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Suis-je moi-même quand je suis passionné ?

Publié le 27/02/2008

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► Le sujet invite de manière évidente à mettre en question le caractère aliénant de la passion, mais implique également une réflexion sur l'identité personnelle. Il s'agira donc autant de déterminer l'influence de la passion sur la liberté, l'entendement et la volonté du «je«, que de s'interroger sur ce que signifie «être soi-même«. ► La formulation de l'énoncé ne doit cependant pas induire une dissociation des problèmes en jeu: il faudra les lier en montrant en quoi le rôle des passions présuppose une conception spécifique de l'identité. ► Les passions pourraient déposséder le sujet de lui-même, l'aliéner, et affecter la conscience qu'il a de lui-même. ► Il peut y avoir une césure au sein de l'individu: le «je« pourrait ne pas être «moi«. ► Il est possible de savoir si l'on est ou non soi-même: le «je« serait apte à se connaître, à se définir et à se décrire. ► La passion ne m'empêcherait pas d'effectuer le mouvement réflexif et l'introspection que suppose la réponse à la question «suis-je moi-même?«.

« illusion, car il ne serait que le résultat de l'ignorance de nos déterminations ( Spinoza, Éthique).

Pour devenir soi- même, il ne s'agit donc pas de condamner les passions d'un point de vuemoral.

Il faut au contraire admettre que l'accès au moi est une conquêteprogressive, qui implique de développer les lumières de la raison afin deconnaître les passions, sachant qu'elles font partie de la nature humaine.

Êtresoi-même, être un moi capable de s'autodéterminer et de se reconnaître dansses actes, ses aspirations, ses désirs, n'est donc pas un donné et ne peutêtre qu'une conquête progressive, cette progression suivant celle deslumières de la raison théorique.

La connaissance des causes qui nousdéterminent est ici la condition de possibilité d'une distinction entre ce qui estvraiment moi et ce qui n'est que l'effet en moi d'une contrainte.

C'est encombattant l'illusion qui fait naître la passion que je serai capable de devenirmoi-même. 2.

Non, dans la passion je ne suis pas moi-même. A.

La passion, en tant qu'elle s'apparente à une forme de folie, medépossède de moi-même. Lorsqu'il s'agit de punir un crime passionnel, la justice est généralement plus clémente que lorsqu'il s'agit d'un crimeprémédité.

On admet que la passion - la jalousie, l'amour notamment - relève d'une forme de folie.

Victime de lapassion qui l'habite, l'individu n'agit plus librement et n'est plus que le jouet de sa passion.

Si le passionné restecoupable des actes répréhensibles qu'il commet - c'est bien lui qui agit -, sa responsabilité est néanmoins difficile àévaluer car il n'aura pas agi délibérément.

La passion peut donc être qualifiée d'«aliénante» puisque j'agis tout enétant étranger à mes actes.

Dans la passion, je ne suis pas moi-même en tant que ma volonté n'est pas pleinementà l'initiative de mes actes.Demander si je suis moi-même «dans» la passion, c'est déjà supposer que la passion est un état émotionnel danslequel on est pris, une autorité qui nous contraint sans que nous l'ayons choisie.

Je ne suis plus moi-même dans lamesure où la passion dans laquelle je suis pris emporte avec elle tous mes repères, valeurs, impératifs de prudence,devoir moral...

qui régissaient jusqu'à présent mon existence.

La passion est donc un principe d'action qui poussel'individu à enfreindre des règles, des lois dont le passionné reconnaît l'autorité dès lors qu'il «reprend ses esprits». B.

La passion fausse l'usage de l'entendement. Être soi-même, ce n'est pas seulement être maître de ses actes.

Mon identité réside également dans l'usage de mafaculté de juger.

Le passionné n'est pas seulement incapable de vouloir librement: il est d'abord incapable d'examinerobjectivement les termes entre lesquels il s'agit de choisir.

Ainsi, le joueur passionné ne veut pas jouer: il y estcontraint par la passion; mais il n'est pas non plus apte à juger des avantages et des inconvénients du jeu.

Eneffet, la passion une fois à son comble tend à prendre le pas sur tout ce qui constituait jusqu'alors le caractère del'individu: le «moi» est ainsi phagocyté par la passion (cf.

la «cristallisation», Stendhal).

La passion nous fait nonseulement renoncer à tout ce qui ne concerne pas l'objet de notre passion, mais elle parvient même à modifier notreperception du monde, d'autrui, et de nous-mêmes: tout, désormais, sera mesuré à l'aune de l'objet de notrepassion, élevé au rang d'absolu. C.

Dans la passion, je choisis de ne pas être un moi autonome. On pourrait alors penser qu'il suffirait de combattre les passions pour accéder à la pleine possession de soi.Cependant, en tant que «gangrène de la raison pratique» (Anthropologie du point de vue pragmatique, Kant), lapassion est justement comparable à une maladie qu'il faut combattre - au sens d'une obligation morale ici -, maisque le passionné, précisément, choisit de ne pas combattre: il est comme « un malade qui ne veut pas guérir».

Eneffet, bien que les passions empêchent d'être libre, en tant qu'elles sont «une inclination devenue constante qu'onne peut pas ou difficilement maîtriser» (ibid.), elles sont néanmoins choisies par le libre arbitre du sujet.

La présencede la loi morale en nous nous atteste l'existence de la liberté comme autonomie de la volonté, mais lorsque noussommes passionnés nous choisissons en quelque sorte librement de ne pas être libres.

Ainsi, dans la passion je suisbien moi-même en tant que sujet sensible, mais je choisis de ne pas être le sujet raisonnable que ma consciencemorale exige que je sois.. »

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