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Suis-je dans le même temps qu'autrui ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Je parais, à première vue, exister dans une succession analogue à celle de mon alter ego. Je suis, en effet, dans un temps objectif, dans un milieu indéfini analogue à l'espace, où se déroulent les événements de ma vie, maisaussi ceux d'autrui. Ce temps est commun à ma personnalité et à celle des autres : c'est un temps abstrait, homogène, mesuré par les pendules et les montres et par lequel s'établit une structure commune avec l'autre comment n'existerais-je pas dans un temps commun à toutes les consciences, puisque le temps est référence unique et absolue? Les montres, les horloges ne sont-elles pas là pour unifier le temps des consciences, pour soumettre le «je « à la grande loi de l'objectivité? Le temps semble une détermination fixe, qui harmonise et structure les consciences : il est norme et règle, auxquelles les sujets individuels doivent se soumettre. C'est à la Renaissance que les instruments de mesure du temps objectif se multiplient. Alors l'homme moderne se dessine, construisant les choses, travaillant ; cet homme mesure du réel dans un temps identique à celui des autres hommes.Ainsi, le temps étant conçu comme un milieu homogène dans lequel les consciences seraient immergées, je puis dire qu'il y a identité de mon temps et de celui d'autrui. Nous sommes tous dans le temps comme dans l'air... Que faire dans le monde si les temps ne se fondent pas les uns dans les autres ?

Le temps passe à la même vitesse pour tous. Il y a un temps collectif et objectif qui est le temps de l'horloge. Les attentats du 11 Septembre ont bien eu lieu pour tous le 11 septembre 2001

MAIS...

La perception du temps est subjective. Le temps est ressenti de manière différente selon chacun. Le temps peut passer plus vite ou plus lentement selon les circonstances et selon les individus.

« B.

Antithèse: je ne suis pas dans le même temps qu'autrui. Suis-je dans le même temps qu'autrui? Voici peut-être une vision schématique des choses.

Les consciences vivent,en effet, selon des rythmes et des « lignes » bien différents.

Déjà, au simple niveau biologique, on remarquera quemon temps n'est nullement celui de l'autre conscience : les aiguilles de la montre n'unifient pas nécessairement lesdurées des individus.

Le temps, pour certains, s'accélère et se remplit dans les premières heures du jour, alors que,pour d'autres, cette accélération se produit le soir: il existe donc différents modes de temporalité, modes personnelset biologiques, indépendants du temps des horloges.

Le temps objectif n'est donc pas la référence unique etabsolue.

Le « je » existant n'est pas dans un milieu temporel identique à celui de mon alter ego.

Et ce qui est vrai auniveau quasi biologique l'est également au niveau psychologique.

Le sentiment intérieur de la durée, dont parleBergson, est une succession qualitative qui m'est propre et qui n'a rien à voir avec celle de mon alter ego.

« Ladurée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre,quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs [...] on peut [...

] concevoirla succession sans la distinction et comme une pénétration mutuelle, une solidarité, une organisation intimed'éléments.

» (Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience). Bergson: La durée 1.

La duréeSelon Bergson, la durée est la réalité même : c'est-à-dire la durée pensée etconcrètement vécue, le temps de la conscience intime, et non la durée mesuréecomme une distance d'un point à un autre.

Afin de saisir cette durée, lephilosophe doit se réconcilier avec ce qu'il vit concrètement et faire prévaloir laperception des choses sur leur conceptualisation. 2.

La conversion nécessaireComment appréhender cette durée qui semble toute intime ? Il convient d'opérerune conversion, de nous défaire des habitudes de pensées qui réduisent le réel àune ombre de lui-même, en ne faisant que le mesurer et le diviser par purintérêt.

Si nous n'avons de la durée que cette perception réduite, cela signifieque, pour nous, la durée est d'abord ce qui nous sépare de quelque chose ou, sil'on veut, un moyen terme entre un début et une fin.

Ce moyen terme n'estdonc pas perçu pour lui-même, mais en vue d'autre chose, et la réduction de ladurée à de l'espace signale d'abord une conception utilitaire du monde, bien loindu désintéressement qui devrait être celui du philosophe.

Si nous voulons saisirou contempler la durée en son absoluité, ou du moins nous en rapprocher, ilnous faut nous défaire de notre obsession pour l'action. Comment cette organisation intime d'éléments pourrait-elle m'être commune avec celle d'autrui? Si on prend le motêtre (« Suis-je ») au sens fort du terme, comme existence concrète et vivante, on peut dire que mon exister nepeut se dérouler dans le même écoulement que celui d'autrui.

Comment le flux de ma durée pourrait-il être comparéà celui de mon alter ego?TransitionToutefois, l'intersubjectivité existe comme relation réciproque des consciences.

Si tout existant est un alter egopour autrui, il faut bien que les temps s'unifient de façon réelle, même si les consciences individuelles s'organisentdans des durées fondamentalement différentes. C.

Synthèse : la mémoire collective unifie les temporalités et fonde une intersubjectivité. Suis-je vraiment dans une temporalité irréductible à celle de l'autre? Si ma conscience était close sur sa propredurée, elle ne saurait rejoindre le temps de l'autre.

Sans nier qu'une durée concrète existe, ne pouvons-nous et nedevons-nous pas reconnaître qu'il existe un temps collectif auquel toutes les consciences empruntent leursubstance? Le temps social et la mémoire collective fondent l'intersubjectivité.

Parce que la mémoire est unefonction sociale, inséparable de cadres sociaux et collectifs, je suis dans le même temps qu'autrui, tout en ayantune durée qualitative et personnelle.

Quand je me souviens, je me place dans plusieurs courants de la penséecollective et ainsi mon temps personnel rejoint quand même celui de l'autre.

Ainsi les durées individuelles s'ouvrent àun temps plus large, où elles sont comprises et s'intègrent.

Le subjectivisme se trouve dès lors écarté car il ne peutqu'exclure la communication des consciences, désireuses de s'ouvrir l'une à l'autre.

L'homme est un êtrecommuniquant, voué au dialogue au sein d'une temporalité unifiante.De même, on peut remarquer que l'histoire est la dimension proprement humaine qui sous-tend notre temporalité.

Orl'histoire est la temporalité dans son objectivité.

Ainsi les hommes, qui sont dans l'histoire, sont dans un ordrecollectif et objectif et donc sont dans le même temps.

Puisque le cadre historique nous modèle, nos tempssubjectifs coexistent.

L'homme est temporalité historique et ne peut donc se «fragmenter» totalement à l'intérieurd'une durée purement individuelle. Conclusion.. »

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