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Vie et oeuvre de Henri BERGSON

Publié le 09/07/2009

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bergson

— I — Vie. Bergson, dont Paul Valéry disait à l'Académie, qu'il était la « ... très haute, très pure, très supérieure figure de l'homme pensant, et peut-être l'un des derniers hommes qui auront exclusivement, profondément et supérieurement pensé, dans une époque du monde où le monde va pensant et méditant de moins en moins «... est né à Paris le 18 octobre 1859.

Après avoir été un brillant élève en sciences aussi bien qu'en lettres et avoir aussi facilement obtenu au Concours Général le Prix d'honneur de Rhétorique que le Prix de Mathématiques, il entre à l'École Normale Supérieure en 1878. Il a dix-neuf ans ; trois ans après il est reçu 2e au Concours d'agrégation devant Jaurès. Professeur d'abord à Angers, à Clermont-Ferrand, au Collège Rollin et au Lycée Henri-IV, il est nommé en 1898 maître de conférences à l'École Normale Supérieure, puis au Collège de France en 1900. En 1912, il fait à l'Université Columbia de New-York un cours public : « Spiritualité et Liberté «; mais après plusieurs missions dans le monde, la maladie qui depuis longtemps l'assaille, le paralysa partiellement avant de le terrasser le 4 Janvier 1941. Il était Grand Croix de la Légion d'Honneur et Prix Nobel de Littérature 1928, mais son convoi funèbre ne reçoit aucun hommage, car il meurt sous l'occupation et il était d'origine juive.

— II — Sa Philosophie. Quoique ces comparaisons soient impossibles au fond, étant donné l'anti-intellectualisme et l'anti-formalisme de Bergson, on peut comprendre Bergson à partir de Kant : Bergson croit à une réalité nouménale dont les phénomènes ne sont que traduction à notre usage ; cependant, essayant, comme Hamelin, de forcer l'inconnaissable kantien (que Kant reconnaissait comme perceptible à la conscience morale), il va admettre un mode particulier de connaissance par sympathie immédiate, qu'il appelle l'intuition ; et il pensera, influencé en ceci par le pragmatisme, que l'intelligence, organe naturel de l'action, concourt avec les habitudes actives et les besoins, à découper dans la réalité profonde, les objets de notre action.

 

  • "Nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent: la pensée demeure incommensurable avec le langage. (Essai sur les données immédiates de la conscience).
  • "Pour tout dire, nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons le plus souvent à lire des étiquettes collées sur elles." (Le Rire).
  • "La conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir." (Energie spirituelle).

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« du Monde, mais nous sommes en majeure partie Habitudes c'est-à-dire détentes d'élan.

Notre corps est un tissud'habitudes biologiques systématisées. L'intelligence est la plus récente invention biologique de l'élan vital.

Ses lois sont les habitudes de notre actionefficace.

Nous n'agissons efficacement qu'en localisant dans l'espace, et en attribuant aux corps ainsi localisés, despropriétés qui ne sont que l'objectivation de nos rapports possibles avec eux.

L'intelligence jette sur le monde leréseau de l'Espace infiniment divisible, de la logique et de la science, mais la « matière » est ainsi sa création.

Dansla trajectoire impressionnante de l'Élan vital en route vers sa réalisation dans l'Esprit, l'intelligence est la facetoujours tournée vers l'arrière qui totalise le chemin parcouru et qui agit sur le monde créé.

L'intuition, au contraire,nous fera assister à sa création. 3 — Le déterminisme s'oppose à la liberté, comme la quantité à la qualité, comme le monde immobile del'intelligence pragmatiste au monde mouvant de la Durée pure. Le déterminisme consiste à professer que l'Univers est systématique, que toutes ses parties, comme celle d'unemachine, sont liées les unes aux autres par des rapports nécessaires.

Le déterminisme dépasse le cadre desphénomènes et prétend s'appliquer aussi à l'homme : l'homme, fragment de l'Univers serait soumis à ses lois et sesactes doivent être prévisibles comme tous les faits. Faite pour construire des machines avec des éléments fournis par l'analyse, l'intelligence conçoit l'univers entier surle modèle d'une machine. Ceci semblera vrai si l'on juge l'activité humaine du dehors.

Après l'acte, et sur sa trajectoire morte, on vérifiera ledéterminisme.

Puis on invoquera les conditions anatomiques, les habitudes.

La liberté s'est enfuie.

Mais au lieu deconsidérer l'acte après coup, considérons l'activité en train de chercher l'acte à faire.

Plus l'acte sera unretentissement profond de la personnalité, moins il sera prévisible.

Par le choix entre plusieurs actes (égalementpossibles après coup quel que soit celui qui s'accomplira), le moi superficiel tissu d'habitudes touche au moi profond,jaillissant, imprévisible et intime, delà réalité-durée.

Dans sa richesse propre, son jaillissement, sa nouveauté, l'actepersonnel échappe à tout déjà-vu, donc à toute loi.

On ne peut pas dire que Bergson refuse le déterminisme, mais ilse place dans une réalité vivante dont le déterminisme n'est que le sommeil ou la fixation. La « quantité » de son côté convient essentiellement à la pensée abstraite puisqu'elle est la commune mesure detous les événements de l'Univers. La science quantifie pour prévoir, systématise dans un espace éternel sans tenir compte de l'histoire, temps vécu,durée.

Échec en philosophie, où la réalité est plus proche encore de la durée et où il n'y a (courant de conscience)ni éléments, ni unités, ni répétitions, ni identités. Nous avons tendance à transporter le concept d'espace géométrique partout et nous établissons des rapports degrandeur entre des états de conscience.

Mais revenons au réel, aux impressions elles-mêmes, avec l'intuition, nousconstaterons que chacune a sa qualité propre, irréductible, incomparable dans sa nouveauté vécue.

La qualité estun absolu montré par l'intuition. — III — La morale bergsonienne.

Alors qu'on attendait une morale pragmatique ou esthétique, l'ouvrage «Les Deux Sources de la Morale et de la Religion» en 1932, révèle à son tour les deux mouvements de l'élan vital : unmouvement d'élan, de création, et un mouvement de retombée, de matérialisation.

De même que l'évolutioncréatrice montre un jaillissement créateur de formes, retombant en « espèces »' définitives et fixes, de même il y a2 morales et 2 religions. 1 — La morale « close » est passive, imposée par la pression sociale, conformisme pur, elle se présente sous forme d'impératifs impersonnels et rationnels ; elle apparaît comme obligation à cause de notre liberté, mais elle est fondéeen fait sur la nécessité biologique, sur la structure d'une certaine « espèce » de société, elle varie d'ailleurs selonles structures et les sociétés. 2 — La morale « ouverte » est un élan sentimental de création du bien.

Elle s'incarne dans des « héros » ou des saints qui deviennent pour nous des modèles dans la voie infinie du Progrès moral (L'appel du héros).

C'est unemorale sans impératifs ni obligations, c'est une effusion du cœur.

Elle est personnelle, fondée sur l'exemple, sur lerayonnement de l'amour de l'Humanité.

Rompant les barrières sociales, elle s'oppose aux morales closes et auxnationalismes. 3 — La religion « statique » est, de même que la morale close, enfermée dans des habitudes et des rites.

Elle n'atteint que de faux Dieux créés par l'homme (magie).

A cette religion statique s'oppose la religion dynamique, quiest foi en l'Infini présent en nous et exigence d'oeuvres. Cette séparation n'est tranchée que pour l'analyse philosophique. Dans la vie morale quotidienne et dans la vie religieuse actuelle, les deux sources se mêlent, mais une des deuxseulement nous ouvre la voie du Progrès.. »

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