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Suis-je le mieux placé pour me connaître?

Publié le 08/04/2005

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Car on ne peut restreindre le terme « autres » à sa signification la plus élémentaire, c'est-à-dire un maître, ou encore un parent. « Le professeur ne doit pas apprendre des pensées [...] mais à penser. Il ne doit pas porter l'élève mais le guider, si l'on veut qu'à l'avenir il soit capable de marcher de lui-même. » Kant, Propos de pédagogie. Ainsi, en élargissant le contenu du mot on observe qu'il peut tout aussi bien désigner un travail qui a été fait par un autre. Apprendre uniquement dans les livres, c'est faire appel au savoir de ceux qui les ont écrits et c'est donc apprendre avec l'aide des autres. Dans tous les cas l'apprentissage suppose l'autre.  Même ceux qui me sont le plus proches ne peuvent me connaître que partiellement. Tandis que je suis avec moi-même à tout moment de mon existence.

« Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeursque l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou lesdieux.

Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.

L'opinion,confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles,ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que noussachions nous en servir et si l'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sadéfinition.

Si nul n'est méchant volontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que par accident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Paraccident, non volontairement, il faut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens,je serai nécessairement malheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, enviendra naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien quidépend en large partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant toutcela on puisse vouloir agir de la sorte.

C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier le tirage au sort desmagistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de ce savoir, c'est une visiondélibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Je suis un sujet, pas un objet de connaissance« La subjectivité est la vérité», dit Kierkegaard dans Post-scriptum aux Miettes philosophiques.

Je ne peux connaître que de l'intérieur.

Jesuis ainsi le mieux placé pour savoir ce que je suis et quelle est ma place dans le monde.

Et, puisque je suis libre, personne, sauf moi, nepeut prétendre savoir comment je vais agir ou penser.

Notre inconscient sous échappeFreud souligne qu'une ne partie de notre psychisme est inconsciente et peut donc nous rester inconnue.

Le moi n'est pas maître dans sapropre maison.

Nous pouvons par exemple refouler certains sentiments dérangeants ou agir de manière totalement insensée.

Unpsychanalyste perspicace, connaissant les ressorts de l'âme humaine, interprétera cependant nos actes, nos pensées, et nous en révélerale sens caché.

Aussi, pouvons-nous dire que nous ne sommes pas les mieux placés pour nous connaître. Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

Pour le dire brutalement, en ce sens,l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans la clarté), maisserait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peuts'exprimer directement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales, professionnelles, moralesdu sujet.

Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement en accord avec lesobligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.

Ily a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normes morales etun autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il neveut pas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi,c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'unest gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sontrévélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirsqui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux,qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et morales quej'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) ne m'est pas connu,m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues etfragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud , o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨ De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ; ¨ De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite le patient.. »

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