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Un peuple qui ne veut que le maintien de l'ordre n'est-il pas déjà esclave de son bien-être ?

Publié le 04/08/2005

Extrait du document

esclave
Le roi n'est roi que parce qu'il est reconnu comme tel par ses sujet. L'autorité est reconnaissance mutuelle, du roi envers ses sujets, et de ses sujets envers lui.Cette reconnaissance mutuelle a pour conséquence directe la responsabilité. Ainsi l'autorité parentale qui exerce un ascendant sur l'enfant est aussi responsable de ce dernier. C'est ainsi que Paul RICOEUR en s'interrogeant sur la formule « l'amour oblige » insiste sur l'exigence d'autonomie inhérente à l'autonomie. Ainsi l'autorité des parents n'est qu'un préalable à la future autonomie de l'enfant.   2. L'exemple d'autorité autorisée : Rousseau   L'autorité se doit de ne pas être entièrement fondée de l'extérieur. En effet, l'autorité pour être légitime se doit d'être autorisée. Qu'en est-il de ce concept « d'autorité autorisée ?

Analyse du sujet :

Un peuple qui ne veut que le maintien de l'ordre n'est-il pas déjà esclave de son bien être ? Cette question est formulée de façon totale – elle appelle soit une réponse affirmative, soit une réponse négative : oui, un peuple qui ne veut que le maintien de l'ordre est déjà esclave de son bien être ; non un peuple qui ne veut que le maintien de l'ordre n'est pas déjà esclave de son bien être. Notons que dans la formulation même de la question, une réponse transparaît – la réponse affirmative : n'est -il pas possible de nuancer cette réponse ? - Pour cela attardons nous sur les notions principales de notre sujet : « peuple «, « ordre «, « esclave «, bien-être autrement dit à la fois « bonheur «

 

Peuple

Ensemble des humains vivant en société sur un territoire déterminé et qui, ayant parfois une communauté d'origine, présentent une homogénéité relative de civilisation et sont liés par un certain nombre de coutumes et d'institutions communes

Ordre

Disposition, relation intelligible entre les choses

Disposition, manière de ranger, d'arranger les choses, de déterminer leur place de la façon qui semble la plus satisfaisante, la plus fonctionnelle.

Ensemble de règles, de lois.

Esclave

Celui, celle qui est privée de sa liberté

Personne qui n'est pas de condition libre et se trouve sous la dépendance absolue d'un maître dont elle est la propriété

Celui, celle qui se soumet entièrement à la volonté de quelqu'un, s'emploie exclusivement à le servir par intérêt, par passion.

Bonheur

De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance). État de complète satisfaction de tous les penchants humains. • Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier. • Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine. Pour Kant, en revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur. Car cette recherche est toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.

Problématisation :

Un peuple qui ne veut que le maintien de l'ordre n'est-il pas déjà esclave de son bien être ? Cette question est d'autant plus cruciale qu'elle est d'actualité. On le voit la notion d'ordre est une des préoccupations centrales de notre campagne présidentielle. En effet l'ordre y est intimement associé à l'idée de bien être. Cependant ce rapprochement est-il si évident ? Et si oui, ne l'est-il pas au prix de la liberté – valeur tout aussi importante que le bien être. Peut-on d'ailleurs réellement être heureux en étant esclave autrement dit pas libre ? D'où notre question : dans quelle mesure un peuple qui ne veut que le maintien de l'ordre au nom de son bien être ne risque-t-il pas de perdre sa liberté autrement dit son autonomie ?

 

esclave

« : désigner un homme ou une assemblée, pour assumer leur personnalité ; et que chacun s'avoue et sereconnaisse comme l'auteur de tout ce qu'aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix etla sécurité commune, celui qui a ainsi assumé leur personnalité, que chacun par conséquent soumette savolonté et son jugement à la volonté et au jugement de cet homme ou de cette assemblée.

Cela va plus loinque le consensus ou la concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne, unitéréalisée par une convention de chacun avec chacun passée de telle sorte que c'est comme si chacun disaità chacun : j'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la mêmemanière.

Cela fait, la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une République, en latin Civitas.Telle est la génération de ce grand Léviathan, ou plutôt pour en parler avec plus de révérence, de ce dieumortel, auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection.

» 2.

L'ordre en vue du bien être certes mais moins du peuple que de la cité PLATON, République Dans cet ouvrage, Platon propose une cité idéal qui procure moins le bonheur de chaque individu que lebonheur de la cité entière.

Le modèle platonicien n'est aucun cas individualiste.

Il est de part en part holiste.Ce qui lui importe c'est moins le bonheur de chacun que la justice et le bonheur du tout.

Aussi propose-t-ilune société hiérarchisée autrement dit ordonnée en différentes classes.

L'ordre en vue du bien être de la citémoins qu'en vue du bien être du peuple entier.C'est cette perspective holiste qui a incité Popper dans La Société ouverte et ses ennemis à voir à tort –mais la remarque nous intéresse néanmoins – dans La République de Platon les prémisses du totalitarisme.

Eneffet quand l'ordre devient primordial quant à la définition du bonheur de chacun, le risque de totalitarismen'est jamais loin.

II.

L'ordre au nom du bien être ? - Une perte corollaire de liberté et d'autonomie 1.

Danger de vouloir concilier ordre et bonheur KANT « Personne ne peut me contraindre à être heureux à sa manière (c'est-à-dire à la manière dont il conçoit le bien-être des autres hommes), par contre chacun peut chercher son bonheur de la manière qui luiparaît bonne, à condition de ne pas porter préjudice à la liberté qu'a autrui de poursuivre une fin semblable(c'est-à-dire de ne pas porter préjudice au droit d'autrui), liberté qui peut coexister avec la liberté de chacungrâce à une possible loi universelle.

Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillanceenvers le peuple, comme celui d'un père envers ses enfants, c'est-à-dire un gouvernement paternaliste ( �)où les sujets sont forcés de se conduire d'une manière simplement passive, à la manière d'enfants mineurs,incapables de distinguer ce qui leur est utile ou nuisible et qui doivent attendre simplement du jugement d'unchef d'État la manière dont ils doivent être heureux et simplement de sa bonté qu'également il le veuille, estle plus grand despotisme qu'on puisse concevoir (c'est-à-dire une constitution qui supprime toute liberté pourles sujets qui ainsi ne possèdent aucun droit) » 2.

Ordre en vue du bonheur : le cas des régimes totalitaires L'histoire en effet semble avoir donné raison à Kant a posteriori.

Cette exigence d'établir un lien entrebonheur et ordre, on la retrouve dans les régimes totalitaires.

Cependant ceci implique de refuser ladistinction : public/privé, ceci implique de penser un bonheur UN et Unique qu'on impose à tous.

On a donctoujours le terme de bonheur, mais qui subsume toute autre chose que ce qu'il subsume habituellement.

Lebonheur devient quasi contrainte car il est imposé de l'extérieur.

L'ordre s'inscrit dès lors dans ce qu'onnomme l'autoritarisme.

Une autorité se réclamant à mauvais droit de l'établissement du bien être.

3.

1.

L'autoritarisme – une forme dévoyée de l'autorité : une autorité qui n'est déjà plus autoritéDès lors que l'autorité n'est pas autorisée, elle devient autoritarisme, autrement dit abus de l'usage même del'autorité.

Si on peut penser à l'autoritarisme de certains professeurs, l'autoritarisme se manifeste de façonplus paradigmatique et à plus grand échelle dans les régimes autoritaires.

Exemple : Italie de Mussolini,Allemagne du III ème Reich, Espagne sous Franco, URSS sous Staline...Sans rentrer dans la distinction entrerégime autoritaire et régime totalitaire ce qui n'est pas notre propos dans le cadre de notre réflexion surl'autorité, il est nécessaire de définir ce qu'on nomme un régime autoritaire : « L'autoritarisme désigne un rapport gouvernants-gouvernés reposant de manière suffisamment permanentesur la force plutot que sur la persuasion.

Egalement, une relation politique dans laquelle le recrutemet des dirigeants relève de la cooptation et non de la mise en concurrence électorale des candidats aux responsabilités publiques.

» (G.

HERMET)L'autoritarisme apparaît donc comme une corruption même de l'autorité, quasiment un extrême négatif del'autorité.

Souvent ce qui est remis en question n'est donc pas l'autorité en tant que telle mais une formedévoyée de celle-ci.

L'autorité loin d'être autoritarisme est quête d'autonomie en vue d'un bien commun.. »

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