Devoir de Philosophie

Y a-t-il quelque chose qui puisse valoir qu'on y sacrifie sa vie ?

Publié le 20/03/2006

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■ Mots clés

• valoir : avoir de l'intérêt, de la valeur, mériter. Valeur : caractère de ce qui est désirable, qui répond à une aspiration de la conscience. Ce mot, en philosophie, « est généralement pris dans une acception morale pour désigner ce qui donne des normes à la conduite « (G. Durozoi et A. Roussel, Dictionnaire de la philosophie, Nathan, p. 341). • sacrifier : mettre à mort, offrir, immoler. • se sacrifier : se dévouer, se donner, s'oublier. • vie : existence.

► La vie, la nature nous proposent des fins, des buts, des valeurs. Tout être vivant reconnaît dans le milieu qui l'environne ce qui lui convient et ce qu'il fuit. Pour les chats, les souris ont de la valeur, l'eau en a moins. Les lézards recherchent la chaleur, et les hommes, d'une manière générale, le bonheur, c'est-à-dire une vie en accord avec leur nature. C'est à l'intérieur du phénomène de la vie que, semble-t-il, le monde prend sens et valeur. Il paraît donc impossible de reconnaître l'existence de valeurs supérieures à la vie, au nom desquelles celle-ci pourrait être sacrifiée. Il serait contradictoire pour une valeur de nier ce qui est à son principe. N'est-ce pas toujours en vue de la vie, de plus de vie, d'une vie meilleure qu'il convient de faire des sacrifices ? Il est vrai que l'on peut aller jusqu'à sacrifier sa vie et que cet acte représente toujours aux yeux des hommes une dimension héroïque. Y aurait-il en l'homme quelque chose qui soit supérieur à sa vie, à son être naturel, qu'il pourrait préférer à la présentation de sa vie ? Ou bien est-ce la vie qui, dans certaines circonstances, décide elle-même que la mort est préférable ?

« « Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou tellevolonté puisse user à son gré ; dans toutes ces actions, aussi bien danscelles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d'autresêtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme unfin.

Tous les objets des inclinations n'ont qu'une valeur conditionnelle ; car, siles inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas, leur objet seraitsans valeur.

Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont sipeu une valeur absolue qui leur donne le droit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être le souhaituniversel de tout être raisonnable.

Ainsi la valeur de tous les objets à acquérirpar notre action est toujours conditionnelle.

Les êtres dont l'existencedépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ontcependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeurrelative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les nomme des choses ; aucontraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leurnature les désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelquechose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen, quelque chosequi par suite limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (etqui est un objet de respect) ». Kant , « Fondements de la métaphysique des moeurs ». Dans « Les Fondements de la métaphysique des moeurs », Kant définit la notion de personne, faisant ainsi de l'homme comme personne morale un être qui n'a pas de prix, mais est digne de respect car il possède une valeurabsolue : « Dans le règne des fins tout a un prix ou une dignité » : ce qui a un prix, ce sont les choses, qui s'échangent et se remplacent ; ce qui a une dignité, ce sont les personnes. Kant prétend ne rien avoir inventé en morale, mais avoir « seulement » éclairci, porté au concept une connaissance de la morale que tout homme possède même sous forme embrouillée et obscure. « Si l'on demande quelle est donc à proprement parler la pure moralité, à laquelle [...] on doit éprouver la valeurmorale de chaque action, alors je dois avouer que seuls les philosophes peuvent rendre douteuse la solution decette question ; car dans la raison commune des hommes elle est, non à la vérité par des formules généralesabstraites, mais cependant par l'usage habituel, résolue depuis longtemps, comme la différence de la main gauche etde la main droite. » (« Critique de la raison pratique ») Dans « Les Fondements », Kant part de la connaissance commune de la morale, pour parvenir à sa formulation philosophique.

Ce faisant, il est le premier à établir philosophiquement la notion de personne.

Celle-ci provient d'unedouble lignée.

Elle est en premier lieu une notion juridique, héritée du droit romain : une personne est un être « sui juris », pourvu de droits, par opposition à l'esclave.

Elle est en second lieu une notion religieuse, héritée en particulier du christianisme, pour lequel chaque homme a une valeur et une dignité égale devant Dieu, quel que soitson statut social. Kant oppose les personnes aux choses.

Les choses sont des objets naturels (objets ou animaux) qui ont un prix, sont interchangeables.

L'homme en tant qu'être moral, capable de se donner ses propres lois au lieu de subir seulement celles de la nature, n'a pas de prix mais une dignité.

Leschoses ont une valeur relative (à nos besoins, nos inclinations, nos sentiments), les personnes ont une dignité, elles n'ont littéralement pas deprix. «Dans le règne des fins tout a un prix ou une dignité.

Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quelqueautre chose, à titre d'équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n'admet pasd'équivalent, c'est ce qui a une dignité. » Enfin, si l'être humain a une dignité, une valeur absolue et non pas relative, l'une des formules qui dicte l'action à lavolonté se délivre ainsi : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» Je ne peux considérer ni mon propre individu, ni autrui comme un simple moyen à mon usage, mais chaque humainest digne de respect. Kant commence par remarquer que rien ne peut être dit absolument bon, bon sans restriction, si ce n'est une volonté bonne.

En effet, l'intelligence, la persévérance, toutes les qualités humaines ne sont dites bonnes que sous la condition qu'on les utilise bien, cad qu'elles soient dirigées parune intention droite.

C'est donc la pureté de l'intention qui s'efforce de bien agir, la « bonne volonté » qui seule est inconditionnellement bonne. Or, une volonté bonne est une volonté régie par le devoir, capable d'agir sans tenir compte des intérêts personnels, de l'égoïsme, des motifssensibles. Cette rectitude du devoir se dévoile quand l'homme agit par principe, dans une situation où toute sa sensibilité etses intérêts tendraient à le faire déroger à ces principes, même s'il n'est pas sûr que son acte sera couronné desuccès.. »

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