Suis-je dans mon corps comme un pilote dans son navire ?
Publié le 25/02/2004
                             
                        
Extrait du document
Le sujet met en jeu une comparaison. Cette comparaison porte sur mon rapport au corps. La relation du sujet à son corps serait semblable à celle du pilote à son navire. Cette comparaison est une citation de Descartes (Méditations métaphysiques) que l'on peut bien ne pas avoir identifiée pour traiter le sujet. Cependant, une réflexion même sommaire sur le sujet conduira à analyser les raisons du dualisme et à les discuter. La difficulté du sujet réside donc dans une juste compréhension et conceptualisation de la comparaison qu'il propose. Les deux seules notions qui doivent être prises au sens propre sont « je « et le « corps « : ce n'est pas tant en elles-mêmes qu'elles doivent être définies et analysées que dans leurs rapports. Il faut absolument éviter de consacrer une partie du devoir au corps et une autre au « je «, à l'âme ou au sujet. Nous passerons néanmoins en revue les différentes notions qui se trouvent impliquées dans la problématique du sujet, étant entendu que la comparaison renvoie à l'existence d'une hiérarchie de l'âme sur le corps qui doit être soumis à sa juridiction et à sa volonté.
«
                                                                                                                            corps fasse partie intégrante de ma destinée, je sais bien que je ne peux pas m'identifier à lui que je suisencore, autre chose.
                                                            
                                                                                
                                                                    Bien des faits le montrent: il m'arrive d'oublier mon corps aux instants de concentrationextrême.
                                                            
                                                                                
                                                                    Je peux me sentir plus jeune que je ne suis.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si on m'amputait un membre, je ne cesserais pas d'êtremoi-même.	
"Tant que nous  aurons  le corps  associé  à la  raison  dans notre  recherche  et que  notre  âme seracontaminée par un tel mal, nous n'atteindrons jamais complètement ce que nous désirons et nous disonsque l'objet de nos désirs, c'est la vérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Car le corps nous cause mille difficultés par la nécessité où noussommes de le nourrir; qu'avec cela des maladies surviennent, nous voilà entravés dans notre chasse auréel.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il nous  remplit  d'amours,  de désirs,  de craintes,  de chimères  de toute  sorte,  d'innombrablessottises,  si bien  que,  comme  on dit,  il nous  ôte vraiment  et réellement  toute possibilité  de penser.Guerres, dissensions, batailles, c'est le corps seul et ses appétits qui en sont cause; car on ne fait laguerre que pour amasser des richesses et nous sommes forcés d'en amasser à cause du corps, dont leservice nous tient en esclavage.
                                                            
                                                                                
                                                                    La conséquence de tout cela, c'est que nous n'avons pas de loisir àconsacrer à la philosophie.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais le pire de tout, c'est que, même s'il nous laisse quelque loisir et que nousnous mettions à examiner quelque chose, il intervient sans cesse dans nos recherches, y jette le troubleet la confusion et nous paralyse au point qu'il nous rend incapables de discerner la vérité." PLATON	
 	
Introduction.
« Le corps est un tombeau » : jouant sur la similitude des deux mots en grec, 	Platon	 exprime ainsi le	dualisme	 profond entre l'âme et le corps.
                                                            
                                                                                
                                                                    Exprimé à travers diverses métaphores, l'exil de l'âme dans le	corps est ici évoqué très directement par un violent réquisitoire.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le corps nous cause bien des soucis,est à l'origine des guerres et nous empêche de philosopher, ou en tout cas de le faire correctement.Nous étudierons ces reproches en tâchant à la fois de les rattacher à la pensée de 	Platon	 et de nous	demander comment on peut les recevoir aujourd'hui.
Étude ordonnée et intérêt philosophique.
Le texte s'ouvre sur un constat désolant : pas question d'atteindre la vérité proprement dite tant quenous aurons un corps, donc durant notre vie sur terre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Notre âme, dit 	Platon	, a contemplé autrefois les	Idées du bien, du beau, du vrai, et doit pour les retrouver faire un effort de réminiscence; mais ce travailest  perturbé  par le corps,  d'emblée  identifié à un  « mal  ».
                                                            
                                                                                
                                                                    La  violence  du qualificatif  ne peut  quesurprendre  un lecteur  moderne  peu habitué  à dénigrer  le corps  et surtout  habitué à des  étudesneurologiques tendant à ramener l'activité intellectuelle à des processus corporels.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pourtant le 	dualisme	de l'âme et du corps est très présent chez 	Platon	 et marque fortement toute la tradition philosophique.	L'objet de nos désirs, dit 	Platon	, c'est la vérité, qu'il nomme un peu plus loin « le réel ».
                                                            
                                                                        
                                                                    Deux points	doivent ici être précisés.Tout d'abord, la vérité évoquée ici est l'Idée de la vérité en soi et pour soi, dont toutes les vérités quenous pouvons connaître ici bas ne sont que des reflets partiels et dégradés.
                                                            
                                                                                
                                                                    La vérité est comme le soleilde l'allégorie  de la caverne alors que  la réalité terrestre  n'est en fait qu'un jeu  d'ombres dont il  fautsavoir s'éloigner par abstractions successives.Ensuite, 	Platon	 dit que « nous » recherchons la vérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Désigne-t-il par là seulement les philosophes ?	Non sans doute : toutes les âmes ont, plus ou moins enfouis en elles, la nostalgie de l'inconditionné, ledésir du beau, du bien et du vrai.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais beaucoup se trompent sur l'objet réel de leur désir.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est pourquoinul n'est méchant volontairement : ceux qui font le mal ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent.Il n'est pas utile de passer en revue le détail des maux dont nous accable le corps, depuis la nécessitéde le nourrir  jusqu'aux  passions en passant  par la maladie.
                                                            
                                                                                
                                                                     La critique  de 	Platon	 peut  nous  paraître	excessive dans la mesure où le souci pour le corps peut également réjouir l'âme ; l'amour par exemplepeut manifester une union étroite entre le désir corporel et une communauté spirituelle ou intellectuelle.Et pourtant l'exemple de la maladie permet de bien comprendre ce que veut dire 	Platon	 : la douleur est	intolérable parce qu'elle est en nous comme une présence étrangère.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est bien notre corps qui souffremais par là même il nous devient en quelque sorte étranger, il ne nous est plus soumis.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans les passionscomme la peur, nous disons également que nos jambes se dérobent « malgré nous ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Enfin, une migrainepeut affecter considérablement nos capacités de réflexion et de discernement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce qui peut choquer c'estque la critique ne soit pas compensée par un éloge du corps; mais les maux que déplore 	Platon	 ne sont	pas étrangers à notre propre expérience.
                                                            
                                                                                
                                                                    Montaigne reprendra largement ce thème de la puissance desémotions corporelles, par exemple de l'imagination, et de la faiblesse de l'intellect face à ces passions.Après  avoir cité les maux  dont le corps  accable  l'âme, 	Platon	 franchit  un degré  en lui attribuant  la	responsabilité des guerres, destinées à assouvir ses appétits.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ici on peut se demander si l'argument estvraiment plausible :  les causes des guerres sont  multiples, et on trouve parmi elles  non seulement lavolonté de puissance, mais le prestige de l'idée de puissance, ou des constructions idéologiques.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il n'estpas certain que l'on puisse vraiment attribuer au corps l'origine de ces représentations.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le problème dumal humain  atteint sa profondeur  précisément  lorsqu'il faut reconnaître  que ceux  qui ont  fait le malsavaient ce qu'ils faisaient.L'aboutissement de  ce réquisitoire peut faire  sourire tant il semble que 	Platon	 tienne l'impossibilité de	philosopher pour  plus grave encore que  les guerres.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le terme de  « loisir », qu'il  emploie ici, est  très.
                                                                                                                    »
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- Suis-je dans mon corps comme un pilote dans son navire " ?"
- l'âme est-elle dans le corps "comme un pilote dans son navire" ?
- SUIS-JE DANS MON CORPS "COMME UN PILOTE DANS SON NAVIRE" ?
 
    
     
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                