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Une croyance est-elle toujours religieuse?

Publié le 16/03/2005

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  Croire, c'est adhérer à une proposition, à une thèse, à une valeur dont on ne donne aucune justification rationnelle. C'est affirmer quelque chose qu'on tient pour vrai sur la simple foi de l'autorité ou de la confiance. Nous voyons que l'aspect religieux n'est pas une condition nécessaire à la réalité de la croyance. Croire en la solidité d'une amitié parce que l'on fait confiance ne requiert pas d'être religieux. Reste encore la croyance superstitieuse : un miroir de brisé, sept ans de malheur... dont on serait bien en peine de trouver une seule correspondance avec la Bible ou les dogmes religieux. Croire, c'est un état psychologique, tout comme il existe des états chimiques des éléments. Ce qui caractérise la croyance religieuse va au-delà d'une disposition de l'esprit. La religion chrétienne, comme la plupart des grandes religions monothéistes, met l'accent sur un type d'adhésion particulier : la foi. C'est le sens premier de la croyance qui est ici prévalant : le latin credere signifie faire confiance. Le chrétien ne croit pas seulement en des réalités supra spatio-temporelles... il croît en elles autant qu'il croit, il engage tout son être en ce qu'il croit.

Nous nous interrogeons sur l'athéisme et sa réduction hypothétique en religion. L'athéisme est-il une religion ? En première analyse ne semble-t-il pas tout à fait saugrenu que l'athéisme (doctrine qui nie l'existence de dieu) puisse être réduite à une nouvelle forme de religion ? De toute façon, quelle pourrait être une religion sans Dieu ? Où alors ce serait que niant l'existence de tel ou tel Dieu elle en intronise un autre peut être sans l'avouer ? Dans ce cas ne faudrait-il alors se demander si l'athéisme ne serait pas une critique purement nominale de Dieu ? Ce serait alors qu'il y aurait des athées qui ne seraient pas théiste mais seulement déiste. En ce sens les athées apparaîtraient comme des religieux qui s'ignorent. Pour autant ne pourrait-on envisager une véritable pensée « a-thée «, sans dieu, qui s'inscrirait donc soit dans la visée irréligieuse, soit dans la visée 'agnostique ? C'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier lieu.

« que c'est lorsque la pensée ne s'exerce plus que la croyance surgit.

Pour Kant, l'homme n'atteint vraiment la majorité que lorsqu'il pense par lui-même, que lorsqu'il se libère de touteautorité.

L'article Qu'est ce que les Lumières est un texte politique : l'état decroyance n'est pas seulement d'ordre religieux, l'autorité politique peutmaintenir le peuple dans un état d'asservissement par l'idéologie qui étouffel'esprit critique.

On peut remarquer que dans ce cas c'est tout autant uneabsence de volonté d'user de son esprit critique, que c'est une volonté decroire dans la religion.

La question spécifique de l'idéologie est un exemple manifeste de ce qu'une croyance profane peut-être très similaire auphénomène psychologique qui se produit dans la croyance religieuse.

C'est-à-dire une adhésion d'ordre personnel, existentiel et identitaire.

C'est le cas enRussie, où l'idéologie communiste a fortement marqué les individus jusquedans leur structure identitaire sociale mais aussi intime.

La religion était horsla loi du temps de l'URSS ; l'adhésion plus ou moins consentie à l'idéologiecommuniste devait remplacer en quelque sorte l'appartenance à lacommunauté orthodoxe qui jouait également un rôle de lien social fort.

Lareligion comme ciment communautaire est d'ailleurs la thèse d'Auguste Comte.Toute croyance, dès lors qu'elle dépasse la sphère de l'individuel pour êtrepartagée est un ciment communautaire, qu'elle soit religieuse ou non. III. La croyance religieuse puise sa spécificité au plus profond de la conscience humaine. La religion vise à satisfaire un désir de sens.

Tout ce qui touche au désir chez l'homme fait appel à des structuresinconscientes.

C'est pourquoi Freud s'est aussi penché sur la place de la croyance religieuse dans la psychéhumaine.

Il distingue trois fonctions de cette croyance.

La religion satisfait la curiosité humaine, c'est pourquoi ellerentre en conflit avec la science.

Elle a donc valeur d'enseignement.

Elle aide l'homme à supporter certainessouffrances, elle répond à certaines angoisses.

Elle a donc valeur de consolation.

Enfin elle formule des interdictions,des prescriptions.

Elle a donc valeur de préceptes.

Il y a donc tout un système d'identifications dans la croyancereligieuse, c'est la strate culturelle.

On y trouve aussi la réactivation de l'instance paternelle : ce qui fait dire àFreud qu'elle trouve son origine dans la détresse infantile.

La religion interdit et console : elle fait donc appel auxstructures inconscientes de l'homme, qui ramènent toujours à l'enfance. Il y a pour fonder une vie bien des formes de croyances possibles (le progrès, la science, l'art, ou l'amour), qui jamais ne reposent sur la connaissance ni sur la raison, et toutes révèlent un certain écart entre ce que noussavons du monde et les postulats subjectifs qui nous permettent de vivre en lui.

En rendant cet écart manifeste, eten le poussant à l'extrême, en ancrant nos aspirations morales et spirituelles sur des mythes totalement arbitrairesd'un point de vue cognitif, la religion dévoile en fait franchement (au lieu de la dissimuler, comme on le faitaujourd'hui trop souvent) et assume une contradiction qui est peut-être au cœur de toute existence.

En ce sens, Hegel et Feuerbach avaient bien raison de considérer qu'elle est la forme la plus originaire et la plus exemplaire de la conscience par l'homme de sonhumanité.

En elle se révèle bien le paradoxe central d'une telle conscience : iln'est sans doute pas possible qu'une existence ne soit, dans son cœur le plusintime, subjectivement fondée sur des croyances qui d'un point de vueobjectif semblent dénuées de tout fondement, et que la recherche de laspiritualité la plus haute ne prenne pas aussi parfois, pour celui qui l'observe« de l'extérieur », le visage d'une automystification. Cette réfutation des arguments naïfs qui déclarent la religion « fausse » parce qu'elle serait « en contradiction avec les données de la science » n'implique pas pour autant que la foi religieuse ait aujourd'hui, dans une culture avancée, la même nécessité qu'à l'époque où elle était le seulmoyen pour l'homme d'exprimer le sentiment métaphysique de son existence.Bien des raisons expliquent que tout en restant sans doute indispensable dansnos cultures –ne serait-ce qu'en tant que dépositaire des traditions les plusanciennes et les plus fondamentales par lesquelles s'est définie l'humanité-,elle ne soit plus pour chaque individu qu'une option parmi d'autres, et que soninfluence collective ait donc connu un recul : la difficulté d'adhérer à desmythes dont la relativité culturelle est évidente, la méfiance, chez beaucoupde nos contemporains, à l'égard du principe même d'une adhésion sansdistance critique, l'intérêt qu'ils portent à la connaissance et à latransformation rationnelles du monde, que la foi religieuse tend souvent à juger insignifiantes et sans valeur, la gênequ'ils ressentent à l'égard d'un discours théologique suspect d'être emphatique et inadéquat à son objet, qu'il tendtoujours à réifier, le sentiment enfin que les métaphysiques religieuses manquent parfois de complexité par rapport àcelles plus inquiètes que produit (par exemple dans le domaine littéraire) la culture moderne, en sont quelques-unes.Une chose est néanmoins sûre : croire que la religion se réduit à une superstition et que sa disparition est lacondition de la désaliénation de l'homme est aujourd'hui devenu une naïveté et un signe d'inculture.. »

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