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Une société sans conflits est-elle possible ? Est-elle souhaitable ?

Publié le 11/02/2011

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 Qu'une société sans conflits soit à la fois possible et souhaitable, qu'elle constitue simultanément un pôle réalisable et une visée axiologique portant sur des valeurs morales), qu'elle se donne à nous sous le double angle du possible et de l'estimable, ces thèmes semblent constitutifs d'un horizon social, politique et moral qui a marqué le xixe siècle, une grande partie du XXe siècle et, probablement encore, le champ culturel et « idéologique « de notre temps.     

« présente-t-il comme étant de l'ordre du désirable? Tel est le sens de l'intitulé du sujet, lequel pose problème.

Eneffet, toute société se définit comme un ensemble d'individus ayant des rapports organisés, comme le milieu humaindans lequel est intégré tout individu.

Or parler de rapports organisés, c'est évoquer en filigrane les inter-relationsdynamiques, donc conflictuelles, qui modèlent une structure sociale.

Le problème est donc de savoir si on peutmodifier l'organisation et les relations dans la société voire de transformer l'homme afin de supprimer les conflits. 2° Discussion A) Une société sans conflits est possible et souhaitable. Qu'une société sans conflits soit à la fois possible et souhaitable, qu'elle constitue simultanément un pôle réalisableet une visée axiologique portant sur des valeurs morales), qu'elle se donne à nous sous le double angle du possibleet de l'estimable, ces thèmes semblent constitutifs d'un horizon social, politique et moral qui a marqué le xixe siècle,une grande partie du XXe siècle et, probablement encore, le champ culturel et « idéologique » de notre temps. Ces thèmes pourraient certainement être évoqués dans la pensée utopique du XIXe siècle, mais on peut surtouts'attacher à souligner leur présence dans la réflexion marxiste qui, voyant dans l'histoire un mouvement orienté,analyse les contradictions et les conflits du capitalisme pour n'en souligner que mieux la nécessité de les dépasser.L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est celle de la lutte de classes et des conflits, des antagonismes et desclivages sociaux.

Oppresseurs et opprimés ont mené au sein de la société une guerre ininterrompue, tantôt ouverte,tantôt dissimulée, selon les formules fameuses du Manifeste du parti communiste.

Les conflits et les luttes declasses constituent donc pour Marx le nerf de l'évolution historique, comme en témoigne l'analyse de notre régimecapitaliste moderne, traversé par des contradictions de plus en plus violentes et où les oppositions de classes sesimplifient.

Néanmoins, si toute histoire est histoire des conflits et des luttes de classes et si toute collectivité estmue par eux, l'avènement d'une société les excluant est possible et souhaitable.

Examinons d'abord le problème dela possibilité: dépasser les antagonismes sociaux est possible parce que ces derniers résultent tout simplement decontradictions économiques, non point de quelque nature humaine indépassable.

C'est, par exemple, une situationéconomique provisoire (concentration de richesses d'un côté, paupérisation de l'autre) qui explique les antagonismessociaux de notre temps.

Les contradictions du système économique supprimées, une société sans conflits devientdès lors possible.

En somme, il y a des classes et des conflits de classes au sein de notre société parce qu'il y acapital et salariat.

La transformation des conditions économiques rend donc possible (et même nécessaire) unecollectivité sans conflits, une association excluant les classes et les antagonismes. Une société sans conflits est non seulement possible aux yeux de Marx, mais souhaitable.

Elle l'est parce qu'elleconstitue une exigence morale fondamentale, un règne des fins orientant toute l'action de l'homme.

En fait, leprolétariat incarne, aux yeux de Marx, la suprême dignité humaine et doit racheter l'humanité.

Ce que le prolétairedoit établir, c'est le règne de l'homme universel réconcilié avec la nature et avec lui-même.

Quand Marx dessine lafuture société sans conflits, il ne parle pas seulement d'un possible humain, mais de la plus grande espéranceéthique.

Le souhaitable sous son aspect le plus étonnant et le plus prodigieux se manifeste alors.

Le prolétaire nonseulement résout le mystère de l'histoire, mais incarne toute l'exigence éthique.

Une collectivité sans conflitsreprésente le plus grand idéal moral; aussi est-elle éminemment souhaitable.

Le communisme coïncide avec Yhumanisme et avec l'avènement de l'éthique, avec « l'éthique-réalisée ».

C'est dans cette perspective éthique (maisaussi, bien sûr, eschatologi-que, portant sur les fins dernières de l'homme) qu'il faut comprendre les célèbresformules : « Le communisme en tant qu'appropriation réelle de l'essence humaine par l'homme et pour l'homme, entant que retour de l'homme à lui-même à titre d'homme social, c'est-à-dire d'homme humain, retour complet,conscient et qui conserve toutes les richesses du mouvement intérieur, ce communisme...

coïncide avecl'humanisme : il est la véritable fin de la querelle entre l'homme et la nature et entre l'homme et l'homme » (Marx). Si le marxisme est pour l'essentiel cette idée que l'histoire est orientée, qu'il s'agit de dépasser les conflits et lesantagonismes pour atteindre un état d'équilibre, une société sans classes, néanmoins il n'est guère certain qu'unecollectivité non conflictuelle soit possible et éthiquement souhaitable, qu'elle puisse constituer un pôle de nos désirset de nos visées. B) Antithèse : elle n'est ni possible, ni souhaitable. • Que la société aille vers un état d'équilibre survenant comme une résolution des conflits présents, que toutes lesdiscordances sociales actuelles ou passées conduisent à leur dépassement, ceci, tout d'abord, ne semble guèrepossible : comment une société sans conflits, sans antagonismes, pourrait-elle achever l'histoire? S'il est une idéevalable philosophiquement, c'est bien celle de dialectique, comprise, au sens hégélien, comme ce mouvement deschoses et de la pensée où la contradiction, l'antinomie, le conflit, apparaissent les moteurs mêmes de la réflexion.

Ladialectique, au sens hégélien, c'est cette démarche rationnelle originale où la pensée se déploie de contradictions encontradictions, ces dernières étant chaque fois surmontées en une synthèse toute provisoire faisant surgir unnouveau conflit.

Bref, c'est le cheminement thèse-antithèse-synthèse, etc..., qui caractérise la dialectique.

Or l'idéedialectique est très importante en philosophie, mais il faut bien voir qu'il s'agit de l'appliquer correctement.

Dès lors,elle ne doit pas s'arrêter et, par exemple, historiquement, indiquer finalement la venue d'une société sans conflits.Une collectivité ignorant les antagonismes est donc impossible et impensable si nous utilisons judicieusement ladialectique.

Si l'on admet l'idée dialectique, il faut l'admettre totalement et, dès lors, ne plus introduirehistoriquement le thème d'une société non conflictuelle.

Si les termes antagonistes d'une situation historique etd'une société se surmontent dans une synthèse nouvelle, cette synthèse nouvelle (sans conflits) est toute. »

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