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Tous les êtres vivants peuvent-ils se réduire à un mécanisme ?

Publié le 27/02/2008

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« Mettez une machine de chien et une machine de chienne l'une auprès de l'autre, et il en pourra résulter une troisième petite machine, au lieu que deux montres seront auprès l'une de l'autre, toute leur vie, sans jamais faire une troisième montre. » Fontenelle, Lettres galantes, 1742. « La pensée du vivant doit tenir du vivant l'idée du vivant. » Canguilhem, La Connaissance de la vie, 1952. « La vie est [...] la liberté s'insérant dans la nécessité et la tournant à son profit. » Bergson, L'Énergie spirituelle, 1919.La vie, pour Bergson, tranche radicalement sur la matière. Le monde matériel obéit à des lois immuables et nécessaires. Dans ce monde régi par le déterminisme le plus strict, le vivant introduit l'indétermination et la spontanéité ; d'une façon toujours imprévisible, il « se nourrit» en effet de la matière pour la transformer à son profit.

« • Pour Aristote, ce qui fait la spécificité des êtres vivants par rapport à la matière inerte, c'est ce principe qu'ilappelle l'âme et qui assure la cohésion de ses parties et son mouvement.

Ce principe permet de distinguer le vivantdu mort: mourir, c'est perdre son âme, et laisser sa matière se dissoudre.• Il ne faut pas concevoir ici l'âme de manière religieuse, mais comme un concept scientifique (qui ressemble à ceque l'on appelle aujourd'hui le «programme génétique»), qui permet à Aristote de penser le vivant et d'en penser lesdifférentes formes: aux végétaux l'âme végétative (principe de croissance); les animaux y ajoutent l'âme sensitive(sensation et mouvement); l'homme y ajoute l'âme intellective (facultés intellectuelles).• Connaître le vivant, c'est donc connaître, dans chaque être, son âme, sa «cause finale» (son telos), son principeorganisateur. 2.

La conception matérialiste La biologie, chapitre de la physique (Descartes).Descartes, préoccupé de physique et, en particulier, de mécanique (= étude de l'enchaînement des causes, qui sedit en grec : mékanè), a considéré curieusement que les animaux sont des machines (théorie de l'animal-machine).

«C'est la nature qui agit en eux, selon la disposition de leurs organes; ainsi qu'on voit qu'un horloge (— une horloge),qui n'est composé que de roues et de ressorts, peut compter les heures, et mesurer le temps, plus justement quenous avec toute notre prudence » (Discours de la Méthode, 1637). Le problème de l'union de l'âme et du corps. a) La hiérarchie des âmes selon Aristote.

Aristote distinguait, dans son Traité de l'Ame :• L'âme végétative, principe de la nutrition et de la croissance des plantes;• L'âme sensitive, principe de la sensation et de la locomotion chez les animaux;• l'âme rationnelle (ou dianoétique), qui — chez l'homme — couronne les deux précédentes. b) Chose qui pense ou matière brute.

Descartes rejette absolument ces distinctions.

« Il n'y a en nous, écrit-il,qu'une seule âme, et cette âme n'a en soi aucune diversité de parties : la même qui est sensitive est raisonnable, ettous ses appétits sont des volontés » (Traité des Passions, art.

47; 1649).

Ceci implique que les animaux, qui nepensent pas, ne connaissent ni le plaisir ni la douleur. c) L'insoluble question de l'union de l'âme et du corps.• Le corps de l'homme aussi est donc en tous points comparable à une machine (un médecin du XVIIIe s.

écriramême un ouvrage intitulé : L'Homme-machine, 1748). Au XVIIIe siècle, le médecin philosophe matérialiste La Mettrie prendra très au sérieux la vision mécaniste des êtresvivants, en refusant la distinction de l'âme et du corps et en défendant la thèse de l'homme-machine : les hommes« ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes 9 »; la sensibilité et la pensée sont des propriétés de la matière organisée.

L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais LaMettrie entend pousser le mécanisme cartésien jusqu'au maximum de ses conséquences logiques: tout ce que lamétaphysique cartésienne attribuait à l'âme (pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement.

Tout enl'homme n'est que mécanisme et il revient à la science d'en rendre compte.• Comment expliquer alors l'union vécue de la « substance étendue » (= la matière) du corps et de la « substancepensante » (= l'âme) ? Descartes localise bizarrement dans la glande pinéale (petite glande située au-dessus ducerveau moyen, que nous nommons aujourd'hui : épiphyse), le point de jonction entre les volitions de l'âme et lesmouvements du corps de l'homme.

(Evitez : « le gland pinéal », perle célèbre rencontrée dans certaines copies !)• « Toute l'action de l'âme consiste en ce que, par cela seul qu'elle veut quelque chose, elle fait que la petiteglande à qui elle est étroitement jointe, se meut en la façon qui est requise pour produire l'effet qui se rapporte àcette volonté » (Traité des Passions, art.

41; 1649).. »

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