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Weber: La violence est-elle nécessaire à l'État ? ?

Publié le 11/03/2005

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Mais qu'est-ce donc qu'un groupement politique du point de vue du sociologue ? Qu'est-ce qu'un État ? Lui non plus ne se laisse pas définir sociologiquement par le contenu de ce qu'il fait. Il n'existe en effet presque aucune tâche dont ne se soit pas occupé un jour un groupement politique quelconque ; d'un autre côté il n'existe pas non plus de tâches dont on puisse dire qu'elles aient de tout temps, du moins exclusivement, appartenu en propre aux groupements politiques que nous appelons aujourd'hui États ou qui ont été historiquement les précurseurs de l'État moderne. Celui-ci ne se laisse définir sociologiquement que par le moyen spécifique qui lui est propre, ainsi qu'à tout autre groupement politique, à savoir la violence physique. Tout État est fondé sur la force disait un jour Trotski à Brest-Litovsk. En effet, cela est vrai. S'il n'existait que des structures sociales d'où toute violence serait absente, le concept d'État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce qu'on appelle, au sens propre du terme, l'« anarchie La violence n'est évidemment pas l'unique moyen normal de l'État, cela ne fait aucun doute, mais elle est son moyen spécifique. De nos jours la relation entre État et violence est tout particulièrement intime. Depuis toujours les groupements politiques les plus divers - à commencer par la parentèle - ont tous tenu la violence physique pour le moyen normal du pouvoir. Par contre il faut concevoir l'État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire déterminé - la notion de territoire étant une de ses caractéristiques -, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. Ce qui est en effet le propre de notre époque, c'est qu'elle n'accorde à tous les autres groupements ou aux individus le droit de faire appel à la violence que dans la mesure où l'État le tolère : celui-ci passe donc pour l'unique source du droit à la violence.

Max Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive, c'est-à-dire d'une approche sociologique qui fait du sens subjectif des conduites des acteurs le fondement de l'action sociale. Sa recherche sociologique se porte pour une grande part sur la religion, mais aussi sur le capitalisme, la domination, l’Etat. Ces objets sociaux sont étudiés dans l’œuvre de Weber en tant que contribuant à la rationalisation du monde moderne. Dans le texte étudié, Weber s’interroge sur ce qu’est l’Etat politique d’un point de vue sociologique. Devant la diversité et la pluralité des actions de l’Etat, le problème est de trouver une unité qui puisse permettre de délimiter l’essence même de l’institution étatique. Comment définir l’Etat sociologiquement, en terme d’action sociale, si ses actions sont multiples et hétérogènes ? La solution proposée par l’auteur ne se trouve pas dans la fonction propre de l’Etat, mais dans son mode de fonctionnement, qui seul permet de donner une définition générale de l’Etat. En posant la thèse que l’état se caractérise par son « monopole de la violence physique légitime «, l’enjeu de cette enquête est de comprendre le fondement de l’Etat, et ce qu’il implique, à savoir la distinction entre état de nature, hors de la société politique, et état politique. Comprendre l’Etat, c’est comprendre son rapport à l’individu.

 

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« sans qu'il n'y en ait aucun qui prévale ou soit nécessaire.

Par conséquent, si l'institution politique ne fonde aucunenécessité dans l'ordre des actions, ou plutôt, du but à atteindre, il en résulte qu'on ne peut donner une définitionuniverselle, c'est-à-dire valable dans tous les cas, à la notion d'Etat, en terme de principe causal.

On ne peut définirl'état par sa cause finale, c'est-à-dire son but, et l'action qu'il entreprend à cette fin. 2ème partie : Solution : définir l'état non par sa fonction mais par son mode propre de fonctionnement, la violence. S'il est impossible de définir l'Etat, comme le cherche à faire la sociologie, par son action propre, en terme de but,puisqu'il n'en a pas de spécifique, il s'agit de chercher ce qui est commun à tous les Etats, et qui pourrait permettrede retrouver une définition universelle de l'Etat.

Pour l'auteur, il faut considérer le mode propre de fonctionnementde l'Etat, c'est-à-dire non plus son action finale (la fin visée) mais son moyen d'action, en terme de processus.

Siles actions finales effectuées par les différents Etats existants ou ayant existés sont diverses et variées, enrevanche il apparaît que toutes reposent sur un même principe d'action : la violence physique, pour Weber. Le principe de l'Etat ne se pense pas en terme de finalité, mais en terme d'essence, pour l'auteur.

Ainsi, il affirmesous l'autorité de l'homme politique Trotski, que « tout Etat est fondé sur la force ».

La violence est à ce pointessentielle et inhérente au concept d'Etat que l'Etat ne peut être sans la violence.

C'est cette force physique quiinstitut donc l'Etat pour Weber, et qui est le seul prédicat essentiel de sa définition.

En effet, Weber concède quel'Etat peut avoir d'autres modes d'être que la violence, mais ces derniers ne sont que annexes et non nécessaires,tandis que la violence est indispensable pour qu'existe l'Etat, elle est son « moyen spécifique ».

L'auteur parvientdonc à une définition universelle de la notion d'Etat relative à son « moyen », son mode de fonctionnement, qui faitpartie de son essence même, et cela, de tout temps, précise l'auteur.

Ce « moyen », c'est la violence, autrementdit, la force coercitive exercée par l'Etat pour l'exercice de son pouvoir.

La notion de « violence » utilisée parl'auteur s'inscrit donc dans l'idée de domination.

L'Etat s'exerce par la violence en tant qu'il domine les citoyens quile constituent, et qu'il est en position de force et de supériorité sur eux, qui lui sont soumis comme des sujets à leurmaître.

La violence dans ce contexte n'est autre que le pouvoir, la puissance et la domination.

Ce n'est donc pasnécessairement une violence en acte, mais une violence en puissance. 3ème partie : Définition de l'état moderne par rapport à l'exercice de la violence. L'auteur poursuit en extension sa définition de l'Etat relativement à son moyen spécifique, c'est-à-dire, l'exercice dupouvoir, en s'intéressant particulièrement à l'Etat contemporain.

Celui-ci est une communauté humaine qui dans leslimites d'un territoire donné, exerce le monopole de la violence physique légitime.

Ainsi, non seulement la violencephysique est spécifique à l'Etat, mais encore elle lui est exclusive.

L'auteur signifie que seul l'Etat a le droit d'exercerla violence, lui seul y est légitimement autorisé.

Weber s'inscrit dans la conception hobbesienne de l'Etat commegrand « Léviathan », qui seul possède le glaive qu'il peut lever sur ces citoyens (en cas d'infraction aux lois) oudiriger vers les autres Etats (en cas de guerre), mais au sein duquel tous les hommes ont déposé leurs armes et nesont plus que des sujets soumis, dont le seul droit est d'obéir aux lois. - La seule violence ne pouvant venir que de l'Etat, ou bien elle s'exerce comme violence de l'Etat sur les individus,ou bien ce sont les individus qui l'exercent directement, mais en tant qu'autorisés par l'Etat.

Les individus peuventdonc relayer la violence détenue par l'Etat, dans le cadre de l'application des sanctions instituées pour manquementaux lois, par exemple.

La seule violence légitime en effet est celle qui émane de l'Etat, donc des lois. Cette hégémonie de l'Etat sur les individus lié à son monopole de la violence permet donc la suppression de laviolence au sein de l'Etat.

L'homme n'est plus dans l'état d'une guerre de « tous contre tous » comme il l'aurait étéhors de toute société, dans l'état de nature imaginé par Hobbes, mais, soumis à la seule force de l'Etat, il est àl'égard de ses semblable dans un état de paix instituée à laquelle il ne peut déroger, car c'est alors que la violencephysique propre à l'Etat s'actualisera pour sanctionner le hors-la-loi qui a tenté d'usurper la force particulière à l'Etatqui en est le seul propriétaire légitime. C'est ainsi que Weber peut dire que le droit à la violence ne peut provenir que de l'Etat, et non d'un individuparticulier. Conclusion : L'Etat ne se définit pas selon ses actions, c'est-à-dire sa fonction propre en tant que fin visée, car d'un Etat àl'autre, les tâches sont très diverses, et toute action peut être à un moment donnée du ressort de l'Etat.

Enrevanche, ce qui semble commun à tous les Etats politiques quels qu'ils soient, c'est le moyen utilisé pour parvenir àces diverses fins.

Pour Weber, l'essence de l'Etat politique, c'est la « violence physique », non pas en acte, mais enpuissance, c'est-à-dire, sa force de domination, son pouvoir coercitif.

C'est en tant que maître de la contrainte surautrui que l'Etat se spécifie, et sans ce pouvoir, il ne saurait exister d'Etat.

En outre, la violence est non seulementle principe essentiel au fondement de l'Etat, qui permet de le définir, mais il est aussi le propre de l'Etat, et n'estdonc pas un prédicat coextensif à un autre sujet qu'à l'Etat.

L'Etat à donc le monopole de la violence physiquelégitime, et c'est avec cette définition que l'on peut alors commencer une analyse de la société politique et descomportements individuels, qui ne répondent plus à des principes naturels mais à des normes sociales fondées sur ceprincipe du pouvoir étatique.. »

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