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Y a-t-il des fondements naturels a l'ordre social ?

Publié le 09/01/2006

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Couramment, l'entreprise de justification d'un ordre social donné consiste à le faire dériver de nécessités naturelles et, partant, à le présenter comme le seul ordre possible, les autres types d'ordre ayant existé ou existant recevant dès lors un statut d'ordres « ratés », incomplets, immatures, etc. C'est d'ailleurs d'un même mouvement que l'on pose un ordre social comme le seul ordre possible (la seule façon rationnelle et logique d'organiser la société) et qu'on lui attribue des fondements naturels. Une approche critique d'une telle justification est nécessaire pour tout citoyen qui se propose de réfléchir sur la société dans laquelle il vit, et notamment sur les différentes relations de pouvoir (rapports de force ou de domination, inégalités, etc.) qui déterminent son fonctionnement. Les facteurs sociaux de l'inégalité (raciale, socio-économique, culturelle) sont-ils, par exemple, l'effet de déterminismes naturels ? Est-il légitime de fataliser les guerres, l'injustice, la misère, comme on semble le faire si souvent ? Redéfinir les rapports réels entre le naturel et le social, c'est dégager aussi clairement que possible le champ d'intervention des hommes eux-mêmes, et leur « rendre » la maîtrise d'un devenir social (ou d'un ordre social) qui trop souvent est pensé comme un enchaînement inéluctable, réglé de toute éternité par des déterminismes naturels (cf. plus loin la rubrique « histoire »). Montrer, par exemple, que les nécessités « naturelles » qui fondent la vie sociale (s'unir et se diviser le travail pour mieux vivre, gagner en loisirs et en sécurité, etc.) ne sauraient en aucun cas justifier une hiérarchisation des hommes, une exploitation de l'homme par l'homme (ou d'un peuple par un autre), c'est inciter à distinguer ce qu'on croit pouvoir « tirer de la nature » et ce qu'en tout état de cause il faut bien attribuer à un type particulier de devenir social (ou de société).

L'expression y a-t-il situe la question posée au niveau du fait (= existe-t-il effectivement). La notion de fondement recouvre, de façon générale, ce qui soutient (matériellement) ou justifie l'existence de quelque chose. Le fondement peut donc s'entendre au sens propre (assise, origine effective) mais aussi au sens figuré (légitimité). Quant à la notion d'ordre social, elle désigne soit l'aspect structuré de toute vie sociale (sens large : organisation sociale en général), soit la réalité particulière d'une certaine société, organisée et structurée d'une façon spécifique. Cette ambivalence est d'importance pour la signification du sujet, puisqu'elle détermine en fait deux directions de réflexion. Quant à la distinction social/naturel proposée ici, elle prend une signification toute particulière dans le contexte de l'énoncé. On a l'habitude de voir dans le naturel, en tant qu'il s'oppose au social, ce qui est premier, originaire, donné d'emblée dans la disposition et la constitution initiales du monde. En ce sens, le naturel serait de l'ordre du présocial, du permanent et de l'originaire. Se demander si un ordre social, ou l'ordre social en général, peut relever de « fondements naturels « c'est donc s'interroger tout à la fois sur sa pérennité et sa nécessité, son origine effective et sa légitimité. Mais il faut noter qu'en raison de l'ambivalence de la notion d'ordre social, signalée plus haut, une telle interrogation donne lieu à deux recherches qui ne sont peut-être pas séparables (peut-on dissocier la conception de l'ordre social en général d'une étude différentielle des organisations sociales particulières ? Tout ordre social singulier ne se présente-t-il pas, dans l'idéologie qui s'efforce de le justifier, comme la seule réalisation possible de l'ordre social en général, comme l'Ordre social par excellence ?).

« Les besoins organiques de l'homme...

poursuivent les impératifs fondamentaux qui conduisent audéveloppement de la vie sociale ? Faudra-t-il traiter avec loyauté le fait que certaines tribus pratiquent laliberté, d'autres la chasteté prénuptiales, sous prétexte que ces coutumes se ramènent à une seule fonction,qui est d'assurer la permanence du mariage ? » Instincts et Institutions, texte n° 6, Classiques Hachette. lecture Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité. plan indicatif 1.

Remarquer le caractère paradoxal de l'énoncé : « fondements naturels de l'ordre social », ainsi que le faitqu'on puisse envisager plusieurs fondements.

Tenter de donner sens à ce qui apparaît, pour le moins, commeparadoxal. 2.

Mettre à jour ce qui peut paraître aller dans le sens d'une réponse positive à la question (notamment toutesles recherches qui tentent d'appréhender le passage de l'homme de l'état naturel à l'état social ?). 3.

Mettre à jour ce qui peut paraître aller dans le sens d'une réponse négative à la question (tout en mettanten évidence les implications qu'une réponse négative (ou positive) peut avoir concernant un certain nombre deproblèmes culturels, sociaux ou politiques).

Introduction En considération du règne animal, l'on peut noter la manière dont certaines espèces s'arrangent des sociétés, danslesquelles chaque individu est mis à contribution pour la bonne santé de l'ordre établi.

Il suffit de jeter un coup d'œilsur une ruche d'abeilles, ou sur une fourmilière, pour comprendre que la finalité sociale est nécessaire à leurexistence, ainsi qu'au projet de la perpétuation de la vie (l'abeille pollinise et permet ainsi la reproduction végétale).Ce projet de la nature s'avère fécond en mettant à contribution (à la tâche incessante) de petites ouvrières quisacrifient leur vie pour le tout, pour l'ordre social.

En considération par contre de cet animal particulier qu'estl'homme, les choses ne tendent pas aussi facilement vers le même constat.

En effet, selon les théories annoncéesau cours de l'histoire quant à la genèse d'une organisation social, d'un Etat, on s'aperçoit que le sujet humain n'estpas naturellement fondé à se lier à autrui.

C'est bien plutôt le désordre qui semble régner dans ce qu'on appelle« état de nature ».

Cependant, peut-on espérer entrevoir en l'homme une essence au moins partiellementexpressive d'une forme d'appartenance à un groupe, ou reste-t-il le jouet de faits culturels, artificiels, seulecondition pour une coexistence sociale ? I.

Que l'homme est par nature un être social. a.

Citons : « […] La politique, telle qu'elle a été créée par les Grecs, a été la mise en question explicite de l'institution établie de la société – ce qui présupposait […] qu'au moins de grandes parties de cette institution n'ontrien de « sacré » ni de « naturel », mais qu'elles relèvent du nomos (de lois, non de la nature).

» (C.

Castoriadis, inLe monde morcelé , le Seuil, 1990, p.

125 et 126).

On comprend par là que depuis l'Antiquité grecque, la politique (la gestion de la cité, donc d'un ordre social) est une histoire humaine.

Quant à savoir si cette histoire« institutionnelle » prend sa source en l'homme, en tant qu'il est par nature sociale, c'est bien ce qu'affirmeraAristote .

Pour les Grecs, ce que nous concevons sous les termes de société et d'Etat se confond dans l'unité de la Cité (polis), communauté politique où l'animal humain, doué de raison, déploie ses aptitudes en vue du bonheur.

Lacité est donc le mode spécifique du vivre-ensemble humain, et Aristote la qualifie à ce titre de « naturelle ».

Lacondition sociale est une détermination que l'homme partage avec les animaux ; ensuite que la société n'est pasplus le fruit d'une convention que la famille et le village, et qu'elle se constitue comme prolongement et commeachèvement de ceux-ci : il y a bien une naturalité génétique de la cité.

Mais la cité est naturelle aussi en tant quemilieu d'accomplissement de la nature humaine.

Les hommes ont besoin d'elle pour satisfaire leurs besoins et vivreheureux.

En effet, le bonheur se construit à travers la production, l'action ou la contemplation menée de façonexcellente, c'est-à-dire rationnelle.

Et la coordination consciente de ces différentes sphères d'activité est l'objetmême de la communauté politique.

La destination de l'homme est donc naturellement la cité : « L'homme est parnature un animal politique ».

Celui qui pense pouvoir être en retrait d'une communauté est « soit une bête soit undieu ».

(cf.

Politique , Livre I).

L'homme tend donc par nature vers une communauté.

Hannah Arendt critiquera cette conception de l'homme politique par nature.

Elle affirmera que la politique n'est pas un attribut inhérent àchaque homme, mais qu'elle naît « dans l'espace qui est entre les hommes, donc dans quelque chose defondamentalement extérieur à l'homme » ( Qu'est-ce que la politique ? point, p.

43).

Hobbes déjà avait bien vu ce point crucial. II.

Vers un fondement rationnel, « contractuel », de l'Etat : Hobbes a.

Hobbes est à juste titre considéré comme l'un des premiers penseurs de l'État moderne ; son ambition fut d'élaborer une théorie rationnelle du pouvoir.

Bien avant Rousseau, Hobbes montre que l'Etat trouve sa légitimitédans la notion de contrat social que retiendra la philosophie politique moderne.

Il fait passer la souveraineté(absolue), critère essentiel de l'Etat, du prince au peuple.

Hobbes est un des premiers philosophes à introduire l'idée. »

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