Y a-t-il un devoir de mémoire ?
Publié le 17/01/2022
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- Le devoir est une notion morale. On appelle devoir l'acte qui revêt pour moi la forme d'une obligation. Pour le sujet qui est obligé, le devoir se caractérise par son aspect impératif : «Il faut«. D'autre part, le devoir fixe mes obligations envers moi-même et envers autrui. Quand on doit quelque chose à quelqu'un, le caractère de l'obligation témoigne que l'on considère autrui comme un autre sujet avec lequel il faut compter.
- La mémoire est, au sens psychologique, la conservation momentanée ou durable d'une donnée des sens. Au sens philosophique, la mémoire ne signifie pas une simple capacité de stockage des informations. Elle est la prise en charge du passé de l'humanité à travers la succession des générations. En elle se manifestent les témoignages de respect et les égards que l'on rend aux morts. Il existe aussi d'autres types de commémorations collectives, par exemple, la célébration d'événements historiques (comme les fêtes nationales, les victoires). Par là, la mémoire prend une dimension morale.
Bref, y a-t-il un devoir de mémoire ?
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Les persécutions contre les Juifs ayant été un phénomène récurrent dans l'histoire européenne, le souvenir del'Holocauste doit être entretenu afin que les générations futures sachent où peuvent conduire de telssentiments.
On sait que la haine et le racisme se nourrissent de l'ignorance et de l'oubli.
Il faut se souvenir pour ne pas répéterPar extension, on peut parler de devoir de mémoire à propos de tout événement tragique que l'on veut éviterde voir se répéter.Pour la culture de chaque homme, la référence au passé est constitutive.
Pascal, dans la préface du "Traité sur le vide", rappelait que tout nouveau progrès ne fait qu'enrichir unsavoir qui se construit de génération en génération, y compris parfois àtravers des remises en question radicales.
Le devoir de mémoire, laréférence à la tradition n'excluent pas, bien au contraire, ledépassement critique et le progrès.
Nous devons sauver de l'oubli«Dans l'universelle amnistie morale depuis longtemps accordée auxassassins, les déportés, les fusillés, les massacrés n'ont plus que nouspour penser à eux.
Si nous cessions d'y penser, nous achèverions de lesexterminer, et ils seraient anéantis définitivement.
Les morts dépendententièrement de notre fidélité», dit Vladimir Jankélévitch.
L'oubli est unedeuxième mort pour les victimes.
L'oubli serait comme un consentementaux atrocités commises durant l'histoire.
Se souvenir serait comme unacte de résistance à la barbarie humaine.
[L'oubli est une faculté naturelle de la mémoire.
On ne peut pas se forcer à se souvenir.
L'oubli est unphénomène vital pour la mémoire.
Il faut savoir oublier pour progresser.
On ne peut se complaire dans lepassé ni être obsédé par les mauvais souvenirs.
La mémoire étant spontanée, on ne peut l'obliger à se rappeler.]
Il faut oublier pour progresserL'élucidation des fondements du devoir de mémoire appelle aussi une analyse critique et différentielle de ce quidistingue la mémoire requise de la mémoire néfaste.
Tournant à l'obsession, à l'impossibilité de saisir lanouveauté radicale, lorsque celle-ci advient, la mémoire ne peut faire l'objet d'aucun devoir.
Peut-être mêmey a-t-il, en aucun cas, un véritable devoir d'oubli, pour libérer la conscience des pesanteurs inutiles ou desanalogies trompeuses.
Nietzsche mettait en garde contre le ressassement et le ressentiment; et Valéry, àpropos de l'Histoire humaine, attirait l'attention sur le danger des analogies qui constituent à interpréter leprésent à partir du passé, cad à plaquer le passé sur le présent..
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