Y a-t-il un bien et un mal ?
Publié le 23/02/2004
                            
                        
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                                                                    Comment ? Que serait-ce si le contraireétait vrai ? Si,  dans  l'homme  "bon", il y  avait  un symptôme  derégression,  quelque chose comme  un danger,  une séduction,  unpoison, un narcotique qui ferait peut-être vivre le présent aux dépensde l'avenir  ? d'une  façon  plus agréable,  plus inoffensive,  peut-être,mais aussi dans un style plus mesquin, plus bas ?...
                                                            
                                                                                
                                                                    NIETZSCHE
Citer La Généalogie  de la morale  dans un sujet  sur la morale  (D'oùviennent nos idées du bien et du mal ?)Pour Nietzsche, le «bien» et le «mal» ne sont pas des valeurs absolues.Elles ont une histoire, une généalogie oubliée qu'il s'efforce de retracer.Nietzsche est un penseur du soupçon: il faut trouver quels processusse cachent  derrière ce qui paraît  bien établi  et immuable.
                                                            
                                                                                
                                                                     La moraleordinaire, qu'elle soit d'origine religieuse ou philosophique, voit dans lefait  d'être  bon avec  son prochain  quelque chose de profitable  àl'individu et au  genre  humain.
                                                            
                                                                                
                                                                     Nietzsche  renverse cette conceptioncommune, trop commune: il en propose une lecture médicale: c'est un«symptôme».
                                                            
                                                                                
                                                                     Le symptôme  d'un affaiblissement  de la force  vitale  et	créatrice de l'individu.
                                                            
                                                                                
                                                                    Être «bon», pour Nietzsche, c'est en fait renoncer à la partie la plus vivante de soi.
                                                            
                                                                                
                                                                    Lescréateurs, ceux que Nietzsche appelle les «forts», ne sont ni bons ni mauvais, ils «sont» simplement, et ilsdonnent à leur être une intensité d'existence supérieure à celui qui se prétend «bon» et se sent meilleur queles autres  à bon  compte.
                                                            
                                                                                
                                                                     La morale  est donc  pour Nietzsche  comme une maladie,  une «régression»,  un«narcotique».
                                                            
                                                                                
                                                                    Essayer  d'être bon, c'est essayer  d'endormir ce qu'il y a en soi de plus  singulier et de  plusintéressant
Citer La Généalogie de la  morale dans un sujet sur le désir  («L'homme peut—il s'élever  au—dessus de sesdésirs ? »)Pour Nietzsche, on ne sort jamais du désir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les moralistes (Platon, les stoïciens, le christianisme, Kant...) onttous condamné  le désir: pour eux, le désir  est ce que l'homme  doit dominer  pour parvenir  à la  vertu et,éventuellement, au Salut.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais pour Nietzsche, la force qui permet de surmonter un désir est elle-même del'ordre du désir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce désir, Nietzsche l'appelle «volonté de puissance».
                                                            
                                                                        
                                                                    Présente à l'état pur chez les «forts»,les grands créateurs, elle s'exprime chez les «faibles» sous la forme du ressentiment.
                                                            
                                                                                
                                                                    Aussi, prétendre être«bon», prétendre atteindre à la vertu ou à la sainteté, et croire que l'on s'est mis au-dessus de ses désirs, cen'est en fait qu'exprimer une autre forme de désir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Culpabiliser les forts de leur force, c'est la ruse que lesfaibles, les prêtres, les professeurs de morale, emploient pour dominer les forts.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce désir du non-désir a luiaussi sa puissance:  il n'est qu'en apparence «plus  inoffensif».
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais c'est une forme froide  et perverse.
                                                            
                                                                                
                                                                    Undésir moins beau que la simple force poétique de celui qui ignore la différence entre le bien et le mal.
Citer La Généalogie  de la morale dans  un sujet sur l'existence  et le temps («  Devons—nous vivre  pour leprésent ou pour l'avenir?»)L'idée de «bonté», pour Nietzsche, fait vivre le présent «aux dépens de l'avenir».
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est-à-dire qu'elle affaiblitl'avenir: l'humanité s'est dégradée avec l'avènement des valeurs morales, tout autant qu'avec la prétention àla rationalité  et à la  science,  qui vont  de pair  avec  l'affaiblissement  des singularités.
                                                            
                                                                                
                                                                     Pour Nietzsche,l'humanité est malade de ses prétentions à l'universel.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais dire que le présent vit aux dépens de l'avenir, celaveut aussi dire  que le présent  est mis dans la  dépendance  de l'avenir.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est le présent  lui-même qui estaffaibli.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par exemple, lorsque l'individu se satisfait de sa condition misérable dans l'espoir d'une vie meilleuredans un autre monde.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ou lorsqu'il se sacrifie dans l'idée que son sacrifice est bon pour l'avenir de l'humanité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ilfaut vivre, pour Nietzsche, comme si le temps devait se répéter, dans un «éternel retour».
                                                            
                                                                                
                                                                    Il faut intensifierl'existence  autant qu'il est possible.
                                                            
                                                                                
                                                                     Celui qui diminue  son présent  nuit aussi  à son  avenir,  les deux  sontindissociables et c'est un mauvais calcul, aussi bien de sacrifier son présent pour un avenir supposé meilleur,que de sacrifier son avenir (sa force créatrice à venir) pour adoucir le présent.
Ni bien ni mal en soiL'universalité  des valeurs  ne préexistent  pas en l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     Nous ne naissons  pas avec  l'idée  du bien  déjàinstallée en nous.
                                                            
                                                                                
                                                                    Nous ne pouvons nous référer à aucun bien ou aucun mal absolu.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est l'homme qui crée sesvaleurs, il a l'entière responsabilité de ses actes.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est lui qui juge, selon sa propre échelle, ce qui est bien etce qui est mal..
                                                                                                                    »
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