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Travail et liberté

Publié le 20/03/2005

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travail

LIBERTÉ (lat. libertas, condition de l'homme libre)

Gén. La liberté au sens primitif s'oppose à l'esclavage et se définit alors négativement comme absence de contrainte extérieure. On appelle ordinairement liberté physique le fait d'agir sans entrave ou de suivre spontanément les lois correspondant à sa nature propre comme le fait une plante qui se développe sans tuteur. Appliquée à l'homme, cette expression semble inadéquate sauf à désigner strictement la possibilité matérielle de faire. Car, pour qu'un homme soit libre, il faut non seulement qu'il puisse matériellement, mais encore qu'il veuille : l'homme peut toujours s'interdire à lui-même de faire ce qu'il peut faire. Mor. État d'un être qui se décide après réflexion, en connaissance de cause, qu'il fasse le bien ou le mal. La liberté, au sens moral, caractérise l'homme en tant qu'être responsable. Ainsi, Kant distingue la volonté libre, qui suppose que celui qui agit sait ce qu'il veut et agit conformément à des raisons qu'il approuve, et l'arbitraire, qui ne suppose pas l'existence de la raison. La liberté morale est donc autonomie, obéissance à la loi de la raison (pouvoir de se déterminer par soi-même) et non soumission aux penchants de la sensibilité». Cependant, la liberté semble ici se confondre avec la Raison. Descartes, au contraire, considérait que la liberté se manifeste déjà dans tout acte de choisir, distinguant ainsi la liberté éclairée (qui sait ce qu'elle veut) de la liberté d'indifférence (définie comme l'indétermination de la volonté relativement à ses objets). On peut toujours choisir entre deux solutions alors même qu'on est indifférent. Pour Descartes, la liberté n'est donc pas toujours responsabilité, mais d'abord libre arbitre qui, en son plus bas degré, se définit comme simple puissance d'agir sans aucune raison ou sans autre cause que l'existence même de cette puissance de choisir arbitrairement.

TRAVAIL (lat. tripolium, instrument de torture )

Aristote considérait le travail comme une activité par nature asservissante, n'étant pas une fin en elle-même mais le moyen de la subsistance. Activité vile qui déforme l'âme et le corps, elle est réservée aux esclaves qui s'abîment dans ce qu'ils font. Le travail, en effet, implique une spécialisation déshumanisante, car l'homme n'est pas fait pour un métier comme un marteau est fait pour planter un clou. Si la main est le symbole de l'homme, c'est précisément qu'elle n'est pas un outil, mais un organe polyvalent. Ainsi, les activités nobles développent en l'homme simultanément toutes ses facultés, tandis que l'activité laborieuse détruit cette harmonie en instrumentalisant l'une d'elles. Nous dirions aujourd'hui que, asservi aux impératifs de l'efficacité, celui qui travaille perd sa vie à la gagner : Aristote le définit simplement comme un « outil vivant » dont on pourrait bien se passer si les navettes pouvaient se déplacer toutes seules sur les métiers à tisser. Comment le travail, que les Grecs tenaient pour indigne de l'homme, a-t-il pu devenir une valeur ? Si la Bible décrit le travail comme un châtiment divin, il est aussi le moyen d'un rachat pour l'humanité qui, par ses efforts, contribue au perfectionnement du monde. Il est alors moins un mal qu'un moindre mal. Dans l'éthique protestante, il devient même un devoir si bien qu'on a pu lier cette valorisation morale du travail à l'essor du capitalisme. A partir du xix siècle, au moment même où l'Occident achève son industrialisation, le travail s'impose en philosophie comme une notion centrale, en particulier avec Hegel qui en saisit le caractère anthropogène. L'homme n'est homme que par le travail qui le rend maître de la nature, mais aussi de lui-même (en disciplinant son désir par ex.). Cependant, l'écart existant entre l'essence du travail, producteur de l'humanité, et les formes historiques du travail (aliénation et exploitation économique de la force de travail) sera dénoncé par Marx comme une dénaturation induite par le système capitaliste. Quant à la glorification du travail, elle sera analysée par Nietzsche à la fin du siècle, comme l'instrument le plus efficace, conçu par la morale chrétienne, de domestication des instincts vitaux.

→ Le travail est très généralement vécu comme une contrainte, il est le seul moyen de « gagner sa vie «. Il ne cesse de diviser la pensée contre elle-même : liberté contre servitude. La nécessité est plus qu’une obligation : elle renvoie à quelque chose d’inévitable ; une nécessité s’impose.

→ Il s’agit donc ici de confronter deux notions qui paraissent opposées, à savoir le travail, vécu comme une contrainte voire comme une nécessité, et la liberté comme pouvoir d’agir selon le libre-arbitre. Ce qu’il faut découvrir ici, ce sont précisément les rapports qui président entre les deux notions. Il va donc falloir chercher à penser la relation entre travail et liberté en dépassant le sens commun qui rattache le travail à une nécessité, et en fait donc le contraire d’une action libre.

→ Il va donc s’agir de penser dialectiquement travail et liberté afin de dépasser un simple rapport d’exclusion. Il faut donc se demander si penser le travail comme une stricte nécessité, notamment vitale, n’est pas réducteur.

→ C’est donc, au travers des rapports entre travail et liberté, l’essence de chacune de ces deux notions qui est ici mise à la question : en effet, il s’agira d’un côté d’interroger le travail comme pure contrainte (pour se demander s’il n’est pas plutôt à mettre du côté de l’obligation libre), et d’interroger la liberté comme pouvoir de faire ce que l’on veut (pour se demander si elle ne s’actualise pas plutôt dans le travail) d’un autre côté.

 

Problématique

 

Peut-on légitimement réduire le travail à la seule nécessité de vivre, de gagner sa vie, d’être socialement utile ? Ne risque-t-on pas de passer à côté d’une dimension essentielle et fondamentale qui fait du travail une activité fondatrice de l’homme ? Doit-on entendre par nécessité la seule contrainte ou doit-on lui préférer l’acception d’obligation ? Il s’agit donc de s’interroger sur la nature du rapport qui préside entre nécessité et liberté : n’est-il qu’un rapport d’exclusion ? Ou au contraire peut-on concilier dialectiquement travail et liberté, afin, a fortiori, de mettre au jour l’essence de chacune de deux notions ?

 

travail

« s'actualise pas plutôt dans le travail) d'un autre côté. Problématique Peut-on légitimement réduire le travail à la seule nécessité de vivre, de gagner sa vie, d'être socialement utile ? Ne risque-t-on pas de passer à côté d'une dimension essentielle et fondamentale qui fait du travail uneactivité fondatrice de l'homme ? Doit-on entendre par nécessité la seule contrainte ou doit-on lui préférerl'acception d'obligation ? Il s'agit donc de s'interroger sur la nature du rapport qui préside entre nécessité et liberté :n'est-il qu'un rapport d'exclusion ? Ou au contraire peut-on concilier dialectiquement travail et liberté, afin, a fortiori,de mettre au jour l'essence de chacune de deux notions ? Plan I- Le travail est une nécessité · « Celui qui ne travaille pas, ne mangera pas » a écrit saint Paul.

L'homme est un être vivant qui, comme tout être vivant, doit satisfaire un certain nombre debesoins.

Or, la satisfaction des besoins n'est pas immédiate : une activité, donc unedépense, est requise, non seulement pour boire et manger, mais aussi pour seprocurer les biens nécessaires.

Locke justifiait la propriété par le travail : dans l'étatde nature, le simple geste de cueillir un fruit confère un droit à celui qui l'accomplitcar ce geste est un travail.

(Léviathan) · Les besoins ne constituent pas un domaine établit une fois pour toutes, ils changent avec l'histoire et la société.

D'une manière générale, le développementéconomique élargit le domaine des besoins si bien que la nécessité du travail, loin dedisparaître avec les progrès techniques, est sans cesse réaffirmée. · Certains individus, certaines classes ou castes, au cours de l'histoire paraissent avoir échappée au travail.

Cela ne signifie pas que celui-ci pourrait n'être pasnécessaire, cela signifie seulement qu'il y a eu, à cause de la structure inégalitairedes sociétés, déport et décharge du travail de certaines catégories de la populationsur d'autres. · Le fait que le travail soit vécu comme un malheur, une véritable fatalité, montre assez le caractère nécessaire du travail.

Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pasêtre : le travail est la plus directe des nécessités puisque sans lui la vie ou la survien'est plus assurée. · On comprend alors en ce sens que travail et liberté sont des notions qui paraissent totalement antithétique.

Le travail rattache l'homme à sa nature déchueet à la nécessité vitale.

Le travail, en ce sens, semble s'attache à la part animale del'homme et non pas à sa partie rationnelle (qui le distingue justement de l'homme). II- Comment penser la complémentarité de deux notions ? Le passage par le droit · Observons d'abord que le travail n'est pas une nécessité naturelle : les animaux, au sens rigoureux du terme, ne travaillent pas.

Le travail n'est chez l'homme jamaisune affaire privée, lors même qu'il serait effectué dans la plus grande des solitudes,il engage la société tout entière.

Pas de travail, en effet, sans organisation dutravail, donc sans système de règles et de lois. · Mais dire que le travail est un droit ne signifie pas seulement qu'il fasse partie du droit : c'est affirmer que tout homme a droit au travail comme à l'expression de saliberté d'homme.

Puisque la vie dépend de la satisfaction des besoins et celle-ci nepeut être assurée que grâce au travail, le droit au travail apparaît comme aussiélémentaire que la liberté d'expression. · Mais si le travail est une nécessité, comment expliquer qu'il puisse être également un droit ? Un droit n'existe qu'au-delà de l'évidence naturelle : on ne dirapas, par exemple, que le sommeil est un droit.

En fait, le droit au travail est apparucomme concept au siècle dernier, à la faveur des premières grandes criseséconomiques de l'âge industriel.

Avec ces crises, le chômage de masse quis'ensuivit, le travail n'apparut plus comme une donnée si évidente. · S'il y a contradiction entre droit et nécessité, elle n'est pas exclusive.

Le travail est à la fois un droit et une nécessité.

En réalité, c'est par le travail commepremière nécessité que l'homme s'affranchit de la simple nécessité de vivre : eneffet, le travail est libération.

On ne travaille pas pour vivre, mais pour mieux vivre.Les grandes œuvres culturelles et sociales sont celle du travail de l'homme, fruit desa liberté d'être raisonnable.

On ne saurait donc penser ni le travail (comme purecontrainte) et la liberté (comme pur pouvoir irréfléchi de faire ce qu'on veut) demanière univoque.. »

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