Sur quoi fonder une communauté politique ?

« b) Le Léviathan montre l'importance de se fonder sur la nature humaine.

La forme de la République doit être adéquate à cette naturequi est ici une nature égoïste.

Mais si, au contraire, nous pensons qu'àl'état de nature les hommes sont comme dans une société prépolitique( avant la politique) naturelle, alors non seulement il faut penser unesociabilité naturelle mais aussi pourquoi l'établissement politique peutdevenir nécessaire à un moment donné.

Tout d'abord nous pourrionspenser à une dégradation de la situation.

Les hommes vivaient en paixdans une société naturelle mais un certain développement rend cettepaix précaire.

C'est ce que Rousseau décrit dans so n discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes .

L'homme est corrompu par la société, et plus précisément par le développement de l'industrie et del'agriculture.

Rousseau décrit l'homme à l'état de nature commesolitaire, il n'est pas en société, son adresse naturelle lui permet desatisfaire ses besoins.

Or Rousseau décrit un moment où les hommesdoivent se regrouper et former des petites sociétés.

Ce que Rousseaudécrit, c'est un passage lent de la condition naturelle à la conditioncivile.

Le passage à l'état civil implique un processus de dégradationmais aussi de maturation qui prend du temps.

Ce qui rend lacommunauté politique nécessaire, c'est la distinction riches-pauvres qui devient infaillible si on laisse faire les choses.

En réalité pour Rousseau une société de riches et depauvres ne saurait constituer une communauté politique, ce serait une société d'antagonisme où les intérêtsdivergent.

c) Il faut du temps pour arriver au moment où la communauté politique est possible.

Un processushistorique, consistant par exemple en une maturation de la raison, peut s'avérer nécessaire.

Ainsi, Hégél voitl'Etat comme la forme politique par excellence qui ne peut advenir qu'à la suite d'une « ruse de la Raison » quiconsiste à utiliser la passion des grands hommes pour réaliser ce qu'il appelle l'Idée.

Ce qui importe c'est quecet l'idéal hégélien qu'est l'Etat ne peut advenir qu'à un moment donné.

Les valeurs de la communauté politique. a) On considère souvent que la politique naît véritablement dans la Grèce Antique sous la forme de la cité.

Orla naissance de la politique est liée à l'apparition de la raison, et plus précisément du logos (discoursrationnel).

Les grecs seraient les premiers à avoir discouru sur les lois, leur utilité.

En réalité, le lien entre lacommunauté politique et la démocratie est essentiel.

Ce qui fonde la communauté politique, ce n'est pas laseule existence de lois, c'est la délibération publique sur les lois.

Il existe des sortes de lois dans toutdespotisme.

Dans la démocratie, il y a un rapport particulier entre le peuple et la loi qui fait que la loi n'estpas l'expression d'un seul mais vise ou est censée viser l'intérêt public.

Or pour Aristote la cité est naturelle,elle est le lieu dans lequel l'homme peut se réaliser en tant qu'être doué de raison.

Idéalement, pour Aristote,il y a les citoyens d'un côté qui ne travaillent pas et les esclaves de l'autre qui n'ont aucun pouvoir politique,même si, en réalité, il peut exister des artisans qui posent problème pour Aristote, le fondement de lapolitique étant l'égalité entre chacun de ses membres.

b) Ainsi un des fondements, et peut-être le fondement de la communauté politique, est l'égalité et plusprécisément l'égalité devant la loi.

L'égalité ne consiste pas pour autant en l'absence de privilèges ou dumoins ne saurait être réduite à cela, c'est aussi une égalité dans le pouvoir de décider des lois.

En effet,puisque les lois concernent tout le monde il est évident que chacun doit avoir un contrôle dessus pour que laloi soit juste.

Il ne suffit pas d'un pouvoir qui fasse de décisions arbitraires des lois pour créer des loisvéritables.

C'est pourquoi dans la démocratie antique représentée par Athènes, tous les citoyens avaient unréel pouvoir de décision.

c) En outre cela permet d'éviter que l'égalité ne se paie au prix de la liberté.

La liberté politique garantitpar un pouvoir égal est ce qui prémunit d'un pouvoir qui ,au nom de l'égalité, foule aux pieds la liberté.

Maisen réalité, il y a souvent sur ce point des malentendus.

La liberté politique ce n'est pas la liberté privéemoderne, par exemple la liberté de spéculer.

La politique, telle qu'elle est, risque de n'être que ce qui dirige,ce qui rend possible la course pour la richesse.

Il suffit de voir à quel point la croissance devient un enjeumajeur de la politique actuelle.

L'égalité dont nous avons pu dire qu'elle est le fondement de la communautépolitique risque de n'être qu'un moyen pour sélectionner les compétents utiles à l'économie et auxentreprises, comme on le voit avec l'égalité des chances.

Le rôle de la communauté politique n'est pas deréaliser l'égalité des chances, l'égalité des chances est ce qui légitime l'inégalité, elle sous-entend inégalitéd'arrivée.

On peut, par ailleurs, considérer ce rôle de la politique comme légitime, le but de la politique mais ilreste à voir si cela est compatible avec la notion de communauté. La communauté politique. »