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Une idée peut-elle être neuve ?

Publié le 30/07/2005

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Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela, je réponds en un mot, de l'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tirent leur première origine. Les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement. C..] L'autre source d'où l'entendement vient à recevoir des idées, c'est la perception des opérations de notre âme sur les idées qu'elle a reçues par les sens opérations qui, devenant l'objet des réflexions de l'âme, produisent dans l'entendement une autre espèce d'idées, que les objets extérieurs n'auraient pu lui fournir : telles que sont les idées de ce qu'on appelle apercevoir, penser, douter, croire, raisonner, connaître, vouloir, et toutes les différentes actions de notre âme, de l'existence desquelles étant pleinement convaincus, parce que nous les trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idées aussi distinctes que celles que les corps produisent en nous, lorsqu'ils viennent à frapper nos sens. [...] Mais comme j'appelle l'autre source de nos idées sensation, je nommerai celle-ci réflexion, parce que l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elle acquiert en réfléchissant sur ses propres opérations.

Le publicitaire ne doute pas : il cherche une idée neuve pour vendre son produit, doit-on lui opposer qu’il utilise là un faux concept, que toute idée nouvelle n’est que recombinaison ou réminiscence ? La psychologie de l’invention correspond t-elle à un état de pure émergence, ou bien la notion même de nouveauté n’est elle qu’une ombre portée au tableau de la connaissance, une manière naïve de traduire l’invention ? Encore faut-il savoir ce qu’est une idée, la discussion ne prend pas le même tour selon que la notion d’idée est réduite à une proposition grammaticale ou comprise en un sens esthétique.

« sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne seraitcertain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens.

LOCKESupposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sansaucune idée, quelle qu'elle soit.

Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cetteprodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variétépresque infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et detoutes ses connaissances ? À cela, je réponds en un mot, de l'expérience : c'est là le fondement de toutes nosconnaissances, et c'est de là qu'elles tirent leur première origine.

Les objets extérieurs et sensibles, ou sur lesopérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes,fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées.

Ce sont là les deux sources d'où découlent toutesles idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement.

C..] L'autre source d'où l'entendement vient àrecevoir des idées, c'est la perception des opérations de notre âme sur les idées qu'elle a reçues par les sensopérations qui, devenant l'objet des réflexions de l'âme, produisent dans l'entendement une autre espèce d'idées,que les objets extérieurs n'auraient pu lui fournir : telles que sont les idées de ce qu'on appelle apercevoir, penser,douter, croire, raisonner, connaître, vouloir, et toutes les différentes actions de notre âme, de l'existence desquellesétant pleinement convaincus, parce que nous les trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idéesaussi distinctes que celles que les corps produisent en nous, lorsqu'ils viennent à frapper nos sens.

[...] Mais commej'appelle l'autre source de nos idées sensation, je nommerai celle-ci réflexion, parce que l'âme ne reçoit par sonmoyen que les idées qu'elle acquiert en réfléchissant sur ses propres opérations. >>> SECOND CORRIGE: Le publicitaire ne doute pas : il cherche une idée neuve pour vendre son produit, doit-on lui opposer qu'il utilise là unfaux concept, que toute idée nouvelle n'est que recombinaison ou réminiscence ? La psychologie de l'inventioncorrespond t-elle à un état de pure émergence, ou bien la notion même de nouveauté n'est elle qu'une ombre portéeau tableau de la connaissance, une manière naïve de traduire l'invention ? Encore faut-il savoir ce qu'est une idée,la discussion ne prend pas le même tour selon que la notion d'idée est réduite à une proposition grammaticale oucomprise en un sens esthétique. I- La création d'idée est une combinatoire. Une idée c'est toujours une proposition, l'invention portée par le langage, et il n'est pas faux de dire que le langage est la condition même de la pensée et donc de la formation d'idées.

Or si le langage est la recombinaisonpermanente des mots, l'idée n'est qu'un arrangement signifiant d'unités de langage préexistantes. Comme le dit Bergson dans L'Evolution Créatrice il n'y a pas de nouveauté parmi les choses, en effet tout ce qui entre dans l'espace n'est qu'un réarrangement de ses parties.

C'estvalable pour le langage qui est composition de mots et ne peut donc produire denouveauté.

Non que tout ce qui est à dire, tout le virtuel de la Parole ait déjàété dit, mais ce qui est à venir dans le langage n'est que combinaison, non purecréation épigénétique. Toutefois le problème ne semble que déplacé, en effet ne peut-on pasdire qu'en combinant on invente, que la combinaison peut-être nouvelle quoiquesi on l'analyse aucun de ses termes ne soit en lui-même nouveau ? II- L'idée transcende la combinaison qui l'exprime. L'idée n'est pas la somme de ses parties grammaticales, pourcomprendre une idée il ne faut pas en analyser les modes d'expression lexicaux.Une idée n'est pas une combinaison « mot à mot » mais l'obtention d'un sensqui transcende le moyen spatial du langage par lequel il s'exprime.

Ce qui comptedans une idée poétique ce ne sont pas les mots, ceux-ci ne sont que les outilspour la provocation d'une résonance, d'un ébranlement dans la psychologie dulecteur. Le poète ou le philosophe qui inventent une idée sont donc toujours au-delà du langage, la preuve en est que les mots ne leur suffisent plus et qu'ils en créent de nouveaux.

Le conceptde néologisme traduit la volonté de vouloir sortir le langage d'une logique combinatoire.

Lorsque l'idée colle au mot(« compossible » chez Leibniz, « nouménal » chez Kant, « Dasein » chez Heidegger) n'est-ce pas que la nouveautén'est pas seulement transcendance d'un sens par rapport à ses moyens d'expression mais déjà nouveauté de cesmoyens eux-mêmes ? Ce serait donc s'enfermer dans un dogmatisme que de ne pas reconnaître la possibilité d'idées neuves, ilfaut refuser la chosification de l'idée, elle n'est pas une construction secondaire obtenue à partir de la matière. »

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