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Y a-t-il un ou plusieurs temps ?

Publié le 07/01/2006

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temps
Nombreux sont les philosophes à s'être posés la question du temps. Il semble en premier lieu intuitif de qualifier le temps d'unique : en effet, nous sommes tous réglés sur le même mode de calcul du temps qui passe, sur la même horloge. Nous évoluons dans le même espace temps, ce qui nous permet d'interagir. Mais lorsque nous y réfléchissons, nous pouvons aisément concevoir que le temps soit subjectif, propre à chacun. Il faut alors être vigilant quant à la définition du terme « subjectif », pour ne pas supposer un monde chaotique où chacun vivrait selon son propre temps.   I Temps de la science, temps de la conscience  Bergson oppose le temps de la science au temps vécu, qu'il nomme « sentiment intérieur de la durée ». -Temps de la science : universel, objectif, mesurable ; c'est le milieu dans lequel nous évoluons, mais qui n'existe spécifiquement pour personne car il est propre à tous. C'est une réalité concrète sur laquelle nous n'avons pas de prise : les aiguilles d'une montre. Ce temps n'appartient ni au monde extérieur ni à notre esprit. Il existerait, même si le monde ou notre esprit n'existaient pas.

Nombreux sont les philosophes à s’être posés la question du temps. Il semble en premier lieu intuitif de qualifier le temps d’unique : en effet, nous sommes tous réglés sur le même mode de calcul du temps qui passe, sur la même horloge. Nous évoluons dans le même espace temps, ce qui nous permet d’interagir. Mais lorsque nous y réfléchissons, nous pouvons aisément concevoir que le temps soit subjectif, propre à chacun. Il faut alors être vigilant quant à la définition du terme « subjectif «, pour ne pas supposer un monde chaotique où chacun vivrait selon son propre temps.

temps

« Le temps désigne le milieu dans lequel se déroulent les événements successifs.

Or ce milieu implique nécessairement l'idée de partiesdistinctes puisque contrairement au passé qui n'est plus, ou au futur qui n'est pas encore, le présent a une réalité actuelle.

Cela ne veutpourtant pas dire qu'il y ait plusieurs temps, mais simplement que le temps comporte plusieurs parties.

De même, on peut envisager qu'ily ait plusieurs mesures possibles du temps, suivant l'unité de mesure que l'on adopte.

Par exemple les Egyptiens ne divisaient pas le jouren vingt-quatre portions (d'une heure) comme nous le faisons mais en douze.

Pourtant qu'il y ait plusieurs mesures du temps ne signifietoujours pas qu'il y ait plusieurs temps, mais seulement qu'on peut saisir le temps de différentes manières, tout comme on peut prendreplusieurs photos d'un même paysage sans que ces diverses prises de vue implique que le paysage soit en lui-même multiple.

Laquestion de la pluralité du temps se pose donc véritablement à un niveau ontologique : elle suppose que le temps existe réellement, en soi, et que cet écoulement puisse être soit unitaire soit pluriel.

Le problème devient dès lors de savoir en quoi nous pouvons statuer surla nature de cet écoulement absolu, puisque les mesures que nous effectuons du temps sont toujours relatives (à un référentiel donné ouà une unité de mesure).

De plus il n'est pas évident que le temps puisse toujours être appréhendé comme une chose homogène, divisibleen unités égales.

En effet un tel temps suppose que les instants se succèdent indéfiniment de la même manière.

Or le temps subjectif dela conscience ne se distingue-t-il pas avant tout par son caractère qualitatif (avec des instants qui paraissent plus longs que d'autres enfonction de telle ou telle situation) ? I.

Il y a plusieurs temps relatifs, mais un seul temps absolu.

Il semble bien que tous les événements se déroulent dans un même temps, sans quoi il nous serait impossible 1) de coordonner nos actions avec celles des autres, ce que nous pouvons faire 2) de planifier nos actions en anticipant sur le cours des événements.

Maisla mesure du temps que nous utilisons pour ce faire est relative à des unités de mesure qui se basent sur des événements déterminéscomme les phénomènes astronomiques.

Or on sait maintenant que les phénomènes astronomiques tels que la durée de rotation de laTerre sur elle même, ou la révolution de la Terre autour du Soleil, n'ont pas une durée absolument constante, et ne sont donc pas unsupport fiable pour définir une unité de temps.

En effet, la rotation de la Terre sur elle-même ralentit à cause des effets de marée de laLune, tandis que l'orbite de la Terre autour du Soleil se modifie du fait que le Soleil perd de la masse en raison de son rayonnement desurface.

Est-ce une raison de penser qu'il y ait plusieurs temps, qui seraient relatifs à des mesures du temps ? Cela voudrait dire que letemps n'existe pas en soi, mais seulement de par la mesure que l'on introduit dans la succession des phénomènes.

Dans les Principes mathématiques de la philosophie naturelle , Newton montre qu'une telle conception repose sur l'idée que le temps dépend du mouvement.

Or Newton montre que si c'est effectivement le cas pour le temps relatif (qui n'est appréhendable que par le mouvement qui permet lamesure), ce n'est pas le cas du temps absolu, ou mathématique.

Il faut en effet selon Newton distinguer le temps de ses mesuressensibles.

Le temps mathématique est absolument uniforme et unique, de même qu'il n'y a qu'un espace absolu.

Il faut donc dire qu'iln'y a qu'un seul temps absolu, mais plusieurs temps relatifs.

Dans son être le temps est un, et ce n'est donc que dans les mesures quel'on en prend qu'il comporte une multiplicité. II.

Le temps dépend d'un continuum spatio-temporel, et varie donc en fonction de ce tout dont il n'est qu'une dimension Si Newton peut dire qu'il n'y a qu'un temps absolu, c'est qu'il conçoit le temps et l'espace absolus comme deux dimensionsindépendantes l'une de l'autre, qui forment le cadre dans lequel se déroulent tous les phénomènes.

Or dans la théorie de la relativitérestreinte, Einstein montre que l'espace et le temps ne sont pas indépendants l'un de l'autre, car ils appartiennent à un même tout àquatre dimension : l'espace-temps.

La conséquence est alors qu'on ne peut plus isoler un temps absolu, car le temps dépend de laposition et de la vitesse des observateurs situés à l'intérieur de cet espace-temps.

Par exemple un observateur qui évoluerait dansl'espace-temps à une vitesse extrêmement élevée, proche de celle de la lumière verrait le temps se dilater ou se ralentir.

On peut alorsconsidérer qu'il y a bien plusieurs temps, et non pas simplement plusieurs mesures du temps.

Et s'il y a plusieurs temps, c'est parce quele temps n'est pas une dimension isolable de l'espace et de la vitesse d'un objet dans l'espace-temps.

En droit on ne peut donc jamaisremonter à un temps absolu, qui serait totalement indépendants de ces paramètres.

C'est donc parce que le temps n'existe pasindépendamment de se relation aux vitesses et à l'espace qu'il ne saurait être un.

III.

Le temps de la conscience n'est pas réductible au temps objectif des choses.

Nous avons jusqu'ici envisagé le temps comme une succession d'instants quantifiables objectivement.

La question était alors cellede savoir s'il y a en droit une quantification absolue et donc unique de l'écoulement du temps, ou si cet écoulement peut être susceptiblede multiplicité.

Mais on peut aussi considérer qu'il y a un temps subjectif, c'est-à-dire un temps tel qu'il est vécu par le sujet, qui n'estpas réductible au temps objectif tel qu'il est appréhendé par exemple par les horloges.

De fait, en fonction des situations, chacun peutfaire l'expérience que le temps semble passer plus ou moins rapidement.

Le temps de l'attente, pénible, semble se dilaterinterminablement, tandis que les situations agréables entraînent un sentiment de contraction du temps (ça passe trop vite).

La questiondevient alors de savoir s'il faut accorder à ce temps de la conscience une forme de réalité.

Dans la deuxième section de Etre et temps , Heidegger a montré que l'être humain (le Dasein ), se caractérise essentiellement par son rapport au temps.

En effet l'être humain contrairement aux autres êtres vivants, peut se rapporter à sa propre mort.

Il évolue donc dans un temps qu'il sait être limité, fini.

Orc'est en anticipant sur cette fin que l'être humain vit pleinement son être, puisqu'il peut alors choisir ce qu'il veut être dans le présent, enayant conscience qu'il n'est pas un être éternel.

Ce rapport à un temps fini, que l'on peut dire subjectif, est pour Heidegger le plusfondamental, et le temps objectif (infini puisque l'on peut tirer la ligne du temps à l'infini) est un temps que l'intellect humain tire dupremier par abstraction.

On doit donc reconnaître qu'il y a plusieurs temps au sens où le rapport que les hommes ont au temps estd'abord marqué par la finitude du temps (liée à leur propre caractère mortel).

Le temps infini (ou plutôt indéfini, c'est-à-dire que l'on peutparcourir sans jamais atteindre une fin), est une abstraction du premier.

Or ces deux temps sont différents, puisque l'un est homogène etquantifiable, parce que fait d'une succession d'instants identiques, tandis que l'autre est avant tout qualitatif (c'est parce que l'hommedécide de ne pas fuir l'idée de sa mort qu'il peut habiter sa temporalité finie).

On doit donc dire qu'il y a au moins deux temps, celuisubjectif de la conscience, et celui objectif que l'on peut mesurer.

Conclusion Nous avons vu que le fait que le temps puisse donner lieu à plusieurs mesures différentes n'implique pas nécessairement qu'il yait plusieurs temps.

En effet on peut penser qu'il n'y a qu'un temps absolu, et que les diverses mesures ne sont que des vues prises surce temps absolu.

Pourtant le bouleversement qu'amena la théorie de la relativité dans la physique oblige à admettre que le tempsobjectif ne peut pas être unique est absolu, et qu'il faut donc accepter qu'il admet une pluralité.

Mais cette pluralité qui marque le tempsobjectif se redouble encore si l'on considère que le temps subjectif de la conscience est irréductible au temps objectif de la physique.

Ilfaut donc admettre qu'il y a plusieurs temps, mais qui ne différent pas également entre eux : le temps subjectif de la conscience diffèrede celui objectif des choses, plus qu'aucun temps objectif ne peut différer d'un autre.. »

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