Devoir de Philosophie

Une société peut-elle se passer d'État ?

Publié le 20/03/2004

Extrait du document

La société peut se définir comme un milieu pour des êtres vivants. Elle est un ensemble d'individus entre lesquels existent des rapport organisés et des échanges de services. Ce groupe forme une réalité spécifique, irréductible aux individus qui le composent. L'Etat quant à lieu est une institution créée par l'homme afin de garantir des droits à ses membres et d'assurer leur sécurité. Dès lors, on peut se demander si le lien qui unit la société et l'Etat, dans la mesure où il s'agit des mêmes hommes est nécessaire. En effet, une société n'est pas une organisation sans ordre et sans règles. Elles sont le plus souvent le fruit de l'éducation, de la religion et des structures hiérarchiques. Dès lors pourquoi l'Etat ? Les théories du contrat fondent l'Etat sur la nécessité de dépasser l'état de guerre. Or une société l'a semble-t-il déjà dépasser. Pourtant, ce dernier n'est-il pas nécessaire quand une société devient trop nombreuse ou que le nombre de groupes qui sont autant de sociétés peut entraîner la ruine de toutes les sociétés. Il s'agit alors de comprendre et de saisir les liens et le rapport entre l'Etat et la société.

« raisons, l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la dominationd'une classe sur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] —l'ordre social.

D'où l'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avecquelques difficultés sur les moyens d'y parvenir. « L'ÉTAT, PRODUIT DE LA LUTTE DES CLASSES.» « L'origine de la famille... » vise à doter la pensée politique marxienne d'un fondement scientifique.

S'appuyant sur les données de l'ethnologie naissante, Engels souligne qu'il a existé des sociétés sans Etat, et affirme que seules la division du travail et la constitution de classes aux intérêts antagonistes rendent celui-ci nécessaire.

Ilentend rompre ainsi avec la conception idéaliste de l'État, et notamment la thèse hégélienne selon laquelle celui-ciest « la réalité effective de l'Idée morale ». En fait, Hegel ne niait pas que du point de vue de sa genèse, l'État fût lié au développement des tensions économiques, écrivant lui-même qu' « un véritable État et un véritable gouvernement ne se produisent que quand il y a une différence de classe, quand la richesse et la pauvreté deviennent très grandes et qu'il apparaît unesituation telle qu'un grand nombre de personnes ne peut plus satisfaire ses besoins comme il en avait coutume. » (« La Raison dans l'Histoire », p.

239).

Seulement, il considérait les contradictions sociales comme l'élément contingent à travers lequel s'accomplit progressivement l'essence de l'homme, autrement dit sa nature génériqued'esprit libre.

Pour Marx et Engels , Hegel a commis l'erreur d'identifier le réel à la Raison, car celle-ci n'est pas « la rose dans la croix du présent », mais l'avenir que l'humanité doit bâtir de ses propres mains, en détruisant les structures qui font du monde un lieu de misère et d'oppression.

La vie humaine possède bien sûr une rationalité, quin'est cependant ni proprement spirituelle, ni en elle-même positive.

Aussi le véritable réalisme consiste-t-il à lapenser en partant de ses déterminations les plus élémentaires. La thèse marxienne est que les institutions de la société et leur évolution procèdent non pas de la conscience del'homme, qui est un phénomène second, mais de sa vie matérielle, c'est-à-dire de ses besoins premiers et desconditions concrètes de la production (ressources, travail, technique, etc.).

« Les rapports sociaux , écrit Marx , sont intimement liés aux forces productives.

En acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changentleur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tousles rapports sociaux.

Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur, la société avecle capitalisme industriel .

» (« Misère de la philosophie », p.

119).

Les forces productives se développant, apparaît la division du travail, qui implique la répartition inégale des tâches et des produits, la « propriété privée », et finalement la contradiction entre l'intérêt de « l'individu singulier » et « l'intérêt collectif de tous les individu » (« L'Idéologie allemande », p.

31).

Dans le passé, tous les modes de production ont été caractérisés par l'opposition entre les détenteurs des moyens de production, qui forment la classe économiquement et politiquementdominante, et ceux qui, d'une manière ou d'une autre, en sont réduits à soumettre leur force de travail à autrui.Ainsi, loin d'avoir consisté dans les progrès de la liberté, l'histoire n'a été qu'aliénation, déchirement de la société etfragmentation de l'homme.

La désintégration de la communauté en un agrégat d'êtres incomplets et malheureuxculmine dans la société civile et l'État modernes, qui ne réconcilient nullement, comme le croit Hegel , l'unité politique et l'indépendance personnelle, mais constituent la forme de l'exploitation bourgeoise.

« Là où l'Etat politique est parvenu à son épanouissement véritable , affirme Marx , l'homme mène [ ...] une vie double, une vie céleste et terrestre : la vie dans la communauté politique où il s'affirme comme un être communautaire et la vie dans la sociétécivile, où il agit en homme privé, considère les autres comme des moyens, se ravale lui-même au rang de moyen etdevient le jouer de puissances étrangères. » (« A propos de la question juive », p.

350).

Pour Marx et Engels , l'État est donc l'expression du caractère conflictuel des rapports productifs et sociaux, et l'instrument par lequel«les individus d'une classe dominante font valoir leurs intérêts communs » (« L'Idéologie allemande », p.

74). Cette vision des choses est-elle en rupture avec l'idéalisme, comme ses auteurs le prétendent ? À son fondement, ily a l'idée que l'histoire est gouvernée par les contradictions des modes de production successifs, et notamment laplus déterminante d'entre elles, la lutte des classes, qui oriente peu à peu l'humanité vers le communisme, fin ultimede l'histoire des antagonismes sociaux, où la collectivité, débarrassée de l'exploitation économique et de ladomination politique associées au régime de la propriété capitaliste, organise la production conformément auxbesoins de tous, et où les individus, réconciliés entre eux et avec eux-mêmes, parce qu'ils travaillent désormais pourleur propre épanouissement, existent et agissent en toute liberté.

Bien qu'elle se veuille un « matérialisme dialectique », cette philosophie de l'histoire ne se démarque que superficiellement de ta métaphysique hégélienne du devenir humain.

Certes, d'après Marx et Engels , l'histoire universelle, qui est le mouvement de l'émancipation du travail, a pour élément principal, à chacun de ses stades, un type déterminé d'organisation de l'économie et desrapports sociaux, et pour moteur l'opposition des classes dominantes et dominées, tandis que pour Hegel , elle constitue le processus de libération de la conscience, dont les moments s'actualisent dans les esprits des peuples,grâce à la « ruse de la Raison », qui fait concourir les passions des particuliers et les actions des grands hommes au même principe nécessaire.

Mais au coeur de ces deux conceptions se trouve la conviction que l'histoire est ladialectique des formes de la vie sociale à travers laquelle s'opère la réconciliation de l'existence et de l'essencehumaines.

Pour Marx , en effet, l'homme est un être générique dont l'activité essentielle est le travail, mais dont l'existence réelle est déterminée par des institutions économiques et politiques qui réduisent celui-ci à des formesaliénées.

L'histoire, comme mouvement d'abolition de la propriété privée, et acte d'instauration du communisme, estla suppression de toute aliénation, et « l'appropriation réelle de l'essence humaine par l'homme et pour l'homme ». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles