Suis-je vraiment autre qu'autrui ?
Publié le 27/02/2005
Extrait du document
Remarques sur l’intitulé du sujet :
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Problématique : Par définition, autrui est celui que je ne suis pas, et réciproquement, je suis autre qu’autrui. Cependant, cette thèse, aussi logique soit-elle, peut-elle être tenue « jusqu’au bout « ? Car, si tel est le cas, ne suis-je pas, de ce fait, condamné l’isolement
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a) Fondement anthropologique de la sympathie Selon le schéma à 4 termes mentionné précédemment, ma séparation avec l'autre repose sur un dualisme âme/corps.
Ainsi, pour expliquer que je ne suis pas autre qu'autrui au sens où nous serions séparés, que nouspouvons donc communiquer, il faut concevoir qu'une médiation, par-delà nos corps, entre nos esprits est possible.Tel est ce que fait Hume en élaborant son concept de sympathie. La définition humienne de la sympathie repose sur un présupposé anthropologique grâce auquel on peut comprendre que je ne sois pas inéluctablement coupé des autres.
Ainsi, l'intérêt de cette conception = je suisà la fois autre (je conserve ainsi mon individualité) et semblable (je ne suis pas coupés des autres).
Voyonspourquoi. Au travers de la sympathie, je communique avec autrui dans la mesure où autrui et moi sommes également des êtres passionnels : « les passions sont si contagieuses qu'elles [...] produisent des mouvements correspondants dans tous les corps humains ».Ainsi, je ne suis pas autre qu'autrui pour autant que celui-ci estcapable de m'affecter, c'est-à-dire de produire sur moi une impression sensible.
Comment se produit cette action ? b) Fonctionnement de la sympathie Hume dit bien que je ne suis pas autrui (nous ne sommes pas identiques), mais qu'en quelque sorte, je ledeviens .
Il ne nie pas que je sois autre qu'autrui, mais il soutient que les passions ressenties par le biais de la sympathie « opèrent sur nous en contrariant ou en augmentant nos passions exactement de la même manière ques'ils provenaient originellement de notre disposition et de notre tempérament ».
Ainsi, je ne suis plus autre qu'autrui lorsque celui-ci m'affecte. Il faut pour cela que j'interprète les signes sur le corps de l'autre .
Exple : larmes ; je me forme une idée de la cause de ces larmes (la tristesse) et, en même temps que se forme une idée du sentiment de l'autre, jeressens aussi une impression vive de moi-même : mon esprit établit un lien entre l'idée du sentiment et l'impressionqui correspond à ce sentiment déjà vécu et ainsi, se produit un transfert de vivacité de mon sentiment sur celui del'autre ; voyant l'autre pleurer, je suis triste comme autrui. Transition :· Si l'analyse de Hume a pour avantage de nous sortir du solipsisme cartésien (affirmation d'une solitude principielle de la conscience), elle a pour contrepartie la mise entre parenthèse de ce qui fait ma spécificité par rapport à autrui : pouvant me rapprocher de lui, je n'en suis plus distinct au sens où je ne suis plus vraiment moi (je deviens l'autre en quelque sorte).· Problème : Comment pourrais-je alors encore dire « Je » ? Que devient le « Moi » et son caractère unique, dans un « Nous » ?· Enjeu : Rapport de l'individuel au collectif = est-ce qu'autrui contribue à me définir essentiellement ? Puis- je conserver, au sein d'une communauté ou plus simplement, dans mon rapport à l'autre, monindividualité, sans pour autant m'isoler ? 3- UNE DIFFÉRENCE SPÉCIFIQUE ET NON GÉNÉRIQUE Il serait bienvenu ici de faire référence aux « repères » inscrits au programme : « genre-espèce-individu » : l'idée étant que la différence entre autrui et moi est accidentelle et non essentielle : en tant qu'homme, je ne suis pas vraiment autre qu'autrui (nous appartenons tous deux à un même genre) ; ce n'est doncqu'en tant qu'individu, je suis nécessairement autre qu'autrui.
En des termes aristotéliciens, je suis, pour autrui, « lemême en tant qu'autre ».
a) se penser autre qu'autrui : le propre d'une bête ou d'un dieu Aristote, Politiques , I, 2, 1252b-1253a : « Celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain »Je ne peux être vraiment autre qu'autrui que par hasard ; essentiellement , autrui et moi sommes hommes, et de ce fait je ne suis pas vraiment autre qu'autrui. Se poser comme radicalement autre = se poser comme étant de nature différente, d'une autre espèce (animal ou le dieu qui n'ont rien d'humain : le 1 er par absence d'intelligence ; le 2 nd par sa perfection) et en dernière analyse = se croire autosuffisant b) La différence entre autrui et moi est une construction théorique L'ego cartésien permet de se penser comme autre qu'autrui, mais cela au préjudice de la dimension politique ou sociale de l'homme.
Le « Je » de Descartes = un sujet métaphysique .
Or comment Descartes parvient-il à la saisie de soi ? En mettant volontairement en doute un certain nombre de propositions, et parmi elles, l'affirmation concernant l'existence des choses extérieures.
Conséquence = il n'est pas naturel de se penser autre qu'autrui ; il ne s'agit pas d'une attitude spontanée.
Le cogito a donc une certaine valeur pour penser la connaissance, mais non pour rendre compte des relations sociales qui caractérisent l'homme, « animal politique ».
[1] Isolé = proprement, qui est dans une île, comme dans une île.
Désigne donc l'état de celui qui vît séparé de lasociété, de telle sorte qu'il ne peut absolument pas entrer en contact ou communiquer avec quelqu'un..
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