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Une théorie est-elle nécessairement scientifique?

Publié le 12/02/2005

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  Toute théorie est nécessairement scientifique car c'est justement le fait qu'elle soit scientifique qui lui confère le statut de théorie. Comment se forme une théorie : Tout d'abord, nous émettons une hypothèse, puis cette hypothèse est testée par l'expérience : nous mettons en pratique ce que nous avons déterminé théoriquement (par oral ou écrit), nous confrontons notre idée avec la réalité. Si ce que nous avons, par avance, déterminé par hypothèse a bien lieu dans l'expérience, alors l'hypothèse vérifiée devient une théorie ; cependant, si l'expérience réelle diffère de notre hypothèse, alors celle-ci est invalidée et une nouvelle hypothèse doit être mise en place pour tenter de trouver une théorie qui soit effective pratiquement dans le réel. Ainsi l'on comprend que seules existent des théories qui ont fait leur preuve dans l'expérience et dont le caractère scientifique a été vérifié. Ce qui confère à une hypothèse le statu de théorie c'est justement son caractère scientifique avéré grâce au test de l'expérimentation. Mais alors, est-ce à dire que le terme 'théorie non-scientifique' est un contresens ?   II.                Une théorie non scientifique est possible.   Popper nous montre que la détermination nécessairement scientifique ou non-scientifique d'une théorie dépend en réalité de la perception que l'on a de la science. En effet, si l'on considère que, ce que la science détermine comme vrai est éternellement vrai, alors la théorie est nécessairement scientifique, mais si l'on considère, comme lui, que toute théorie est vraie tant qu'elle n'a pas été démontrée fausse, alors toute théorie est toujours en sursis et la notion de vérité n'est pas fermée mais évolutive.

Qu’est-ce qu’une théorie ? Theôria, en grec signifie ‘vue de l’esprit, contemplation’. Mais alors qu’est-ce qui confère à une simple perception subjective et intrinsèque le caractère universel de l’élément scientifique ? Il semble qu’une théorie devienne scientifique lorsqu’elle est testée et approuvée. Autrement dit une théorie est soit à expérimentée (donc elle n’a pas encore le statu officiel de théorie) : c’est une hypothèse, soit vérifiée et donc scientifique. Mais alors est-ce à dire qu’il n’y a pas de théorie non-scientifique ? Qu’il y a-t-il donc dans l’essence de la théorie qui lui assure cette scientificité ? Quelle est sa définition ? Une théorie est un énoncé rationnel et logique dont le sens est vérifié dans l’expérience. Nous voyons par le champ lexical que les termes appartiennent aux mathématiques et qu’ils dénotent le caractère essentiellement scientifique de toute théorie. Mais alors, si toute théorie est scientifique, comment se fait-il que le sens commun emploie parfois le mot théorique pour désigner ce qui est impraticable et incertain : ‘Cela fonctionne en théorie’ ? Est-ce à dire qu’il peut exister des théories non prouvées scientifiquement qui ne seraient qu’une pure vue imaginaire de l’esprit, qui se tiennent par une logique interne non scientifique car non vérifiée dans l’expérience ?

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« de l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté. Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilement testés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » par l'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elleéchoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse. Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de nombreuses observations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être falsifié par l'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne le sont pas : « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience. » Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique, puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit, l'irréfutabilité n'estpas vertu mais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories comme le marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité desphénomènes qui se produisent dans leur domaine d'attribution, qu'aucun fait ne pourra jamais contredire. Prenons l'exemple de la psychanalyse.

N'est-ce pas une théorie qui échappe à toute épreuve qui pourrait la réfuter ? Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, au fond, pour lepsychanalyste, une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse,ne peut-elle pas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclutaucun fait de son domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de fausse science, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie. Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manière concluante.

Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience », cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation ».

Est vrai ce qui peut être falsifié. On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de la nature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découvertedes faits capables de l'infirmer.

L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établiedans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.

Les progrès se font par erreurs, par conjectures etréfutations.

On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux testsdestinés à l'invalider.

On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.

Ellepeut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation, lorsqu'un paramètre tend vers une valeurlimite.

Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton est englobée dans la théorie de la relativité généralisée de Einstein .

On peut même conjecturer que, sans être vraies, les théories nouvelles sont plus proches du vrai que celles qu'elles ont dépassées.

Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriqueset les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même. Toutefois ce n'est pas parce que certaines théories ne répondent pas à ce critère de falsifiabilité qu'il faut nécessairement les ravaler au rang de pseudo-sciences.

Il y a là une affirmation d'autant plus dogmatique quesavoir ce qu'est une science n'est pas décidable scientifiquement.

Il y a là aussi ce préjugé tenace que les sciencesphysiques sont le modèle de toute science, préjugés qui a freiné l'évolution des sciences humaines.

Voyons lacritique de la psychanalyse : elle est certes séduisante, mais elle oublie le statut particulier de cette théorie qui viseà formuler des « vérités » sur un objet qui est l'inconscient, objet qui ne fait pas sens dans le sens du discours que la conscience tient sur elle-même.

La théorie freudienne est liée à la découverte, par Freud , de son propre inconscient et de certaines dimensions qui se retrouvent dans l'inconscient de tout homme.

Comme le souligneLaplanche , « la psychanalyse personnelle est la voie royale pour accéder à quelque part de la vérité psychanalytique. » III. La théorie morale par essence non-scientifique. Kant explique que les théories morales ne peuvent se soumettre à l'expérience et qu'en cela elles sont non-scientifiques, mais pas pour autant moins bonne que les théories scientifiques.

Il montre en effet que la théoriepolitique de Platon dans La République est presque idéale.

Mais bien qu'inexpérimentable, il vaut tout de même la peine de la garder comme but, objectif à atteindre, car elle oblige l'homme a envisager la perfection et donc à sedépasser.

Les théories scientifiques s'avèrent réelles et efficaces, mais les théories non-scientifiques ont aussi leurplace dans l'évolution et le progrès du monde, non comme outil pratique que l'on peut utiliser dans l'instant, maisplus comme un telos , un but final parfait qui exige de nous un effort de dépassement perpétuel. Conclusion : - Selon les différentes conceptions que l'on a de la science une théorie peut être nécessairement scientifique, car c'est la science qui accorde ou non le statut de théorie à une hypothèse. - Mais si l'on considère que la vérité et la science sont des notions évolutives, alors une théorie non- scientifique est possible.. »

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