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Le romantisme

Publié le 07/04/2015

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A la fin du XVIIIème siècle, la politique napoléonienne d'expansion militaire provoque en Grande Bretagne un fort ressentiment anti-français, qui conduit au refus du rationalisme des Lumières et du néoclassicisme. C'est pourquoi l'on choisit comme nouveau modèle culturel le Moyen Age, période de l'histoire dans laquelle on considère que la civilisation anglo-saxonne plonge ses racines. En architecture on voit, par conséquent, l'affirmation du néo-gothique, style considéré comme emblématique du Moyen Age, et adopté pour la construction du Parlement de Londres et de Big Ben, la célèbre Tour de l'horloge.

Dans ce contexte idéologique et politique naît, en fait, une nouvelle tendance culturelle appelée romantisme, terme dérivé de l'adjectif anglais Romantic qui qualifiait le caractère aventureux du roman de chevalerie, situé au Moyen Age.

Au cours de ces mêmes années, en Allemagne, la volonté politique de retrouver les origines de la civilisation allemande dans une optique nationaliste, également anti-française, conduit à la revalorisation du Moyen Age et à l'affirmation du romantisme. A Iéna, les frères Schlegel théorisent une nouvelle conception de l'art, conçu comme don divin. Le philosophe Schelling, dans son essai de 1807 sur Les Arts figuratifs et la Nature, instaure un nouveau rapport entre l'art et la nature. Pour l'idéalisme hégélien aussi, l'art est le premier degré à travers lequel l'esprit acquiert la conscience de soi et la Nature est une manifestation de l'esprit.

C'est à partir de ces fondements philosophiques que la description du milieu naturel, le paysage, devient le sujet préféré de nombreux peintres romantiques.

L'un des principaux interprètes du paysagisme romantique est l'allemand Caspar David Friedrich. Les grandes forêts couvertes de neige, la mer du nord pendant la tempête, sont les points de départ poétiques de nombreux de ses tableaux, non plus exécutés avec un tracé net comme celui des néo-classiques, mais avec des coups de pinceaux rapides et une plus grande liberté dans les touches de couleur, accentuant ainsi les effets de lumières et de contre-jour. Le style d'un autre grand paysagiste, l'anglais Joseph Turner, est encore plus indifférencié, à la limite de l'informel.

Par rapport à la nature, les artistes semblent avoir deux attitudes distinctes, que le philosophe Emmanuel Kant a définies dans la Critique de la faculté de juger de 1790 comme sentiment du Sublime et sentiment du Pittoresque. Lorsque les forces de la nature tendent à écraser l'homme et à lui faire peur, tout en suscitant une sorte d'exaltation esthétique, alors ce qui prévaut, c'est le sens du Sublime qui caractérise les tempêtes en mer ou la tourmente de neige peintes par Friedrich et Turner. Au contraire, un paysage de printemps, les prés en fleurs traversés de ruisseaux où l'homme se trouve en symbiose harmonieuse, sont l'expression du Pittoresque que l'on peut parfaitement saisir dans les tableaux de l'anglais John Constable.

On peut considérer comme le précurseur d'une esthétique du Sublime l'anglais Joseph Wright of Derby, dont les vues prouvaient déjà, au milieu du XVIIIème siècle, un grand interêt pour les aspects de la nature les plus impressionnants, comme l'Eruption du Vésuve, peinte en 1773, au cours d'un voyage en Italie. 

En France, en 1830, quelques artistes se retrouvent à Barbizon, village proche de Paris, à l'orée de la forêt de Fontainebleau, où ils peignent des paysages dans un style pittoresque qui anticipe l'impressionnisme, bien qu'il ne s'agisse pas encore de peinture en plein air, les oeuvres étant exécutées en atelier. L'Ecole de Barbizon influence un autre important paysagiste français, J.-B. Camille Corot qui, au cours de son long séjour en Italie, développe un style précocement réaliste. 

En France, le romantisme se définit par des caractéristiques différentes par rapport à la Grande-Bretagne et à l'Allemagne. Les sujets s'inspirent de plus en plus souvent d'événements historiques ou même de faits du jour comme c'est le cas pour La liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix et pour Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault.

En Italie, la poétique romantique est reçue avec un certain retard et fait partie du phénomène historique et politique plus vaste qui a pour nom le Risorgimento. Parmi les artistes romantiques italiens, Francesco Hayez par exemple, privilégie les sujets historiques pour soutenir implicitement les nouvelles valeurs patriotiques qui conduiront sous peu à l'unité du pays. C'est par contre l'intérêt pour les paysages qui domine chez Bartolomeo Carnovali, dit Piccio.

Le Gothic Revival anglais influence aussi l'architecture italienne. A Padoue, Giuseppe Jappelli, auteur du café Pedrocchi, néo-classique, réalise le Pedrocchino, la pâtisserie, dans un style néo-gothique. C'est dans ce cadre que s'opère également la restauration de nombreux édifices médiévaux, effectuée par Andrea d'Andrade dans le Piémont et la Vallée d'Aoste, sur le modèle de ce qu'avait fait Viollet-le-Duc en France, en reconstruisant des dizaines de cathédrales gothiques et toute une petite ville: Carcassonne, dans le Languedoc. La façade de Santa Maria del Fiore à Florence, réalisée en 1875, est également néo-gothique.  

Le Moyen Age, considéré comme une période obscure et ténébreuse par les théoriciens de la Renaissance et par les néo-classiques, est donc revalorisé au point que certains peintres tentent, non seulement d'en reproduire les styles architecturaux, mais encore le style de vie de ses artistes. C'est le cas des peintres allemands appelés nazaréens qui, s'étant transférés à Rome, vivent en communauté, s'habillant de longues tuniques et se faisant pousser la barbe et les cheveux comme Jésus de Nazareth, d'où leur nom. Sur le modèle de Giotto et des artistes du Moyen Age, Friedrich Overbek, Franz Pforr, et leurs compagnons, se proposent de retrouver dans leur peinture les valeurs religieuses de l'époque médiévale.   

Les puristes italiens guidés par Tommaso Minardi qui propose un retour à la pureté supposée des peintres "primitifs", adoptent une position analogue.

C'est en partant d'une hypothèse très proche, mais avec des résultats d'une bien meilleure qualité, que peignaient, à la fin du XVIIIème siècle, les pré-raphaélites anglais, qui par leur style et leur poétique annonçaient le symbolisme. Les aspects visionnaires, fantômatiques, du romantisme anglais, bien trop exaltés par la critique dans le passé, ne sont en fait qu'un aspect marginal, bien que significatif, d'un phénomène historique et artistique plus complexe. Les représentants les plus significatifs de ce courant pré-symboliste et même pré-surréaliste sont l'anglais William Blake et le suisse Johan Heinrich Füssli, qui a passé lui aussi presque toute sa vie en Angleterre, au point qu'il est également connu sous le nom d'Henry Fuseli. Dans la peinture de l'un comme de l'autre, s'affirme un imaginaire onirique qui, chez Blake, s'inspire d'épisodes de la Divine Comédie et de la Bible, alors que pour Füssli, des sujets tirés des poèmes d'Homère et des tragédies de Shakespeare, sont le point de départ d'images impressionnantes, parcourues parfois d'une veine d'érotisme.

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