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Y a-t-il des concepts proprement philosophiques ?

Publié le 27/02/2008

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Il y a donc une dimension de composition dans la philosophie qui correspond à un travail de la langue, on avance dans la pensée en avançant dans la langue.   II-Informer le langage.               Sans poser un monde des idées qui serait au-delà du langage et des idées qui chercherait à s'incarner dans des mots déjà disponibles, il faut reconnaître qu'il existe des hiatus dans le langage, des insuffisances, des creux à combler mais qui ne se comblent que par une avancée du langage sur lui-même. L'idée n'excède donc la langue que le temps de construire un nouveau mot.             Mais le philosophe n'est pas roi au sens ou il dominerait sa langue et l'informerait à volonté, sa pensée ne vole pas au dessus des mots et si elle peut pousser à en créer de nouveaux elle est en générale toujours déjà prise dans le langage commun. Dans le Dictionnaire européen des philosophes Badiou montre (à l'article « français ») que les genres philosophiques sont à mettre en rapport avec les langues, ainsi l'anglais est la langue de l'empirisme (Locke, Hume) notamment parce que c'est une langue descriptive, nuancée. Le français une langue politique parce que le vocabulaire est pauvre et que la syntaxe, la persuasion y est donc primordiale.             Un philosophe comme Merleau-Ponty insiste sur le fait qu'il n'y a pas de hiatus entre la pensée et le langage, que nous sommes toujours déjà pris dans l'étoffe de la langue et qu'il est naïf de distinguer un monde de la pensée et un monde de la langue. Pourtant il est intéressant de lire ses notes de travail (publiées à la suite du Visible et l'invisible et qui devaient en constituer l'achèvement), elles témoignent en effet de la difficulté de l'auteur pour exprimer ses pensées dans sa propre langue, il est obligé de passer par l'allemand et même d'improviser en allemand pour travailler sa pensée.          III-Le concept et le problème de la nouveauté.

Demander s’il y a des concepts proprement philosophiques c’est vouloir d’une certaine manière, prendre la mesure de la philosophie : est-elle une discipline qui parle un langage commun ou produit-elle, à l’occasion, son propre vocabulaire ? N’est-ce pas de là, de sa technicité, de ce qu’elle possède justement ses propres termes, qu’il est difficile de pénétrer dans la philosophie ? S’il y a des concepts seulement philosophiques, est-ce le signe d’un repli, de la philosophie sur elle-même, ou bien d’une tentative, qu’elle partagerait peut-être alors avec l’art, d’exprimer plus que ne le permet le langage commun ? Mais cet excès du vocabulaire philosophique sur celui de la doxa est il nécessaire à toute entreprise philosophique, autrement dit la philosophie n’a-t-elle lieu que dans la rupture avec le langage du sens commun ? En réalité sortir du langage ce n’est pas ce qui intéresse le philosophe, ce qui l’occupe c’est de forcer celui-ci, de lui donner la forme même de sa pensée.

 

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