Devoir de Philosophie

Y-a-t-il dans la vie morale un conflit entre les sentiments et la raison ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

morale
La raison consiste à comprendre le monde en vertu de principes abstraits et universellement reconnus. Elle est la clé de notre connaissance dans la mesure où c'est bien elle qui légitime notre pensée. La raison correspond, en fait, à l'ensemble des idées innées qui nous ouvrent à la connaissance; elle est cette dimension suprême qui nous rapproche des universaux. Ainsi de nombreux philosophes des Lumières en reprenant la pensée de Francis Bacon, s'accordaient à dire que le savoir scientifique devait être utilisé pour édifier une nouvelle société idéale, fondée sur les valeurs du progrès social, de la tolérance et de l'obéissance à la volonté générale. Cependant, d'autres philosophes, comme Emmanuel Kant, y verront très vite les limites de la raison. Kant refusait de croire à l'utopie des Lumières. Pour lui, les principes rationnels ne peuvent conduire à la connaissance que lorsqu'ils sont correctement appliqués. Dans la vie morale, la raison serait donc une clé pour comprendre les règles et les principes qui régissent notre bonne conduite. Ainsi, chaque action serait qualifiée de morale si elle remplit les conditions de la raison, autrement dit, si elle s'insère dans le cadre des universaux, des idées. On peut ici rappeler la notion d'Idée platonicienne selon laquelle une chose se définit par rapport à son Idée, à son essence, à ce qu'elle est dans l'absolu, dans la mesure où elle se rapproche de cet idéal. Prenons l'exemple de l'action de tuer. Pourquoi ne faut-il pas tuer ? Selon les principes de la raison, l'action de tuer n'est pas morale puisqu'elle va à l'encontre du principe absolu de l'humanité de l'homme. La raison est donc bien un support à l'ensemble des principes et règles qui constituent la vie morale. Nous venons de voir que l'action de tuer n'était pas une action morale. Cependant, lorsqu'un malade souffre sur son lit, tout en sachant qu'il va bientôt mourir, sa volonté d'être euthanasié ne vient-elle pas bousculer ce principe même de la raison ? L'action de donner la mort, dans ce cas, à une personne qui demande d'être libérée de sa souffrance n'est-elle pas morale ? Certes le débat reste aujourd'hui ouvert à ce sujet, mais oserait-on à l'inverse affirmer que l'action morale serait dans ce cas de laisser le malade souffrir ? Au contraire, cette situation suscite une émotion plus vive qui dépasse les principes rationnels : il s'agit du sentiment de pitié et de compassion (du latin passio qui signifie "souffrir "), de la volonté d'aider et c'est justement pour cela que les sentiments semblent aussi avoir un rôle dans la vie morale.
morale

« sont exclus de l'analyse criticiste de la morale.

Kant retient uniquement le respect par rapport à la loi.

Toutefois, ilne considère pas ce dernier comme un sentiment au sens que nous l'avons entendu jusqu'à présent.

Dans saCritique de la raison pratique, il écrira au chapitre “Des mobiles de la raison pure pratique” à la page77, “le respect pour la loi morale est un sentiment qui est produit par un principe intellectuel, et cesentiment est le seul que nous connaissons parfaitement à priori, et dont nous pouvons apercevoir lanécessité”.

Il en ressort que pour Kant, le respect n'est pas une inclination du pathos.

Pour Kant, le respectne peut être un principe du devoir.

C'est cependant le seul sentiment qui puisse être liée à l'idée de devoir sanstoutefois le fonder.

Il n'y a donc pas de véritables sentiments à même de nous déterminer à la moralité, autrementdit, la loi morale détermine l'action morale puisqu'elle provoque en nous “un sentiment favorable à l'influencede la loi sur la volonté” et c'est ainsi que la morale apparaît comme la pure législation de la raison.D'autre part, il convient de s'intéresser à la théorie cartésienne des passions de l'homme.

En effet, Descartesconsidère aussi que la rationalité constitue le fondement de la moralité par l'intermédiaire d'une théorie du jugementet d'une réflexion sur la hiérarchie des perfections.

Dans son traité des Passions de l'âme, il définit les passionscomme des états de l'âme, à savoir, des perceptions voire des sentiments qui tirent leur origines des actions ducorps.

Ces passions sont gouvernées par ce qu'il appelle les esprits animaux, c'est à dire une sorte de matièresubtile circulant dans les nerfs et reliant l'âme au corps.

Les passions ont chez Descartes une fin utile, celle deconserver le corps et c'est dans cette mesure qu'elles sont toutes bonnes.

Cependant leur maîtrise est à l'image dela nature, gouvernée par des lois dont le mécanisme renferme le secret des interactions entre l'âme et le corps.

Cemécanisme commun à bien des systèmes est la clé de la théorie cartésienne.

En effet, c'est uniquement par lamaîtrise des passions, maîtrise acquise par habitude, que l'homme est à même de modifier l'orientation desmouvements du corps et ainsi d'atteindre la véritable sagesse cartésienne, selon laquelle le savoir de soi confère unpouvoir sur soi.

Descartes introduit dans cette visée volontariste le terme de générosité, la qualifiant de “cléde voûte de toutes les vertus”.

En effet, la générosité vue ici comme le sentiment d'estime de soi, induitd'une part une prise de conscience de notre libre-arbitre infini et d'autre part implique la constante résolution d'enbien user.

Et c'est justement grâce à ce libre-arbitre dont le bon usage consiste à prendre le parti de la raison, quela valeur suprême de l'homme apparaîtra.

Et c'est en cela que la philosophie cartésienne se démarque de la théoriekantienne dans la mesure où elle n'exclut pas totalement les sentiments de la vie morale.

Ainsi, les passions neseront pas éradiquées, mais domestiquées dans le sens qu'elles seront soumises à la raison.

Toutefois, même sicette sagesse, souvent considérée comme la morale définitive de Descartes, montre déjà que raison et sentimentsne sont pas incompatibles, ce dernier tout comme Kant, reste profondément rationaliste, la raison étant pour luiseule capable d'expliquer l'ensemble de règles et de principes à l'origine de la vie morale. Cependant, si certains philosophes s'accordent à dire que le sentiment ne peut pas jouer un rôle fondateur dans lavie morale car considéré comme un obstacle à l'exercice de la vertu, d'autres philosophes défendent la morale dusentiment.

Ceux-ci considèrent que les distinctions morales sont fondées dans l'expérience ou du moins, lesjugements de valeurs.

Ces courants conteste les théories rationalistes de la morale, et ce, de deux manièresdifférentes.D'une part, ce point de vue anti-rationaliste fut partagé par certains empiristes anglais.

Adam Smith, dans saThéorie des sentiments moraux considère que lorsque nous fondons un jugement sur nous-mêmes - en éprouvant duremord par exemple -, ce jugement n'est jamais direct mais passe forcément par l'oeil du spectateur impartial, du“moi social” comme le commentera Bergson.

Ce célèbre spectateur impartial est un autre pourchacun de nous, un autre qui nous renvoie nos jugements moraux, eux-mêmes qui se constituent dans l'expérienceet dans la vie sociale.

Notre jugement est donc fondé sur le regard que la société empirique porte sur nous.

PourAdam Smith, il y a dans la nature de l'homme un principe d'intérêt pour ce qui arrive aux autres, ce principe étantantérieur à toutes les passions, à l'intérêt personnel.

Il s'agit de ce qu'il appelle la sympathie.

Il existerait donc unprincipe supérieur aux autres, la sympathie, qui, grâce au travail de l'imagination, permettrait à terme une sortie del'individu hors de lui-même et donc une communication affective des sentiments.

Selon Smith, “il est doncévident que la source de notre sensibilité pour les souffrances des autres est dans la faculté que nous avons denous mettre par l'imagination à leur place, faculté qui nous rend capables de concevoir ce qu'ils sentent et d'en êtreaffectés”.

Cet échange intersubjectif des sentiments qu'engendre la sympathie crée un jeu entre l'auteur del'action et son bénéficiaire et c'est ainsi que se fixent progressivement, et indépendamment de la raison, des règlesstables qui constituent la morale.

L'ensemble de règles et de principes généraux qui forme la morale découlent doncde notre faculté intellectuelle à distinguer le bien du mal, qui, dans une suite d'expériences particulières nous apermis d'approuver ou au contraire de désapprouver certaines actions, autrement dit, c'est cette expériencerépétée d'approbations et de désapprobations fondées sur le principe de la sympathie qui nous a conduit à fixer desrègles morales.Quant au philosophe David Hume, il défend également une thèse anti-rationaliste dans son Traité de la naturehumaine ainsi que dans son Enquête sur les principes de la morale.

La raison apparaît alors à la fois indifférente,inapte à produire un jugement de valeur face à un acte en particulier et impuissante, inapte à déclencher par elle-même une action de réponse, et ce, dans la mesure où elle est, du point de vue des empiristes anglais, une purecapacité de l'esprit.

Pour Hume, la participation aux autres est à la base de tout jugement moral, autrement dit,tout dépend des rapports de réciprocité observés dans la société et dont parle aussi Adam Smith.

Tous deuxrefusent la distinction entre jugement de fait et jugement de valeur et considèrent que chaque action implique unsentiment d'approbation ou de désapprobation.

La philosophie de Hume est une antithèse des théories cartésienneet kantienne.

Le philosophe anglais affirme ainsi qu'on peut voir le bien sans être incliné à le faire.

Il y a alors unehétérogénéité entre raison et sentiment comme entre volonté et représentation.

Pour Hume, la raison ne possèdeaucun pouvoir de volonté, aucun moyen d'action à l'inverse de Kant pour qui les intérêts nous poussent à agir maisne doivent pas être les seuls mobiles de notre action morale.Enfin, après les antithèses de Smith et de Hume, il convient d'analyser un point de vue beaucoup plus radical que. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles