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Toutes les croyances sont-elles des préjugés ?

Publié le 27/02/2005

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  Transition : Les croyances dans le domaine épistémologique se différencient des préjugés en tant qu'elles sont accompagnées de vraisemblance et d'examen. Si les croyances ne peuvent être réduites aux préjugés car elles sont accompagnées de raisons ne pouvons-nous pas trouver une autre raison de différenciation en prenant le point de vue des croyances religieuses qui se différencieraient des préjugés en tant qu'elles sont collectives ?     Deuxième partie : Les croyances religieuses sont collectives et c'est pour cette raison qu'elles sont distinctes des préjugés individuels.   2.1 Les croyances religieuses ont un fondement et une valeur collectifs.   « Les croyances proprement religieuses sont toujours communes à une collectivité déterminée qui fait profession d'y adhérer et de pratiquer les rites qui en sont solidaires. Elles ne sont pas seulement admises à titre individuel par tous les membres de cette collectivité ; mais elles sont la chose du groupe et elles en font l'unité. Les individus qui la composent se sentent liés les uns aux autres, par cela seul qu'ils ont une foi commune. Une société dont les membres sont unis parce qu'ils se représentent de la même manière le monde sacré et ses rapports avec le monde profane, et parce qu'ils traduisent cette représentation commune dans des pratiques identiques, c'est ce qu'on appelle une Église. (.

Le sujet ne traite pas de la croyance en général mais insiste sur la pluralité des croyances. La croyance se différencie du savoir en tant qu'elle n'a pas le même rang d'exactitude ni de certitude. En ce sens les croyances se rapprochent des opinions confuses, obscures pouvant difficilement servir de fondement à la connaissance. Elles peuvent donc dans ce sens être rapprochées des préjugés, car ceux-ci sont des idées préconçues n'ayant pas fait l'objet d'un examen préalable avant d'être adoptées et étant donc susceptibles d'être fausses. Bien souvent les hommes, ne prenant pas la mesure de leurs préjugés, sont amenés à des connaissances fausses qu'ils croient vraies. Pourtant si les préjugés semblent bien être opposés au savoir peut-on en dire de même de toutes les croyances ? La croyance ne peut être réduite à un jugement sans valeur, car sans examen ni critique, elle suppose généralement l'assentiment de la personne, le fait qu'elle soit persuadée par ce qu'elle croit, qu'elle ait donc une raison de croire. Si le préjugé est un jugement sans fondement il n'en est donc pas de même de la croyance qui est un jugement subjectif à propos de quelque chose qui a pour nous de la valeur. Il faut préciser ce qu'il faut entendre par « toutes les croyances «. Les croyances pourront être scientifiques, une croyance scientifique sera une hypothèse n'ayant pas été démontrée par exemple, croire qu'un phénomène s'explique d'une certaine manière sans en avoir la preuve. Quand une hypothèse scientifique est vérifiée elle devient connaissance vraie, même si ce statut pourra par la suite être modifié, il vaut pour un temps. Les préjugés peuvent être condamnés en tant que l'homme aurait pu par un examen approfondi de sa raison s'en libérer. L'idée étant que les hommes ont des idées préconçues mais n'ont pas forcément conscience qu'elles sont préconçues, ils jugent qu'elles peuvent fonder une connaissance ou un jugement alors que cette connaissance ou ce jugement sont infondés. Pour ce qui est des croyances ce n'est pas aussi simple dans la mesure où la raison se trouve dans certain cas impuissante à décider de la vérité ou de la fausseté d'un énoncé par exemple « Dieu existe «. La croyance religieuse offre un bon exemple de limitation de la science au profit de la foi dans la mesure où elle ne peut être démontrée fausse car elle n'est pas du domaine de la démonstration. Nous dépassons alors le domaine épistémologique pour entrer dans le domaine pratique où l'individu a le choix de croire ou de ne pas croire selon des raisons personnelles. Mais sa croyance ne pourra pas être identifiée à un simple préjugé dans la mesure où elle ne prétend pas appartenir au domaine de la science et donc fonder une connaissance vraie et d'autre part parce qu'à cette croyance sont associées des raisons de croire (voir pari de Pascal, nous avons plus à gagner à croire qu'à ne pas croire) et de la valeur. Elle n'est pas enfin seulement individuelle mais partagée par toute une communauté ce qui révèle une objectivité partielle. Nous étudierons comment les croyances se distinguent des simples préjugés en tant qu'elles ne sont pas totalement étrangères à la science mais qu'y recourir peut s'avérer fructueux. Ensuite nous montrerons comment les croyances religieuses se distinguent des préjugés en tant qu'elles sont collectives. Enfin il faudra montrer comment la foi ne s'oppose pas à la raison mais doit en découler, ce qui permettra de lui donner un fondement rationnel qui manque aux préjugés.

« distinctes des préjugés individuels. 2.1 Les croyances religieuses ont un fondement et une valeur collectifs. « Les croyances proprement religieuses sont toujours communes à une collectivité déterminée qui fait profession d'y adhérer et de pratiquer les rites qui en sont solidaires.

Elles ne sont pas seulement admises à titreindividuel par tous les membres de cette collectivité ; mais elles sont la chose du groupe et elles en font l'unité.

Lesindividus qui la composent se sentent liés les uns aux autres, par cela seul qu'ils ont une foi commune.

Une sociétédont les membres sont unis parce qu'ils se représentent de la même manière le monde sacré et ses rapports avec lemonde profane, et parce qu'ils traduisent cette représentation commune dans des pratiques identiques, c'est cequ'on appelle une Église.

(...) Nous arrivons donc à la définition suivante : une religion est un système solidaire decroyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiquesqui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent.

Le second élément quiprend place dans notre définition n'est pas moins essentiel que le premier ; car, en montrant que l'idée de religionest inséparable de l'idée d'Église, il fait pressentir que la religion doit être une chose éminemment collective.

»DURKHEIM, Les formes élémentaires de la vie religieuse. 2.2 Le caractère social de la religion. « Qu'on interprète la religion d'une manière ou d'une autre, qu'elle soit sociale par essence ou par accident, un point est certain, c'est qu'elle a toujours joué un rôle social.

» BERGSON, Les deux sources de la morale et la religion. Transition : la deuxième raison qui contredit l'identification des croyances aux préjugés concerne plus précisément les croyances religieuses qui sont communes à une collectivité en tant que sa valeur est partagée partous ses membres.

La communauté de valeur permet à la croyance religieuse de se différencier du préjugé qui n'estqu'individuel.

Comment pouvons-nous tenir ensemble les résultats de la première et de la deuxième partie ?Autrement dit comment concevoir la relation entre la raison et la foi ? Troisième partie : Les croyances échappent au statut de préjugés par la raison qui les circonscrit dans un domaine déterminé. 3.1 Maintenir la raison et la foi dans leur domaine propre. « On estime qu'il est pieux de n'avoir que méfiance à l'égard de la Raison et du jugement propre, impie de n'avoir pas pleine confiance dans ceux qui nous ont transmis les Livres sacrés ; ce n'est point là de la pitié, c'est dela démence pure.

Mais, je le demande, quelle est cette inquiétude qui les tient ? Que craignent-ils ? La Religion et laFoi ne peuvent-elles se maintenir que si les hommes s'appliquent laborieusement à tout ignorer et donnent à laRaison un congé définitif ? En vérité, si telle est leur croyance, c'est donc crainte que l'Ecriture leur inspire plutôtque confiance.

Mais rejetons bien loin cette idée que la Religion et la piété veulent faire de la Raison leur servante,ou que la Raison prétend humilier la Religion à cette condition ; gardons-nous de croire qu'elles ne puissent l'une etl'autre, dans la paix et dans la concorde, occuper leur royaume propre.

» SPINOZA, Traité théolgico-politique, XV. 3.2 La raison et la foi peuvent s'entendre. « Je suis du même sentiment si, en disant qu'un dogme s'accorde avec la raison, on entend qu'il est possible d'en rendre raison ; car Dieu le pourrait sans doute, et nous ne le pouvons pas.

Mais je crois qu'il faut affirmer l'uneet l'autre thèse si, par connaître qu'un dogme s'accorde avec la raison , on entend que nous pouvons montrer au besoin qu'il n'y a point de contradiction entre ce dogme et la raison, en repoussant les objections de ceux quiprétendent que ce dogme est une absurdité.

» LEIBNIZ, Essais de théodicée. CONCLUSION Toutes les croyances ne sont donc pas des préjugés, l'identification de la croyance à un préjugé ne vaut que si elle est dénuée d'examen et subjective, alors que la croyance dans le sens de probabilité suppose qu'elle porte enelle une vraisemblance et la croyance religieuse qu'elle soit commune.

Les deux types de croyances examinés ici, àsavoir la croyance épistémologique et la croyance religieuse, permettent de montrer selon quels critères lescroyances peuvent être différenciées des préjugé.. »

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