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Une religion peut-elle vouloir la tolérance ?

Publié le 03/01/2006

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religion
En ce sens, l'histoire de nombreuses religions se confond avec l'idée du prosélytisme plutôt qu'avec celle de la tolérance. Nous pouvons voir en effet que les religions révélées (celles qui ont été annoncées aux hommes par un prophète et un texte sacré) se sont efforcées de rallier à leurs convictions le plus grand nombre possible de « fidèles », de les réunir dans le sein d'une même croyance : croisades, évangélisations des jésuites jusqu'au Japon en sont l'exemple parmi beaucoup d'autres. Il ne s'agit pas de faire le procès de la religion, en l'accusant d'intolérance intrinsèque, mais de remarquer que la religion a plutôt parti liée avec l'association d'individus dans une croyance unique, plutôt que dans l'acceptation de croyances distinctes.   c.       Une religion révélée peut vouloir la tolérance, mais dans un sens faible de ce terme Cependant, au XXe siècle s'est développé un mouvement de réconciliation des religions révélées entre elles : pensons notamment aux rencontres organisées par Jean Paul II entre catholiques, protestants, juifs et musulmans. Ce type de mouvements oecuméniques prouve que la religion n'implique pas nécessairement l'intolérance, le rejet de la croyance distincte, mais qu'elle est compatible avec une acception affaiblie de la tolérance. En effet, la tolérance dont il est ici question se résume dans l'idée que la religion distincte a des points communs avec celle que l'on professe (le monothéisme en est un) qu'elle provient de la même source (l'ange Gabriel est commun à toutes les religions que nous venons de citer). Mais elle ne postule pas l'entière vérité, c'est-à-dire l'entière acceptation, de la croyance distincte de la sienne. La religion n'est donc pas incompatible avec l'idée de tolérance, mais la tolérance dont elle fait preuve est nécessairement partielle.   II.

Le mot religion vient du latin « religare « : ce détour par l’étymologie nous permet de voir que le propre de la religion est d’être une institution sociale dont l’une des fonctions est de « relier « les hommes (c’est le sens du verbe religare). Elle ne les relie pas comme le ferait une quelconque association d’individus mais dans le sentiment de l’existence d’une réalité surnaturelle, dépassant les hommes. Cette réalité est celle de la divinité, entendue (pour le dire avec une abstraction suffisante pour englober toutes les manifestations précises de cette idée) comme une force surnaturelle, infiniment sage et puissante, présidant aux destinées de l’homme et de l’univers.

La tolérance est le sentiment par lequel nous acceptons l’altérité. Cette altérité peut être ethnique (la tolérance devient alors l’inverse du racisme) de la différence culturelle (elle est alors le contraire de la xénophobie) mais aussi celle des croyances religieuses. La tolérance est dans ce cas l’acceptation d’une croyance distincte chez autrui, la liberté laissée à l’autre de croire et pratiquer son culte en toute liberté.

Nous nous demanderons si la religion peut vouloir la tolérance, qui suppose l’acceptation de l’altérité des croyances, alors que le propre de la religion est d’unir les individus dans une communauté de conviction.

 

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« Ce que nous venons de dire vaut pour ce que l'on nomme les « religionsrévélées ».

Mais la perspective est différente pour les religions morales : parreligion morale, nous entendons avec Kant « la connaissance de tous nosdevoirs comme commandements divins ».

En ce sens, la religion n'est quel'observance de règles morales universelles : une telle conception de lareligion veut absolument la tolérance, en tant qu'elle est elle-même une règlemorale. « La religion, qui est fondée simplement sur la théologie, ne saurait contenirquelque chose de moral.

On n'y aura d'autres sentiments que celui de lacrainte, d'une part, et l'espoir de la récompense de l'autre, ce qui ne produiraqu'un culte superstitieux.

Il faut donc que la moralité précède et que lathéologie la suive, et c'est là ce qui s'appelle la religion. La loi considérée en nous s'appelle la conscience.

La conscience estproprement l'application de nos actions à cette loi.

Les reproches de laconscience resteront sans effet, si on ne les considère pas comme lesreprésentants de Dieu, dont le siège sublime est bien élevé au-dessus denous, mais qui a aussi établi en nous un tribunal.

Mais d'un autre côté, quandla religion ne se joint pas à la conscience morale, elle est aussi sans effet.Comme on l'a déjà dit, la religion, sans la conscience morale, est un cultesuperstitieux.

On pense servir Dieu en le louant, par exemple, en célébrant sapuissance, sa sagesse, sans songer à remplir les lois divines, sans même connaître cette sagesse et cette puissance et sans les étudier.

On cherche dans ces louanges comme unnarcotique pour sa conscience, ou comme un oreiller sur lequel on espère reposer tranquillement.

» ¨ La loi morale est la condition de possibilité du « vrai culte », d'une religion authentique.

Dans le « faux culte », c'est la théologie (interprétation des écrits bibliques) qui est le fondement, la condition de possibilité de lamorale.

L'homme perd son autonomie rationnelle et devient le jouet des exégèses théologiques, des prêtresdevenus « fonctionnaires » (hétéronomie de la volonté).

On voit ici le danger que la religion ne sécrète son poison mortel : le fanatisme et l'impossibilité d'une amélioration de l'homme, assujettis au rang d'éternel« mineur ». ¨ Les sentiments de « crainte » (« Respecte la loi divine, si tu ne veux pas être damné ») , d'« espoir » (« Respecte la loi morale, . si tu veux être sauvé ») ne peuvent fonder que des « impératifs hypothétiques », cad des maximes conditionnées par l'égoïsme, l'intérêt ou que des moyens en vue d'une fin plus ou moins louable. ¨ Instrumentalisation des « Ecritures ».

Exemple : le Christ devient exemple de l'impératif catégorique, de la moralité en acte. ¨ A l'opposé de ces principes de prudence (éviter le malheureux, chercher l'utile) on opposera l'impératif catégorique (« Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne des autres, toujours comme une fin et jamais simplement comme moyen » ) qui commande de manière inconditionnée ce qu'il s'agit de faire.

C'est lui que Kant invoque sur les termes de « loi » et de « conscience » moral.

La postulation de l'existence de Dieu apporte consistance et relief à la conscience morale. L'homme ne pêche plus seulement contre sa conscience et devant l'humanité mais aussi contre la déité.

Si leremords devenu péché, faute est fortifié par l'existence de Dieu, il n'en demeure pas moins que la primauté, lefondement appartient bien au « tribunal » de la conscience avant celui du « Jugement dernier ». ¨ Pour synthétiser et en termes pascaliens, on peut dire, que la morale sans la religion, et comme le droit (raison) sans la force.

Et que la religion sans la morale est la force sans le droit (raison). Dans la préface de la première édition de la « Religion dans les limites de la simple raison », Kant affirme que la morale n'a nullement besoin de la religion : « La morale, qui est fondée sur le concept de l'homme en tant qu'être libre, s'obligeant pour cela même, par sa raison, à des lois inconditionnées, n'a besoin ni de l'Idée d'un Etre différent,supérieur à lui pour qu'il connaisse son devoir, ni d'un autre mobile que la loi même, pour qu'il l'observe. » Toutefois il existe entre la morale et la religion un rapport étroit, et nous avons vu dans la « Critique de la Raison Pratique » que l'idée de Dieu, si elle n'était pas nécessaire pour fonder la morale, se trouvait du moins fondée par elle. Les marques de la véritable Eglise sont : l'universalité, la pureté.

Elle doit être purgée de l'imbécillité de lasuperstition et de la folie du fanatisme » Toutefois, étant donné la faiblesse humaine , la pure foi religieuse ne suffit pas à donner une Eglise.

Les hommesn'arrivent pas à se persuader qu'il faut agir par devoir et que cela seul constitue l'obéissance à Dieu ; ils veulentservir Dieu comme on sert un grand seigneur dans le monde.

Si bien qu'une « religion culturelle » s'ajoute à la religion purement morale. Cependant les croyances de l'Eglise statutaire précèdent ordinairement la vraie foi, puisqu'elles servent à larépandre.

Et cela ne va pas sans danger.

Il est à craindre en effet que ces croyances ne finissent par se substituerà la vrai foi.

Aussi est-il nécessaire d'interpréter celles-ci au moyen de celle-là, de chercher la conformité de la foihistorique à la raison pratique.

Kant distingue la religion révélée et la religion naturelle.

Dans la première, je reconnais comme devoir ce que je sais être un commandement divin ; dans la seconde, au contraire, je reconnais. »

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