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Tout ce qui est naturel est-il normal ?

Publié le 27/02/2005

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Il s'agit donc d'un principe de nécessité, nommé raison suffisante, qui permet de justifier ce qui peut paraître exceptionnel. - Ainsi ce qui est naturel est normal car nécessaire : sans la présence de l'imperfection dans le monde, ce dernier en aurait été moins parfait. Or, Dieu dans sa toute-puissance ne pouvant que produire le plus parfait des mondes possibles, le principe selon lequel tout se justifie dans la création apparaît clairement. Normalité et non norme : jusqu'ici normalité et norme ont été assimilés. Si nous souhaitons revenir à la normalité sans porter de jugement qualitatif, c'est vers l'analyse sociologique qu'il faut à présent nous tourner : ce qui y est défini comme normal est ce qui s'observe régulièrement dans une société donnée. A ce titre, Durkheim souligne que le crime par exemple peut être qualifié de normal puisque se produisant régulièrement dans une société. C'est ici qu'il est possible de disjoindre normalité et norme : le crime ne répond pas aux normes d'une société, pour autant il est naturel et normal puisqu'il a une fonction dans celle-ci.   La norme s'oppose à la Nature   La norme exclut l'accident, pourtant « naturel »... : A considérer à présent la « normalité » au sens de « norme », il apparaît contradictoire d'associer ce terme aux productions naturelles : car une norme, c'est une règle par rapport à laquelle sont fixés les jugements de valeur. Le « canon » utilisé dans l'art classique écarte d'emblée les « accidents » produits par la Nature : les monstres, les anomalies et autres exceptions. Plotin, dans les Ennéades, souligne ainsi que la norme repose sur la beauté, alors que la laideur constitue un accident, une privation de matière absolue.

Le sens commun qualifie le plus souvent une action ou une pensée qui lui apparaît dans l’ordre des choses en employant l’expression « c’est naturel «. Pourtant, en s’interrogeant sur la « normalité « de ce qui est ainsi qualifié, deux pistes diamétralement opposées s’offrent à nous : car ce qui est normal, au sens strict, doit s’apprécier de manière quantitative. Pourtant, il est fréquent de remarquer la contamination de ce jugement par le qualitatif, autrement dit la règle qui renvoie à une norme.

Ainsi, comment considérer les créations de la nature elle-même ou ce qui renvoie à l’absence d’acquis ? Comment serait-il possible de mesurer à la fois la « naturalité « de la chose quand elle renvoie à une pensée ou à un comportement si nous usons d’une norme pré-établie ? Serait-il même possible de penser ce qui a trait à la nature en termes de norme, alors que le mot renvoie le plus souvent à un fait culture ? Les enjeux de telles interrogations sont multiples, dans la mesure où il s’agit d’explorer des domaines d’étude aussi variés que les sciences naturelles, l’anthropologie et la sociologie. Ainsi sont questionnées tant la frontière entre nature et culture que la possibilité d’un arrachement à cette dualité.

 

 

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