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Toute force est-elle violence ?

Publié le 17/01/2022

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Il y a en tout cas, entre force et violence, sans doute quelque chose comme un rapport. PREMIÈRE PARTIE : La force est une forme de violence. Le pouvoir et les effets de la force ne sont-ils pas toujours d'ordre violent ? Pour commencer, on peut s'interroger sur des expressions courantes : -          Passer en force (en notamment toutes les formes de « passage en force » sanctionnés dans le sport, dans le basket-ball ou le handball, par exemple) -          Envoyer les forces militaires, et tout ce qui consiste à « employer la force » -          Travail forcé -          Etc. Il semble que la force suppose soit la possibilité, soit l'effectivité de la violence. Quelle définition de la force, comprenant un lien avec la violence, peut-on tirer de ces exemples ?   Il semble que le simple fait de faire démonstration de sa force se présente sous forme de violence ; c'est ce que l'on retrouve dans ces expressions. Si vous êtes familiarisés avec le sport, n'hésitez pas à prendre l'exemple du passage en force : on estime qu'un joueur est passé en force en observant une forme de violence dans son comportement. Un passage en force s'observe et se constate notamment dans celui qui subit la passage en force. Vous pouvez aussi développer l'exemple du travail forcé, qui montre un passage entre force et violence.

Le langage courant confond bien souvent ces deux concepts. Ils sont pourtant bien différents. Votre première tâche est donc d'en chercher les dissemblances.

Remarquez d'abord que la force est une notion physique : c'est la capacité que possède un être d'exercer une action sur une chose ou sur une personne.

La notion de « violence « appartient, elle, à la sphère de la vie humaine. L'attraction qu'exerce l'aimant sur le métal, ou la pression exercée sur mes mains par un jet d'eau peuvent être fortes ou puissantes, elles ne sont jamais violentes, si ce n'est métaphoriquement. La violence est, au contraire, une notion connotée moralement. Elle est une contrainte illégitime, une brutalité injuste. Sans doute peut-on paradoxalement trouver, au fond de la violence, un aveu de faiblesse. Devenir violent est bien souvent le signe d'une incapacité à imposer ses volontés grâce à la persuasion, à la séduction ou au raisonnement. La violence apparaîtrait presque comme le contraire de la force, sûre, quant à elle, de son pouvoir et de ses effets.

Mais lorsqu'on considère la force dans le contexte de l'action humaine, on constate que la force n'est jamais très loin de la violence. Cela est montré par de nombreuses expressions qui dénotent des activités concrètes : du travail « forcé «, en passant par les « forces « armées, il semble clair que la force a quelque rapport avec la violence.

De même concernant la notion physique : s'il ne subissait aucune force, selon la théorie de Newton, un corps poursuivrait sa course en ligne droite de manière continue. Une force, telle que la force d'attraction, ne fait-elle pas en un sens « violence « à cet état de chose ? On l'a présenté : il s'agit sans doute d'un usage métaphorique de la violence. Mais d'où la métaphore tire-t-elle sa légitimité ? N'y a-t-il pas, effectivement, dans les actions humaines, une dimension violente qui sous-tend toute expression de la force ?

Ainsi, il faut donc s'interroger quant au fait de savoir si, d'une manière ou d'une autre, une dimension de violence n'entre pas nécessairement dans la définition de la force.

 Pour savoir à quel point force et violence sont liés, on peut aussi retourner la situation : toute violence n'est-elle pas une forme d'usage de la force ? Peut-être est-il possible de mettre à jour quelque chose comme une identité entre la force et la violence. Il y a en tout cas, entre force et violence, sans doute quelque chose comme un rapport.

« même proportionnels. Il y a par ailleurs un domaine où l'usage de la force est incontestablement une forme de violence : le droit du plusfort. On peut ainsi interroger la légitimité du droit du plus fort, pour constater qu'un droit du plus fort est absolumentillégitime, et qu'à défaut de pouvoir être justifié, il peut néanmoins être imposé...

par la violence. ROUSSEAU, Du contrat social , livre I, chap.3. « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'ilne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir.

De là le droit duplus fort ; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi enprincipe : mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est unepuissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de seseffets.

Céder à la force est un acte de nécessite, non de volonté ; c'est toutau plus un acte de prudence.

En quel sens pourra-ce être un devoir ?Supposons un moment ce prétendu droit.

Je dis qu'il n'en résulte qu'ungalimatias inexplicable.

Car sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effetchange avec la cause ; toute force qui surmonte la première succède a sondroit.

Sitôt qu'on peut désobéir impunément on le peut légitimement, etpuisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'onsoit le plus fort.

Or qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'ilfaut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir, et si l'on n'est plusforcé d'obéir, on n'y est plus obligé.

On voit donc que ce mot de droitn'ajoute rien a la force ; il ne signifie ici rien du tout.

Obéissez auxpuissances.

Si cela veut dire, cédez a la force, le précepte est bon, maissuperflu, je réponds qu'il ne sera jamais viole.

Toute puissance vient de Dieu,je l'avoue ; mais toute maladie en vient aussi.

Est-ce à dire qu'il soit défendud'appeler le médecin ? Qu'un brigand me surprenne au coin d'un bois, nonseulement il faut par force donner la bourse, mais quand je pourrais la soustraire suis-je en conscience obligé de ladonner ? Car enfin le pistolet qu'il tient est aussi une puissance.

Convenons donc que force ne fait pas droit, etqu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes.

» Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il netransforme sa force en droit et l'obéissance en devoir".

Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force est-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la nature règne la force, il n'est pas vrai que leplus fort reste longtemps le maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine.

De plus, lapuissance physique engendre une contrainte physique et non point morale.

Il n'est jamais interdit de désobéir à laforce sitôt qu'on le peut.

Le droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.

"Sitôt que c'est la force qui faitle droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit." Il suffit d'échapperà la force pour en avoir le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.

Un droit qui disparaît sitôtque s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.

Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité nepeuvent être fondées sur la force. L'effet de la force, la démonstration de la force, l'imposition de la force : tout cela ne se fait-il pas par unedémonstration de violence ? TRANSITION : S'agit-il alors de prêter à la force la connotation morale, généralement péjorative, de la violence ? Ne faut-il pas chercher à distinguer plus précisément force et violence, en constatant que la violence peut certes êtreun effet de la force, mais sans être une dimension nécessaire à sa définition ? DEUXIÈME PARTIE : Force et violence ne sont pas identiques. On peut dès lors développer les premières idées avancées en introduction.

La force est d'abord une notion physique,et il semble peu approprié de parler de la violence de l'attraction d'un aimant. C'est semble-t-il cet aspect de la force qui est le plus général : la puissance, l'énergie, sont des propriétés de laforce.

Faut-il nécessairement que cela engage la violence ? On peut renverser la situation, et voir par exemple si la violence est nécessairement une force. Y a-t-il des exemples de violence qui ne se traduisent pas par l'expression d'une force ? On peut voir cela de la manière suivante : une force physique dont témoigne une action violente peut aussitémoigner d'une faiblesse sur le plan moral. On peut utiliser ce genre d'argument pour dissocier violence et force.

En première partie, on a eu tendance à. »

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