Devoir de Philosophie

Un homme peut-il être indifférent à l'art ?

Publié le 25/03/2009

Extrait du document

Un homme peut-il être indifférent à l'art ?

L’indifférence exprime l’inexistence d’un rapport avec un chose, un objet ou une personne. Elle pose l’objet comme néant, comme étant d’un monde qui n’appartient à au sien. L’art est du domaine de l’esthétique. Or si factuellement, on peut remarquer une désaffection des musées, des galeries d’art etc. Il s’agit alors d’en comprendre les causes et les raisons. En effet, la question mérite alors d’être posée dans toute sa radicalité : l’homme peut-il vivre une existence séparé de toute considération artistique et du beau ? Un tel homme ne ferait-il pas simplement que survivre au lieu de vivre ?
Dès lors, si l’homme peut effectivement être indifférent à l’art (1ère partie), faut-il alors comprendre les limites voire l’impossibilité finale d’une telle considération (2nd partie), sans pour autant faire dépendre l’art de l’intérêt au risque sinon de ne plus faire du beau une fin en soi donc de l’aliéner à l’utile, le plaisant : l’intérêt (3ème partie).
 

I – L’indifférence à l’art

II – L’intérêt pour l’art

III – Le beau comme plaisir désintéressé

« […]A quoi sert la beauté des femmes ? Pourvu qu'une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire desenfants, elle sera toujours assez bonne pour les économistes.

A quoi bon la musique ? A quoi bon la peinture ? Quiaurait la folie de préférer Mozart à M.

Carrel et Michel-Ange à l'inventeur de la moutarde blanche ? Il n'y a devraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelquebesoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature ».b) Bien plus, l'homme sans doute ne peut-il pas être indifférent à l'art dans la mesure où l'art sert à masquer ladéception de l'homme face à ce monde qu'il ne comprend pas tel que le développe Nietzsche dans la Naissance de la tragédie .

L'art est donc un jeu sérieux.

L'art supplée au dégoût de la vie, il est donc un pouvoir de transfiguration.

L'art est toute création de formes.

Et de ce point de vue, la nature est la première artiste.

L'illusionn'est donc pas momentanée, mais elle dure et se maintient tout le long de notre existence, elle la rend possible.L'illusion est un besoin vital qui donne sens, il est un fonction essentiel de l'esprit pour saisir le monde autour de luiet le façonner à ses besoins.

Les créations illusoires permettent de dépasser la violence de la vie, elles sont unapaisement, un repos voire un répit.

Dès lors l'illusion est pleinement positive et le procès que l'on peut instruirecontre elle relève plus de la croyance d'une distinction entre le réel et l'illusoire.c) Mais au-delà de cet aspect vital, si l'homme peut ou doit ne pas être indifférent à l'art c'est bien parce qu'il luidonne les clés de compréhension de l'autre.

Si l'on peut dire à travers la lecture de Hegel et de son Esthétique que l'art permet aux hommes de mieux se comprendre c'est bien parce que l'art manifeste l'Idée dans son extériorité.L'esprit tend ainsi conscience de lui-même.

L'esprit absolu correspond à la prise de conscience de l'existence del'Idée, ou Raison, à l'œuvre dans le monde.

L'Esprit prend conscience de lui-même sous trois formes essentielles :l'art, la religion, la philosophie.

Or « La plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion etla philosophie.

Comme celles-ci, il est un mode d'expression du divin, des besoins et exigences les plus élevés del'esprit.

» Les peuples ont déposé dans l'art leurs idées les plus hautes ce qui constitue souvent un moyen pourcomprendre leur religion et dès lors de se comprendre eux-mêmes.

Or aujourd'hui, notre attitude envers elles estplus froide et réfléchie : « Sous tous ces rapports, l'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chosedu passé.

De ce fait, il a perdu pour nous tout ce qu'il y avait d'authentiquement vrai et vivant, sa réalité et sanécessité de jadis, et se trouve désormais relégué dans notre représentation.

Ce qu'une œuvre d'art susciteaujourd'hui en nous, c'est, en même temps qu'une jouissance directe, une jugement portant aussi bien sur lecontenu que sur les moyens d'expression et sur le degré d'adéquation de l'expression de son contenu ».

Mais il n'enreste pas moins que cette forme de compréhension de l'art est aussi compréhension mais sans doute de manièredifférente à travers l'histoire de l'art Transition : Au demeurant, si l'homme ne peut pas ou ne doit pas être indifférent à l'art, il n'en reste pas moins que cet intérêtpour l'art ne doit pas spécifier proprement la compréhension de la contemplation esthétique.

Plus exactement, lebeau ou l'art ne se réduisent pas alors à l'intérêt.

III – Le beau comme plaisir désintéressé a) En effet, faire dépendre le beau ou la valeur d'une oeuvre d'art de son utilité ou de sa jouissance, c'est-à-dired'un intérêt pris de l'objet lui-même, c'est risquer de ne pouvoir obtenir un critère unique du beau et denécessairement le relativiser ; voire de manquer son objet.

Et cela d'autant plus que si les œuvres d'art doiventdonc plaire ou satisfaire les exigences du public, c'est-à-dire les intéresser, c'est alors faire de l'artiste un hommedépendant.

De ce point de vue, on peut relier avec attention l'un des Petits poèmes en prose ou Spleen de Paris de Baudelaire , le huitième, « le chien et le flacon » : « Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville et le chien, en frétillant de laqueue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s'approche etcurieusement son nez humide sur le flacon débouché ; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi,en manière de reproche.

Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairéavec délices et peut-être dévoré.

Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez aupublic, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusementchoisies.

»b) Plus sérieusement, pour arriver à déterminer ce qu'est le beau ou ce qu'est art, Kant a construit progressivement dans la Critique de la faculté de juger des définitions du beau en les affinant au fur et est à mesure pour arriver à cette définition : « Est beau ce qui est reconnu sans concept comme objet d'une satisfaction nécessaire.

» Kantsépare radicalement le Beau du Concept.

Par cette définition que Kant a produit il faut voir alors que le beau estl'objet d'une satisfaction désintéressée et jugée comme universelle.

Le beau n'est donc pas l'utile, le bon, l'agréable,ni même nécessairement le parfait.

L'œuvre d'art est à elle-même sa propre fin.

Le beau proprement dit nous éloignede nos désirs.

Il est lié à une satisfaction désintéressée : « le goût est la faculté de juger un objet ou un mode dereprésentation par la satisfaction ou le déplaisir d'une façon toute désintéressée.

On appelle beau l'objet de cettesatisfaction.

»c) Le beau est donc l'expression de liberté de l'homme, de l'artiste, et c'est en ce sens que l'imagination estréellement créatrice.

Et il revient bien au génie artistique comme le dira Kant dans le paragraphe 48 de la Critique de la faculté de juger : le génie est celui qui a la capacité de produire des œuvres d'arts qui plairont universellement.

Ainsi, comme il le dit au §43 : L'art est la production par liberté, c'est-à-dire par un libre arbitre quimet la raison au fondement même de ses actions ; même si le génie est celui par qui la nature donne ses règles.

Ence sens alors l'universalité esthétique est universalité sans concept.

Quand je juge un objet beau, j'attribue àchacun le sentiment que j'éprouve devant l'objet.

Cette universalité est de droit et non de fait.

Cette universalité. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles