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Unité et pluralité des valeurs

Publié le 17/02/2004

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Pour finir enfin, on peut se demander si tolérer toutes les valeurs ne conduit pas au contraire à l'intolérance ? Est-ce une posture philosophiquement acceptable de tout accepter au nom de la diversité et de la pluralité des valeurs, au nom du respect de la différence ? Est-il en effet possible de tout justifier idéologiquement ? Faut-il viser la diversité ou peut-on, tout en respectant les valeurs d'autrui trouver une certaine unité animant l'ensemble des valeurs humaines?     Proposition de plan :     1- L'unité des valeurs comme morale qui règle mon action : Au-delà de la pluralité : une seule règle de conduite valable et transcendante. A première vue, on peut considérer l'ensemble des valeurs comme une unité propre à nous guider dans la vie, modèle de référence inébranlable qui nous permet de différencier le bien du mal et d'établir notre conduite par rapport à un critère objectif et idéal. Descartes considère ainsi les valeurs comme des normes indiscutables de la conduite. Kant propose une vision moraliste des valeurs humaines : selon lui, le bonheur ne peut être pris en compte pour déterminer les valeurs telles que le bien et le mal : la loi morale me dépasse, je reconnais en elle une autorité supérieure, celle de la raison. La morale traditionnelle impose un code de valeurs à suivre pour rester dans le droit chemin, pour atteindre le bien. Exemple : les commandements judéo-chrétiens qui fixent l'action à tenir.

 

Le problème de fond posé par cette question est un problème éthique et culturel. En effet, les valeurs incarnent le bien, l’idéal de référence. Il s’agit ici de déterminer si l’ensemble des valeurs qui régissent notre société peut se regrouper sous un seul modèle, un idéal unique dont la ligne de conduite serait unifiée et commune à toutes, c’est-à-dire animée d’un même mouvement idéologique, ou si au contraire, les valeurs n’ont pas de lien entre elles, restent indépendantes, défendant divers aspects, présentant une multiplicité d’arguments et d’orientations, fidèles à rendre l’image d’une communauté d’êtres humain animés par des sentiments divers, des attentes et des critères pluriels.

Parler de l’unité des valeurs, c’est sous-entendre que le système culturel et social est dominé par un seul modèle de pensée, qui oriente et influence tout le code éthique. Cela peut conduire à aborder en quelque sorte le domaine de la pensée unique, c’est dire qu’il y a une vérité bonne à suivre et que les autres ne sont pas valables. Mais c’est aussi dire que les valeurs, mêmes dans leurs différences, expriment l’essence d’un même idéal.

Parler de la pluralité, c’est aborder un modèle social différent, représentatif de la multiplicité culturelle existante, illustrant les nombreux idéaux, les différentes communautés culturelles et intellectuelles, les différentes prises de position.

En partant du principe que le bien est commun à tous, universel et donc unique et souhaitable par tous, on peut se demander si, en tant que modèles de référence à suivre ou à atteindre, normes du bon et du bien, les valeurs se doivent de présenter une unité. Ou bien, cette valeur du bien, modèle et norme à la fois, peut-elle s’incarner à travers des valeurs et des idéologies différentes, à travers la pluralité ? Peut-elle être relative à un contexte culturel et social particulier ?

Pour finir enfin, on peut se demander si tolérer toutes les valeurs ne conduit pas au contraire à l’intolérance ? Est-ce une posture philosophiquement acceptable de tout accepter au nom de la diversité et de la pluralité des valeurs, au nom du respect de la différence ? Est-il en effet possible de tout justifier idéologiquement ? Faut-il viser la diversité ou peut-on, tout en respectant les valeurs d’autrui trouver une certaine unité animant l’ensemble des valeurs humaines?

 

« Exemple : les commandements judéo-chrétiens qui fixent l'action à tenir.Cependant, l'unité des valeurs est-elle réelle ? Cette unité signifie-t-elle obligatoirement vérité et universalité ?Ne cache t-elle pas une manœuvre de la part de certaines classe sociales (exemple : la classe religieuse).L'unité des valeurs n'est-elle pas propre aux moralistes ? Cette approche prend-elle en compte la multiplicitéculturelle existante et le contexte social dans lequel évolue les hommes ? 2- La remise en question des valeurs universelles et d'un idéal unique : Nous articulerons principalement ce moment de la réflexion sur la position de Nietzsche par rapport aux valeurs et à la morale.La morale traditionnelle (devoirs et prescriptions) est en recul, enrégression.

Les individus acceptent de moins en moins de se soumettre àdes obligations extérieures, à des règles préétablies.

Ils considèrent qu'ilfaut tenir compte des situations.« Si Dieu est mort, tout est permis » Dostoïevski.

Sur quoi fonder sesrègles morales et ses valeurs ?Pour Nietzsche, il n'y a pas de valeurs préexistantes à l'action humaine,pas de normes préétablies.Les valeurs telles que le bien et le vrai sont relatives aux intérêts deceux qui ont pu imposer leurs choix comme universels.

Exemple : lareligion chrétienne qui privilégie les valeurs post-mortem sert ses propres intérêts en exerçant une pression sur les fidèles.Il s'agit d'une éthique de la responsabilité.

Ce sont nos choix quidéfinissent nos valeurs.

Un comportement est bien parce que nousl'avons choisi.Par exemple : dans la morale traditionnelle, la franchise est une valeur àrespecter.

Or, ici, si nous décidons d'être franc, alors la franchise estune valeur, si au contraire on décide de mentir, alors c'est le mensongequi devient une valeur.

Nous créons nos valeurs car nous sommes dansun monde désacralisé.Il n'y a pas de valeurs qui préexistent à nos actes et c'est en agissantque l'on pose une valeur.

Le rapport acte/valeur est inversé.

Quand on agit c'est parce que l'on pense que sonaction est préférable à toute autre.Ex : La chartreuse de Parme de Stendhal: L'amour et la passion ont plus de valeur que le respect des conditions sociales. 3- Cependant cette position pose aussi un problème.

En effet, est-il possible de justifier tous les actes ettoutes les valeurs au nom de la règle de l'individualité et du libre arbitre ? Claude Lévi-Strauss, rejette l'idée totalisante de la culture.

Refus de l'ethnocentrisme, il n'y a pas d'absolu etaucun système de valeurs ne peut être considéré comme supérieur.

Cependant cette position conduit aurelativisme.La position relativiste insiste sur la différence de cultures et de valeurs des sociétés.

Il ne faut pas juger lesautres systèmes sociaux par rapport au notre, il faut être tolérant.

Il n'y a pas de valeurs universelles.Or, c'est problématique car si tout se qui est décidé par un individu peut être considéré comme une valeur, quefaut-il alors penser des génocides tels que celui orchestré par les Nazis ?si toutes les cultures se valent, peut-on encore affirmer des valeurs ? Si tout est valeur, peut on encore parlerde valeur ?Il faut donc conserver un critère de jugement afin de déterminer le bien du mal.Dans la philosophie antique, le « Souverain Bien » est considéré comme la fin ultime visée par l'homme.

Lesvaleurs sont établies en fonction de cette quête.

Bien=bonheur=vertu.Ainsi, pour Platon : les valeurs sont des réalités idéales et transcendantes, qui dépassent l'être humain et quisont supérieures et indépendantes de l'arbitraire humain afin d'atteindre le Bien et le bonheur.On peut donc en conclure que la pluralité des valeurs et des choix enrichit une culture universelle, des valeursqui deviennent commune à la totalité de l'espèce humaine selon le critère vertueux du juste et du bien. Conclusion : Il semble donc que tolérer toutes les valeurs sans établir de distinctions entre les différents systèmes ne soit pasune position philosophiquement acceptable.

On ne peut tout justifier et tout accepter idéologiquement au nom de latolérance.

Cette position relativiste qui consiste à placer sur un pied d'égalité toutes les valeurs, s'achève au boutdu compte dans un déni de toutes les valeurs existantes, qui perdent de ce fait leur statut référentiel et idéal (c'est-à-dire leur statut de valeur) dans la pluralité, l'égalité et même la banalité qui les confrontent entre elles.Ainsi, même si l'on ne doit pas nier l'existence d'une pluralité de valeurs dues à la diversité culturelle, il existe uncritère qui conduit cet ensemble de valeurs vers l'unité : c'est le critère du Souverain Bien et du juste, commun àtous les hommes, qui doit guider leur action et sur lequel les valeurs humaines doivent se construire.. »

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