Un objet technique peut-il être un objet d'art ?

« Deux grandes conceptions s'affrontent dans l'histoire de la philosophie : soit le beau est une caractéristique de l'objet, soit il est un sentiment du sujet.

La première doctrine remonte à Platon ,428 à environ 348 av.

J-C.

élève de Socrate, dit « une chose est belle quand elle est parfaitement ce qu'elle doit être ; on peut parler d'une belle marmite, quand cette marmite rend exemplaire l'idée même de marmite » .

La seconde est inaugurée par Kant ,1724 – 1804, philosophe allemand, dit : « le beau n'est pas une caractéristique de l'objet, c'est un sentiment du sujet éveillé à l'occasion de certains objets qui produisent en nous un sentiment de liberté et de vitalité » .

Pour Kant cependant, ce sentiment est universel en droit : « si je trouve cette fleur belle, tout homme doit pouvoir éprouver la même chose, parce que nous partageons tous les mêmes facultés.

La perception de la fleur entraîne le même jeu chez moi, et chez autrui : le beau est donc tout à la fois un sentiment, et quelque chose d'universel » .Kant insinue, que tout homme on les mêmes capacités, et donc que si un parmi eux trouve une chose belle alors chacun devrait avoir la même réaction. L'artisan a pour but de produire des objets d'usage : c'est l'usage qu'on va faire de l'objet qui détermine ses caractéristiques et donc la façon dont on va le fabriquer.

L'artiste, quant à lui, ne vise pas l'utile, mais le beau.

Si l'habileté technique est la limite supérieure de l'art de l'artisan, elle est donc la limite inférieure des beaux-arts : alors qu'on attend d'un objet courant qu'il soit bien conçu et réalisé de façon à en rendre aisé l'usage, on n'attend pas simplement d'un tableau qu'il soit bien peint, mais qu'il éveille en nous le sentiment du beau.

Telle est la thèse de Hegel ,1770-1831 professeurs de philosophie ,qui dit «Alors que les objets techniques sont tous au service de la survie, c'est-à-dire en dernière analyse des besoins du corps, seul l'art a une fin purement spirituelle.

Il ne faut donc pas dire que les œuvres d'art « ne servent à rien » ; certes, elles n'ont aucune utilité pour la survie, mais leur finalité est plus élevée : elles attestent que l'existence humaine ne se réduit à la vie biologique, parce que l'homme a également des besoins purement spirituels.

Dans le tableau en effet, ce n'est pas la nature que je contemple, mais l'esprit humain » .Hegel veut dire par là, que chaque objet technique n’a que pour finalité servir l’homme, et comblé ces besoins physique et corporels, alors que les objets d’arts sont des objets nourrissant l’esprit, n’ayant aucune utilités pour comblé les besoins de l’homme certes, mais ces arts peuvent traverser le temps et ainsi montrer par exemple la culture ancienne qu’il y avait en ce temps ou montrer les sentiments les plus profond du peintre. Il revient à Heidegger d'avoir posé cette question.

Selon Aristote , la technique est l'ensemble des règles définissant les moyens en vue d'une fin. Heidegger montre comment notre modernité ne pense plus la technique comme l'ensemble des règles nécessaires à un art : nous en sommes au contraire venus à ne plus penser les choses qu'en termes techniques. La technique n'est donc pas un instrument neutre qu'on peut bien ou mal utiliser, mais un mode de pensée.

L'homme ne pense plus qu'à gérer, à calculer et à prévoir : c'est la différence que fait Heidegger entre la pensée méditante et désintéressée, et la pensée calculante qui veut par la technique dominer la nature et l'asservir aux besoins de l'homme.. »