’ âme » : J’ai besoin de la m édiation d’autrui pour
ê
tre moim ême (Sartre dans L’ Être et le N éant ).
L’avis d’autrui, m ême inexact, m’am ène à me poser des
questions sur moim
ême que je n’aurais pas imagin ées sans une intervention ext érieure. Il me permet également
de me d
éfaire des illusions que je pouvais entretenir sur mon compte.
Or, ces t émoignages ne s’arr êteront
jamais : toute ma vie, autrui peut contribuer
à la construction de la conscience que j’ai de moim ême.
Je
n’atteindrais par cons
équent jamais la conscience absolue de ce que je suis..
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