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Le progrès scientifique peut-il abolir les croyances irrationnelles et les préjugés ?

Publié le 04/11/2005

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On pense volontiers que grâce aux progrès de la cosmologie, on connaîtra un jour l'origine de l'univers. De même, médecine et génétique poursuivent un vieux rêve inavoué, celui de l'immortalité. S'ils ne craignent plus la nature ni la mort, les hommes n'auront plus besoin de Dieu. Comte décrira l'évolution de l'homme à travers sa fameuse "loi des trois états":Énoncée très tôt dans l'oeuvre de Comte, la loi des trois états est formulée comme suit : « Parla nature même de l'esprit humain, chaque branche de nos connaissances est nécessairement assujettie dans sa marche à passer successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique ou fictif ; l'état métaphysique ou abstrait ; enfin, l'état scientifique ou positif » (Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société, 1822).À ces trois états correspondent respectivement la prééminence des rois, celle des peuples et celle des savants. Le premier type de conception est le début nécessaire de l'intelligence humaine ; le deuxième est une transition vers le troisième, qui est l'état fixe et définitif de l'intelligence. La théologie explique les phénomènes par la fiction d'une volonté divine qui ressemble à celle de l'homme.La métaphysique, qui désigne la philosophie du XVIIIe siècle, est une crise qui brise la hiérarchie théologique pour proclamer la valeur suprême de l'individu et de sa liberté : elle engendre l'anarchie scientifique et sociale. L'âge positif en revanche, en fondant les sciences sur l'observation et en réorganisant les croyances humaines, réorganise aussi la société qui repose sur ces croyances.« En étudiant [.

Montrez d'abord que la connaissance scientifique se distingue de la croyance grâce à la certitude qu'elle apporte : quand elle progresse la croyance recule car celle-ci est irrationnelle (c'est-à-dire qu'elle demande une adhésion sans compréhension : elle ne peut rendre compte de ses raisons). Cependant montrez qu'un tel recul ne deviendra une abolition que si la connaissance scientifique touche tous les objets de la croyance. Demandez-vous alors s'il n'existe pas des objets qui échappent par nature à la connaissance scientifique, car ils ne peuvent être soumis à l'expérience (c'est ce qu'on appelle la métaphysique). Montrez ainsi que par exemple religieuse n'est jamais totalement abolie par les progrès scientifiques. Demandez-vous enfin si la science elle-même ne recèlerait pas une certaine forme de croyance.

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« À ces trois états correspondent respectivement la prééminence des rois, celle des peuples et celle dessavants.

Le premier type de conception est le début nécessaire de l'intelligence humaine ; le deuxième estune transition vers le troisième, qui est l'état fixe et définitif de l'intelligence.

La théologie explique lesphénomènes par la fiction d'une volonté divine qui ressemble à celle de l'homme.La métaphysique, qui désigne la philosophie du XVIIIe siècle, est une crise qui brise la hiérarchie théologiquepour proclamer la valeur suprême de l'individu et de sa liberté : elle engendre l'anarchie scientifique et sociale.L'âge positif en revanche, en fondant les sciences sur l'observation et en réorganisant les croyanceshumaines, réorganise aussi la société qui repose sur ces croyances. « En étudiant [...] le développement total de l'intelligence humaine dans ses diverses sphères d'activité,depuis son premier essor le plus simple jusqu'à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale,à laquelle il est assujetti par une nécessité invariable [...].

Cette loi consiste en ce que chacune de nosconceptions principales, chaque branche de nos connaissances, passe successivement par trois étatsthéoriques différents : l'état théologique, ou fictif ; l'état métaphysique, ou abstrait ; l'état scientifique, oupositif.

[...]Dans l'état théologique, l'esprit humain dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime desêtres, les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot, vers les connaissancesabsolues, se représente les phénomènes comme produits par l'action directe et continue d'agents surnaturelsplus ou moins nombreux, dont l'intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l'univers.Dans l'état métaphysique, qui n'est au fond qu'une simple modification générale du premier, les agentssurnaturels sont remplacés par des forces abstraites, véritables entités (abstractions personnifiées)inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues comme capables d'engendrer par elles-mêmes tous lesphénomènes observables, dont l'explication consiste alors à assigner pour chacun l'entité correspondante.Enfin, dans l'état positif, l'esprit humain reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions absolues, renonce àchercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pours'attacher uniquement à découvrir, par l'usage bien combiné du raisonnement et de l'observation, leurs loiseffectives, c'est-à-dire leurs relations de succession et de similitude.

» COMTE, « Cours de philosophiepositive ». [Pourquoi la science n'a-t-elle pas fait disparaître la croyance religieuse ?] La croyance correspond-elle seulement à une forme de conscience primitive naïvement animiste, que l'êtrehumain serait nécessairement amené à rejeter au fur et à mesure qu'il gagnerait en savoir et en maturité ? Ilest certain qu'à la lecture de Feuerbach, de Nietzsche, de Freud, de Sartre semble inviter à une telleconclusion.

Mais il n'est pas moins évident que ces analyses destructrices n'ont pas entraîné, comme on a crujadis qu'elles le feraient, la disparition de la croyance religieuse, et que celle-ci reste d'une étonnante vitalité: même dans les pays les plus développés et les plus sceptiques, où elle a connu une crise indiscutable, qui l'afortement marginalisée, son rôle a été redéfini (s'intégrant sans trop de heurts dans un cadre politico-philosophique fondamentalement laïque) plus qu'il n'a disparu.

Et c'est en fait l'athéisme radical qui paraîtaujourd'hui daté, et qui a cessé d'apparaître comme une position intellectuelle avancée : l'influencenotamment de l'anthropologie, qui montre dans le fait religieux une des formes les plus universelles de laculture, a souvent conduit à sa relégitimation intellectuelle même par ceux qui se déclarent personnellementincroyants.Ce dont on a d'abord pris conscience, c'est de l'erreur qu'il y avait à traiter la foi religieuse comme une sortede concurrente maladroite de la science : s'il est illégitime de la considérer comme une illusion, c'est qu'elle nese veut pas une connaissance du monde tel qu'il est.

Il est plus pertinent de voir en elle une façon destructurer activement la vie humaine et de l'arracher au non-sens : cela à la fois par la pratique de certainesrites, et par l'adhésion à des dogmes et des mythes visant à exprimer et à affirmer, dans un langagesymbolique, une certaine conception de la vocation spirituelle de l'être humain et du sens de sa destinée–sens dont aucun discours cognitif ne peut et ne veut par principe parler.

Quelle est cette conception ? Aucoeur de toute conscience religieuse, on retrouve, semble-t-il, un certain nombre de convictions communes :celle que l'homme est d'abord un être éthique, confronté à des devoirs qu'il ne peut modifier à sa guise, et quirenvoient donc à une loi absolue et indépendante de lui ; celle qu'il est un être fini, voué à la souffrance et àla mort, que la recherche exclusive du bonheur terrestre condamne donc nécessairement au désespoir ; cellequ'il est aussi un être faillible, capable de l'erreur et du mal, qui plutôt que de s'enorgueillir de lui-même doits'efforcer dans l'humilité de se perfectionner et de se purifier ; celle du coup qu'il ne peut atteindre la sérénitéqu'en se décentrant, en reconnaissant sa totale dépendance par rapport à une réalité qui le dépasseinfiniment, en éprouvant de l'émerveillement et de la gratitude devant le fait que la vie lui soit donnée, encherchant à accepter l'ordre du monde et à s'y adapter au lieu de le dominer; celle enfin qu'il n'est pas de vieexistentiellement lucide qui ne soit fondée sur la conscience de la différence entre le relatif et l'absolu, entreles événements internes au monde visible, et ce qui donne sens à la vie –et n'appartient précisément pas à cemonde-, auquel on donne le nom de Dieu.

On voit que du coup pour le croyant la question n'est pas au fond. »

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