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Une fiction peut-elle etre vraie ?

Publié le 02/01/2006

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Si l'on se contente de l'opinion pour gouverner une Cité, on n'obtiendra jamais que des apparences de justice, d'honnêteté ou de vérité. L'apparence n'est qu'un semblant, qui n'est ni fiable, ni solide, comme une parole que l'on lance sans plus y penser ensuite. Pour tenir un discours qui transcende les apparences, qui dépasse le changement et le mouvement des opinions, il faut s'en séparer et faire l'effort d'aller jusqu'aux Idées. Le plan des Idées est un plan supérieur où se réalise une connaissance absolue et où se tient la vérité. On ne peut l'atteindre au moyen de nos sens : pour chaque opinion soutenue, il n'est pas difficile en effet de démontrer le contraire, en changeant par exemple de perspective, ce qui n'est finalement qu'un simple changement d'apparence. Au mieux, l'opinion peut être "droite", c'est-à-dire conforme à la vérité, mais, de manière générale, la connaissance sensible est un obstacle à la connaissance vraie. Il faut sortir de l'opinion pour accéder à la connaissance philosophique, comme un plongeur s'arrache de l'eau pour regagner la terre ferme. Il ne s'agit pas de supprimer le sensible, mais de le dépasser. L'éducation de l'âme (la psychagogie) est donc essentielle pour opérer sa conversion (metanoïa) vers le domaine des Idées. L'objet de la philosophie, ce sont les Idées ou formes essentielles des choses et de tout ce qui existe dans le monde sensible.

« b.

Cette vérité est immuable et éternelleIl va sans dire que ces Essences dépassant l'individuel s ont immuables, soustraites au temps, incorruptibles, étrangères à la génération et à la corruption,au devenir, à la mobilité.

L'Idée, transcendant le subjectif et l'individuel, est le modèle impérissable de chaque objet, modèle existant en dehors du temps.

3.

Une création de l'imagination, en littérature ou en art, possède une universalité et une existence, et peut donc être dite vraie.

Au contraire, l'imaginaireentièrement subjectif n'est pas vrai. La vérité dépasse l'individuel : elle est construite de manière universelle.

Ici, il est possible d'envisager le problème à la lumière des analyses kantiennes.Que puis-je connaître ? Telle est la question de Kant.

Les faits sont impuissants en eux-mêmes à constituer quoi que ce soit dans le champ du savoir.

Nousne pouvons appréhender le monde qu'à travers des éléments a priori, nécessaires et universels, se retrouvant chez tout individu quel qu'il soit.

Ainsi,l'espace et le temps, mais aussi les c atégories comme la causalité, sont des sortes de prismes universels à travers lesquels se réfracte l'expérience.

Levrai est construit par l'esprit de manière universelle et à priori. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience.

Ce sera l'une des préoccupationcentrale de Kant .

Il s'efforcera de montrer comment les connaiss ances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensible et le travail conceptuel de l'entendement.

Cedernier reçoit de l'extérieur, par le moyen de la s ensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opèreune mise en ordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit.

Par exemple : les relations de causalités'instaurant nécess airement entre les phénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre deschoses, mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestation à notre esprit.

La connaissance objective‘est donc jamais connaissance des choses en soi mais connaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) desphénomènes.

Très schématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur.

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison« ratiocine », cad qu'elle raisonne à vide, elle outrepasse ses droits, comme le montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.

Les idées de la raison ont unefonction unificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ; mais c'est quand elleprétend connaître des objets transcendants (au-delà de l'expérience possible) qu'elle mérite de subir unecritique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de la nécessité et de lacertitude ; le savant ne produit pas des théories au gré de sa fantaisie.

C es théories scientifiques rétablissentun ordre universel de la connaissance, car elles appliquent à la matière de l'expérience la forme rationnelle de l'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, ni empirisme, le Kant isme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que la connaiss ance ne porte que sur des phénomènes, sans que les choses en soi soient jamaisaccessibles ? Les limites de la raison.

Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplac er la rais on et on peut même aller jusqu'à affirmer que« l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.

Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui- même.

Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori » de l'entendement (« catégories »).

C 'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles.

A u-delà du savoir, il y a donc un monde des noumènes (choses en soi) qui nous échappe.Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pour es sayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dans d'inévitables contradic tions, antinomies etparalogismes.

Une métaphysique est impossible comme science.

En particulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notre volonté,l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu . Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux s ens ou à l'imagination.Or, avec Kant , l'illusion est portée au coeur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

C'est le sens de l'illusiontranscendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, c ad des objets qui ne sont pasdonnés dans un phénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu).L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer ( Platon , Descartes ), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'une thès e et de son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison s e contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au- delà de l'expérience.Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale es t inévitable, incorrigible, à l'inverse de l'erreur.

L'illusiontranscendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effort d'attention ne peut y remédier.La connaissance est unification.

Pas de connaissance s ans données sensibles ; mais les formes a priori de la sensibilité (espace et temps)unifient déjà les données de l'expérience.

Puis cette expérience sensible est unifiée sous les catégories de l ‘entendement.

La raison, enfin, apour destination d'unifier toute la connaissance en un sys tème sous des idées, le moi, le monde et Dieu.

Ces idées ne sont donc que des formesorganisatrices, ou des « principes régulateurs ».

Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par son essence même, à prêter à ces idées une valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie des sciences à part entière, alors que nous n'avons aucune expériencesensible de ces objets, et ne pouvons en aucune façon en avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter une valeur objective à ces pures formes dela raison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priori d'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de la pensée.

L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de lanature, de l'origine et de l'immortalité du moi.L'illusion cosmologique objectivise l'idée du monde comme unité suprême de l'expérience externe.

L'illusion se révèle à travers les quatreantinomies qui permettent, concernant quatre « propriétés » du monde, de soutenir à la fois la thèse et l'antithèse. ¨ Première antinomie : le monde a un commencement dans le temps et il est limité dans l'espace/ le monde n'a pas de commencement dans le temps et n'est pas limité dans l'espace.¨ Seconde antinomie : tout ce qui existe est composé d'éléments simples / il n'existe rien de simple dans le monde (divisibilité à l'infini). ¨ Troisième antinomie : tout n'est pas soumis au déterminisme, il exis te une causalité libre / il n'existe pas de causalité libre. ¨ Quatrième antinomie : il existe un être nécessaire, comme partie ou c ause du monde / il n'existe pas d'être nécessaire, ni dans le monde, ni en dehors.

En l'absence du critère de l'expérience, la raison démontre aussi bien le pour que le contre.

Surgit alors le fantôme du scepticisme.

Mais Kant pense échapper au scepticisme justement en mettant à nu le sophisme, qui fait glisser d'une idée de la raison à son existence comme chose ensoi objective.

La raison est à elle-même son propre remède : c'est la démarche critique.Il en va de même, enfin, concernant la théologie rationnelle qui entretient l'illusion de preuves de l'existence de Dieu, preuves que Kant démonte une à une, montrant leur valeur purement spéculative.Avant Kant , Hume avait déjà s oumis ces trois idées, le moi, le monde, Dieu, à une critique définitive en en montrant la connaissance illusoire.. »

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