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Sujet : Peut-on assimiler le vivant à une machine ?

Publié le 05/12/2010

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Le vivant tend à ne pouvoir être défini sans que l’on s’interroge sur ce qui constitue la spécificité de la vie. Ce serait cependant déjà prendre parti en affirmant qu’il existe une particularité du vivant, qu’il est transcendant à toutes choses, que l’on qualifierait, par opposition, de matérielles, d’inertes. De plus, le vivant est caractérisé par l’ampleur de ce qu’il recouvre, car, même si on pense en premier à l’homme, il englobe l’intégralité de ce qui comporte la vie : la bactérie, la plante, l’animal, l’homme… Or, cette diversité pose problème, quel parallèle peut-il y avoir entre un cactus et un philosophe ? Le terme machine, dont l’étymologie grecque désigne « l’invention ingénieuse «, correspond quant à lui, à un artefact régi par des mécanismes et ordonné à un résultat. Elle ne peut être, par définition, conçue par autre chose que l’homme en tant qu’elle est un artefact. Chacun de ses mouvements est déterminé par son assemblage, sa configuration issue d’un raisonnement humain.  Cette notion de mécanisme complexe permet qu’il soit déjà plus concevable de créer une unité du vivant de par sa construction cellulaire, comme contingent de sa disposition organique, à l’image des machines. En effet, ne greffe-t-on pas un cœur comme l’on changerait un piston ?

« S’il peut être possible de comprendre, ou du moins constater, le fonctionnement du vivant, en avoir uneconnaissance scientifique permet-il de le réduire à ce statut mécanique ? Il existe différents types de machines aumême titre que la diversité du vivant est avérée.

Les comparaisons que l’on a pu dresser s’appliquent-elles demanière globale ? Si les composantes des êtres sont assimilables à celles des machines, il ne s’agit que decomposantes.

La cellule, première source de vie, est également présente dans le cuir d’un bracelet que dans lecortex cérébral.

Or l’analogie est difficilement faisable. Selon Raymond Ryer, il va de distinguer trois types de machines : la machine simple, comme l’horloge, qui vatransformer l’énergie d’un ressort en mouvement, la machine thermique qui va produire de l’énergie à partir d’uneautre et la machine à information comme l’ordinateur.

Les deux premières sont soumises à la dégradation de parl’imperfection de leur fonctionnement.

Comme chaque être vivant, elles vont être la cause de leur finitude, ellesvont s’user.

La troisième est certes indépendante, mais elle est normée par l’extérieur, par la main de son créateur.Les informations qu’elles contiennent sont sauvegardées en son sein mais ne relèvent pas de leur initiative.

Toutestrois nécessitent une intervention externe à elles.

Que se soit du machiniste, d’une source d’énergie autre ou de lamise en forme et en place de données, elles sont dépendantes. Quelle connaissance du vivant peut-on proposer en retour ? Dans De l’Ame, Aristote se penche sur la question de lanature du vivant pour découvrir que tout vivant possède une âme qui le détermine, lui donne sa forme.

Il y établitune hiérarchie en trois étages cumulatifs.

Il y a d’abord l’âme végétale dont la seule caractéristique est la fonctionnutritive sous laquelle il englobe les possibilités de s’alimenter, se générer et de croître.

Puis, il décrit l’âme animalecapable de sensitivité et de mouvement.

Enfin, au sommet, l’âme humaine qui jouit de la fonction intellective luipermettant de penser.

Bien que la théorie biologique semble établir une explication physique ou chimique à chacunede ces capacités, elle ne rend pas compte de ce qui les motive. En revanche, le finalisme propose une alternative.

C’est toujours Aristote qui conduit ce mouvement en affirmantque chaque organe est doté d’une finalité propre.

Pour lui, il existe donc une différence entre l’œil d’une statue etcelui d’un homme : la vue.

C’est sa fonction qui opère la différence.

Alors que l’œil d’une statue, aussi similaire etpareillement composé soit-il, n’a aucune utilité, celui de l’homme lui est utile et lui permet d’avoir un sens.

Il s’agit de« l’âme de l’organe ».

Par extension, le finalisme est également, comme le démontre Kant dans Critique de la facultéde juger, la théorie selon laquelle le vivant se comprend par le projet qu’il poursuit.L’organisme serait donc régi, au-delà des critères empiriques de son fonctionnement, par une finalité, un but.

Cette vision téléologique, bien que trèslargement contestée, nous l’avons vu, pendant la période classique, peut être appliquée sur l’ensemble de la nature,par opposition à l’artificiel.

En effet, Aristote voyait dans la reproduction des espèces, un plan de cet ordreperpétuel.

Chacune d’entre-elles engendre un être qui lui est semblable conservant ainsi cet ordre.

On retrouverabien plus tard cette conception finaliste chez Leibniz et Malebranche qui en attribueront à Dieu l’édiction de l’Ordrelui-même. Certes, c’est un être organisé, disposé comme la machine mais il s’en distingue par d’autres attributs.

La machine,elle, est déterminée par l’homme, par son créateur.

Le vivant, lui, semble avoir des fonctions qui lui sont propres etqui sont régies, au-delà de leurs règles internes, en ce qu’elles tendent à un but. Vers quelle finalité le vivant peut-il tendre ? La question de l’homme est cruciale dans l’étude du vivant et desmachines.

Si a priori, il peut sembler évident que la vie en l’homme aspire à un but qui en serait également la raison,en est-il de même pour la partie végétale du vivant, ou même les micro-organismes ? Peter Stringer, dans Lalibération animale, parle d’intérêt d’intégrité du corps.

Mais quelle peut être cette spécificité du vivant qui enempêche toute analyse complète et qui paraît pourtant l’éloigner des machines ? En tant qu’il est question d’intérêt à vivre, on peut s’interroger sur le fondement d’un instinct de survie.

Dans Lemonde comme volonté et représentation, Schopenhauer voit en la vie « une objectivation de la volonté », un «vouloir-vivre » qui la conditionne.

Au-delà d’une conscience ou d’un libre-arbitre, cette nécessité de vie s’imposecomme indépassable.

En un certain sens, les machines sont également sous l’empire d’une détermination.

La raisonmême de leur création est leur fonction.

On peut considérer que chaque machine a été créée pour accomplir unefonction, genèse de leur nature comme de leur fonctionnement.

Toute norme qui s’impose à sa condition est laconséquence d’un besoin de son législateur.

Dans son étude des œuvres d’Henri Bergson, Vladimir Jankélévitchperçoit que la spécificité du vivant n’est pas seulement d’être lui-même normé mais d’être normatif.

En effet, il crée,par sa simple existence, tout un système qui lui permet d’assurer son fonctionnement.

On le constate dans toutesles catégories du vivant.

Les hommes créent des civilisations, chaque espèce animale, comme les micro-organismes,dispose de ses codes d’organisation sociétale et les plantes s’adaptent et se propagent dans leur milieu.

On peutcomprendre ainsi la théorie de l’évolution de Darwin, rejoignant ainsi la théorie d’ordre naturel.

Peu importe qu’il soitd’origine divine ou non, cette « poussée » de vie témoigne de sa présence en l’être.

Bien que la plupart du vivantn’aient, comme les machines, pas conscience de la notion de mort, la première s’y refuse.

Voilà ce qui peut être saspécificité.

En effet, toutes les choses vivantes peuvent se reproduire afin d’assurer la pérennité de l’espèce.

Ellesse nourrissent pour assurer la continuité de leur fonctionnement.

Elles se régénèrent pour assurer l’intégrité de leurs. »

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