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Un homme peut-il m'être totalement étranger ?

Publié le 24/02/2004

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La connaissance d'autrui est nécessairement limitée et lacunaire. Autrui est radicalement différent de moi, il peut m'être totalement étranger. MAIS, pour qu'un homme me soit incompréhensible, il faudrait qu'il cesse d'être homme. Ce qui est absurde et impossible. J'ai avec autrui une commune humanité qui le rend comme mon semblable.

La connaissance d'autrui est nécessairement limitée et lacunaire. Autrui est radicalement différent de moi, il peut m'être totalement étranger. MAIS, pour qu'un homme me soit incompréhensible, il faudrait qu'il cesse d'être homme. Ce qui est absurde et impossible. J'ai avec autrui une commune humanité qui le rend comme mon semblable.

« Dans la cinquième médiation Des Méditations cartésiennes , Husserl opère une seconde réduction phénoménologique.

Par une première réductionphénoménologique il met le monde entre parenthèse, la seconde réductionopérer à partir de première permet d'élucider l'expérience d'autrui.

A l'intérieurde ce même réduction il distingue ce qui m'appartient en propre et ce quim'est étranger.

L'étranger en moi est ce qui est du domaine de ce que je neconstitue pas moi-même.

Mais c'est en tant qu'il est incarné dans un corpsque autrui deviendra non plus l'étranger mais l'alter ego. Au cours de cette méditation l'existence de l'autre est posée comme certaineet évidente comme autre moi-même.

Même si l'autre apparaît comme étrangeren premier lieu l'autre devient progressivement alter ego .

Il écrit au cours de cette cinquième médiation : « Il est clair que seule une ressemblance reliantdans la sphère primordiale cet autre corps avec le mien peut fournir lefondement et le motif de concevoir per analogie ce corps comme autre organisme ».

J'accède par là à l'appréhension de ce qui apparaissaitimpossible : prendre acte d'un moi autre que moi sans tomber dans le doubleécueil de l'assimilation qui nie l'altérité et de l'incompréhension qui niel'identité.

Par la perception analogisante permise par mon statut d'êtreincarné autrui m'apparaît à la fois en tant qu'alter et en tant qu'ego.Mais cette analogie perceptive ne peut suffire à appréhender autrui : il nes'agit que de la visée d'un autre.

Il faut donc se tourner vers le contenu decette vie étrangère.

Il précise au cours cette même méditation : « L'organisme étranger s'affirme dans la suite de l'expérience comme organisme véritable uniquement par soncomportement changeant mais toujours concordant.

Ce comportement a un coté physique qui apprésente dupsychisme comme son indice.

C'est sur ce comportement qui porte l'expérience originelle qui se vérifie et seconforme dans la succession ordonnée de ses phases ».

Et c'est par la pluralité de manifestations convergentes dela joie, de la pudeur, par exemple, que la vie étrangère inscrite dans ce corps se confirme comme subjective.

Jepeux lui prêter une signification, je peux comprendre autrui.

L'autre est toujours irréductiblement étranger Pour autant est-ce reconnaître pleinement autrui que de lui de le ramener à une quelconque identité.

Ne faut-il pasenvisager que reconnaître autrui comme pleinement autre nécessite de lui garder son caractère irréductiblementétranger ?Pour Levinas la relation à autrui se présente précisément comme non totalisable.

En elle se déploie une relationentre le même et l'autre qui ne se laisse pas réduire à des termes que la raison peut maîtriser.« L'idée de l'infini suppose la séparation du Même par rapport à l'autre.

Mais cette séparation ne peut reposer surune opposition à l'autre, qui serait purement antihètique.

La thèse et l'antithèse en se repoussant s'appellent.

Ellesapparaissent dans leur opposition à un regard synoptique qui les embrasse.

Elles forment déjà une totalité qui rendrelative e l'intégrant, la transcendance métaphysique exprimée par l'idée de l'infini une transcendance absolue doitse produire comme inintégrable », Totalité et infini , Livre de poche, p45. Ma relation à autrui ne se laisse pas en effet ramener à un schéma de type dialectique où les termes opposés sontpensés ensemble : il n'existe pas de point de vue extérieur à la relation moi-autrui qui pourrait l'embrasser et la saisirsur un mode synotique.

C'est bien parce que nous appartenons au même monde et que, en même temps noussommes distincts que peut émerger une altérité irréductible à l'identité : si moi et autrui n'étions pas partie prenantede la même réalité mondaine, nous pourrions être distingués réellement comme deux termes d'une relationintelligible : si nous n'avions pas chacun un point de vue irréductible à l'autre, nous pourrions être ramenés à uneidentité neutre.C'est ainsi que l'autre pour Levinas, c'est d'abord un visage.

Non pas un masque qu'on pourrait regarder comme onregarde un objet (en demeurant intérieur à lui) mais une ouverture, un accès immédiat à l'autre.

Quand on regardela personne avec laquelle je parle, je ne vois ses yeux, je suis transporté par son visage dans un au-delà qui merévèle d'infini que je ne peux trouver en moi.

-L'exigence morale d'égalité appelle à reconnaître tout homme comme identique à tout autre.

Mais cette assimilationà un universel fait perdre à autrui sa singularité.- C'est en tant qu'il est incarné dans un corps, que son comportement relève d'une certaine signification et quel'autre homme est toujours en dernière instance mon semblable.-Enfin, pour reconnaître autrui en tant qu'autre et le préservé de l'assimilation qui nie son identité il semble qu'ilfaille faire de tout autre homme un étranger.

Cette reconnaissance n'est pas marque d'un manque de tolérance maisbien une exigence éthique qui permet à chacun d'être reconnu dans sa singularité.. »

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