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inconscient

Publié le 04/11/2013

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L'inconscient Introduction 2 I. Les conceptions non psychanalytiques de l'inconscient 2 A. L'inconscient psychique 2 1. La conscience moindre : les petites perceptions (Leibniz) 2 2. Inconscient et concentration (Kant, Condillac) 3 3. Inconscient et automatisme (Bergson) 3 4. Inconscient et mémoire (Bergson) 3 5. L'arrière-plan (philosophie analytique) 4 B. L'inconscient social 4 II. L'inconscient selon Freud 5 A. L'interprétation des symptômes 5 1. Les rêves 5 2. Les actes manqués 6 3. Les névroses 6 B. La théorisation de l'inconscient 7 1. La première topique (1905) 7 2. La seconde topique (1923) 8 3. La nature de l'inconscient dynamique 8 C. Le complexe d'?dipe 8 1. Le mythe d'?dipe 9 2. Complexe d'?dipe et complexe de castration 9 3. L'histoire du petit garçon et de la petite fille 10 D. La cure psychanalytique 10 1. Talking cure 10 2. La résistance 11 3. Transfert et contre-transfert 11 III. Critique de l'inconscient freudien 11 A. Critiques du point de vue théorique 11 B. Critiques du point de vue moral 12 1. Alain 12 2. Sartre 13 IV. La valeur de l'inconscient 13 A. Les surréalistes 13 B. Nietzsche 14 Conclusion 16 Annexes 17 Les concepts d'inconscient 17 La psychanalyse, le corps et le sens 17 L'artiste et le névrosé 18 Psychanalyse du criminel pervers 18 Exemples et illustrations 19 Sujets de dissertation 19 Introduction Dès le XVIIe siècle, Spinoza soulignait le fait que nous ignorons « ce que peut le corps «, anticipant ainsi l'idée d'inconscient : Personne n'a jusqu'à présent déterminé ce que peut le Corps, c'est-à-dire que, jusqu'à présent, l'expérience n'a enseigné à personne ce que le Corps est en mesure d'accomplir par les seules lois de la Nature, considérée seulement en tant que corporelle, et ce qu'il ne peut accomplir sans y être déterminé par l'Esprit. Car personne jusqu'ici n'a acquis une connaissance assez précise de la structure du Corps pour en expliquer toutes les fonctions, et nous ne dirons rien de ce que l'on observe souvent chez les animaux et qui dépasse de loin la sagacité humaine, ou des nombreuses actions qu'accomplissent les somnambules pendant leur sommeil et qu'ils n'oseraient pas entreprendre pendant la veille ; tout cela montre assez que le Corps, par les seules lois de sa nature, a le pouvoir d'accomplir de nombreuses actions qui étonnent son propre Esprit. Personne ne sait d'autre part selon quel principe et par quels moyens l'Esprit meut le Corps, ni quelle quantité de mouvement il peut lui attribuer, ni à quelle vitesse il peut le mouvoir. C'est pourquoi, lorsqu'on dit que telle ou telle action du Corps provient de l'Esprit qui a tout pouvoir sur lui, on ne sait en réalité ce que l'on dit, et l'on ne fait rien d'autre qu'avouer en un langage spécieux qu'on ignore la vraie cause des actions qui ne nous étonnent pas. Baruch Spinoza (1632-1677), Ethique (1677), III, 2, scolie Aujourd'hui, le mot « inconscient « évoque immédiatement l'inconscient de Freud et de la psychanalyse. Mais il existe en fait d'autres types d'inconscient. Nous commencerons par évoquer ceux-ci avant d'en venir à celui-là. I. Les conceptions non psychanalytiques de l'inconscient A. L'inconscient psychique 1. La conscience moindre : les petites perceptions (Leibniz) Leibniz, philosophe allemand du XVIIe siècle, a introduit le premier le concept d'inconscient. Il désigne par ce mot les « petites perceptions «, trop ténues pour être conscientes, mais qui peuvent produire une impression consciente si elles sont en grand nombre : car la conscience les agrège et les additionne, si bien que toute perception consciente est en réalité constituée d'une myriade de perceptions inconscientes. Par exemple, si je perçois le bruit de la mer, je ne perçois pas le bruit de chaque vague, bien que chaque vague contribue au murmure que j'entends. Il faut donc supposer que chaque vague produit une petite perception inconsciente, et que c'est l'agrégation de ces petites perceptions qui finit par produire, à partir d'un certain seuil critique, une perception consciente - en l'occurrence la perception du bruit de la mer. On pourrait décliner les exemples, et montrer que dans chaque perception visuelle je ne suis jamais parfaitement conscient des moindres détails de l'image que je perçois, bien que ma perception soit créée par chacun de ces détails infinitésimaux1. L'inconscient est donc pour Leibniz une conscience moindre qui est la condition de possibilité de la conscience. 2. Inconscient et concentration (Kant, Condillac) Il n'y a pas que les perceptions qui peuvent être inconscientes : l'inconscient peut également concerner les actions. Par exemple, si je me promène avec un ami dans la rue, absorbé dans la conversation, j'ai une certaine conscience du chemin et des obstacles (trottoirs, voitures, poteaux, arbres), puisque j'en tiens compte dans mon mouvement, mais ce traitement d'information ne passe pas véritablement par ma conscience, il semblerait que mon corps réagisse tout seul à ces stimuli afin de libérer ma conscience pour qu'elle puisse se concentrer sur la conversation. Kant cite l'exemple similaire d'un pianiste qui discute avec un ami. On peut donc voir dans ces exemples un certain lien entre conscience, automatisme et concentration : ce qui est automatique est évacué de la conscience, qui est ainsi libre de se concentrer sur d'autres aspects de l'expérience vécue. Condillac avait insisté sur le lien entre inconscient et concentration : si je me concentre sur une partie de mon champ perceptif (une partie de mon champ visuel ou des sons que j'entends), le reste devient inconscient. Cette faculté est spécialement développée chez les enfants, qui peuvent discuter dans un coin de la cour de récréation sans entendre le vacarme autour d'eux. [Cf. « cécité cognitive « ou « jeu du ballon « sur YouTube.] 3. Inconscient et automatisme (Bergson) Henri Bergson développe cette idée d'un lien entre conscience et concentration. Sa thèse est que la conscience se retire des tâches devenues automatiques pour ne demeurer quand dans celles qui présentent un caractère imprévisible, qui exigent un « choix « : Si, comme nous le disions, la conscience retient le passé et anticipe l'avenir, c'est précisément, sans doute, parce qu'elle est appelée à effectuer un choix : pour choisir, il faut penser à ce qu'on pourra faire et se remémorer les conséquences, avantageuses ou nuisibles, de ce qu'on a déjà fait ; il faut prévoir et il faut se souvenir. Mais d'autre part notre conclusion, en se complétant, nous fournit une réponse plausible à la question que nous venons de poser : tous les êtres vivants sont-ils des êtres conscients, ou la conscience ne couvre-t-elle qu'une partie du domaine de la vie ? Si, en effet, la conscience signifie choix, et si le rôle de la conscience est de se décider, il est douteux qu'on rencontre la conscience dans les organismes qui ne se meuvent pas spontanément et qui n'ont pas de décision à prendre. (?) La conscience, originellement immanente à tout ce qui vit, s'endort là où il n'y a plus de mouvement spontané, et s'exalte quand la vie appuie vers l'activité libre. Chacun de nous a d'ailleurs pu vérifier cette loi sur lui-même. Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'en retire. Dans l'apprentissage d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix ; puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Henri Bergson, L'Energie spirituelle (1919), « La conscience et la vie « 4. Inconscient et mémoire (Bergson) Bergson complète cette conception « fonctionnelle « de l'inconscient en affirmant que l'inconscient est essentiellement mémoire. En effet, qu'est-ce donc que la mémoire, sinon une forme d'inconscient ? Tous les souvenirs qui se gravent dans notre esprit au fil de nos aventures restent inconscients la plupart du temps. Ce n'est qu'au moment où nous nous laissons aller à un peu de contemplation nostalgique que ces vieilles sensations émergent temporairement dans notre conscience. Et il ne faut pas oublier, outre les souvenirs et connaissances, les savoir-faire, qui sont eux aussi stockés dans l'inconscient ou dans le corps : la maîtrise d'une langue, d'un instrument de musique, savoir faire du vélo ou du ski, etc. 5. L'arrière-plan (philosophie analytique) On peut regrouper toutes ces dimensions de l'inconscient que nous venons de voir sous le concept général d'« arrière-plan «. S'inspirant de Wittgenstein, certains philosophes du courant analytique2 ont élaboré ce concept, qui désigne l'ensemble des facultés cognitives constituant la trame de fond nécessaire pour que se produise un état conscient, ou attitude intentionnelle : penser, désirer quelque chose, avoir une croyance, etc. Par exemple, si je souhaite me présenter aux élections, ce désir conscient suppose une foule de croyances, de connaissances, de savoir-faire et de facultés inconscientes : il faut non seulement que j'aie un projet politique et que je sois prêt à le défendre, mais aussi que je sache ce qu'est une élection, ce qu'est le système politique et comment tout cela fonctionne3. D'une manière générale, donc, tout acte intentionnel (et donc tout acte conscient) repose sur tout un arrière-plan de facultés cognitives et pratiques qui lui donnent sens (car, par exemple, une croyance ne se réfère qu'à des actions et des perceptions possibles) et qui le rendent possible. B. L'inconscient social En dehors de l'inconscient psychique, on peut caractériser un inconscient « social «. Cet inconscient très vaste désigne tout ce qui, en l'homme, n'est pas conscient en tant que tel mais qui nous est révélé par les sciences humaines. Ainsi, l'homme est conscient de ses actes, mais il n'a pas toujours conscience de leur entière signification, de leur logique ou de leur fonction sociale. Même des actes simples comme le fait de s'habiller ou de parler peuvent être largement inconscients dans la mesure où leur sens manifeste (se protéger du froid, échanger des idées) dissimule une signification latente qui constitue leur véritable sens (affirmer tel ou tel état d'esprit en revêtant telles ou telles couleurs ; se distinguer par un vêtement ou par l'usage d'un certain langage). Et on pourrait multiplier les exemples à l'infini, de la danse de la pluie des indiens Hopi (fonction manifeste : faire pleuvoir ; fonction latente : assurer la cohésion du groupe) au mariage (fonction consciente : vivre avec la personne qu'on aime ; fonction latente : échange de capitaux visant à assurer la transmission d'un patrimoine) en passant par les goûts esthétiques (fonction manifeste : prendre du plaisir ; fonction latente : se distinguer socialement, témoigner de son appartenance à un groupe). Karl Marx a donné un sens très fort à cette idée d'inconscient, car selon sa sociologie, l'ensemble des productions conscientes des hommes (pensées, représentations, philosophie, art, religion, etc.) ne sont qu'un épiphénomène4 déterminé par les conditions économiques matérielles de la société dans laquelle ils vivent. Ainsi Marx peut-il écrire que « ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience «5. J'ai opposé cet inconscient à l'inconscient psychique, mais il faut bien voir que l'inconscient social ne peut exister concrètement que s'il s'incarne dans chaque individu, donc sous forme d'inconscient psychique. Tout l'inconscient social, toutes les coutumes, les préjugés, les manières de penser, de faire, de juger qui nous ont été inculquées dans l'enfance, ne peuvent régir notre comportement effectif que si elles sont stockées d'une manière ou d'une autre dans notre corps. Bref, une partie de notre inconscient est socialement déterminée. C'est le cas de l'habitus6 au sens de Bourdieu. Ce concept permet donc de penser comment s'opère le lien entre l'inconscient social et l'inconscient psychique. Nous reviendrons sur cette question en conclusion. II. L'inconscient selon Freud Freud a révolutionné la conception de l'homme. Depuis Descartes, l'être humain (le sujet) était essentiellement saisi à partir de sa conscience : Je pense, donc je suis, donc je suis essentiellement et avant tout une chose pensante, une conscience. Je suis un esprit avant d'être un corps. Nous avons même vu que la conscience pouvait servir à définir le concept même de personne : la personne, c'est ce que la personne pense7. Freud remet complètement en cause cette idée en avançant l'hypothèse d'un inconscient, bien plus actif que les diverses formes d'inconscient que nous avons vues précédemment. En effet, toutes ces formes d'inconscient n'étaient que des dispositions latentes et pour ainsi dire inertes - un peu comme la maîtrise d'une langue - stockées dans le psychisme, et ne constituaient donc pas une remise en cause majeure de la conception du Moi et du sujet pensant. En revanche, l'inconscient dont Freud fait l'hypothèse n'est pas un simple inconscient latent, passif, inerte. C'est au contraire un inconscient dynamique, puissant et omniprésent, qui détermine l'ensemble de notre psychisme et de nos actions, et auquel la conscience doit livrer un combat permanent sous la forme du refoulement.&l...

« Introduction Dès le XVII e siècle, Spinoza soulignait le fait que nous ignorons « ce que peut le corps », anticipant ainsi l’idée d’inconscient : Personne n’a jusqu’à présent déterminé ce que peut le Corps, c’est-à-dire que, jusqu’à présent, l’expérience n’a enseigné à personne ce que le Corps est en mesure d’accomplir par les seules lois de la Nature, considérée seulement en tant que corporelle, et ce qu’il ne peut accomplir sans y être déterminé par l’Esprit.

Car personne jusqu’ici n’a acquis une connaissance assez précise de la structure du Corps pour en expliquer toutes les fonctions, et nous ne dirons rien de ce que l’on observe souvent chez les animaux et qui dépasse de loin la sagacité humaine, ou des nombreuses actions qu’accomplissent les somnambules pendant leur sommeil et qu’ils n’oseraient pas entreprendre pendant la veille ; tout cela montre assez que le Corps, par les seules lois de sa nature, a le pouvoir d’accomplir de nombreuses actions qui étonnent son propre Esprit.

Personne ne sait d’autre part selon quel principe et par quels moyens l’Esprit meut le Corps, ni quelle quantité de mouvement il peut lui attribuer, ni à quelle vitesse il peut le mouvoir.

C’est pourquoi, lorsqu’on dit que telle ou telle action du Corps provient de l’Esprit qui a tout pouvoir sur lui, on ne sait en réalité ce que l’on dit, et l’on ne fait rien d’autre qu’avouer en un langage spécieux qu’on ignore la vraie cause des actions qui ne nous étonnent pas. Baruch Spinoza (1632-1677), Ethique (1677), III, 2, scolie Aujourd’hui, le mot « inconscient » évoque immédiatement l’inconscient de Freud et de la psychanalyse.

Mais il existe en fait d’autres types d’inconscient.

Nous commencerons par évoquer ceux-ci avant d’en venir à celui-là. I.

Les conceptions non psychanalytiques de l’inconscient A.

L’inconscient psychique 1.

La conscience moindre : les petites perceptions (Leibniz) Leibniz, philosophe allemand du XVII e siècle, a introduit le premier le concept d’inconscient.

Il désigne par ce mot les « petites perceptions », trop ténues pour être conscientes, mais qui peuvent produire une impression consciente si elles sont en grand nombre : car la conscience les agrège et les additionne, si bien que toute perception consciente est en réalité constituée d’une myriade de perceptions inconscientes. Par exemple, si je perçois le bruit de la mer, je ne perçois pas le bruit de chaque vague, bien que chaque vague contribue au murmure que j’entends.

Il faut donc supposer que chaque vague produit une petite perception inconsciente, et que c’est l’agrégation de ces petites perceptions qui finit par produire, à partir d’un certain seuil critique, une perception consciente – en l’occurrence la perception du bruit de la mer.

On pourrait décliner les exemples, et montrer que dans chaque perception visuelle je ne suis jamais parfaitement conscient des moindres détails de l’image que je perçois, bien que ma perception soit créée par chacun de ces détails infinitésimaux 1 . L’inconscient est donc pour Leibniz une conscience moindre qui est la condition de possibilité de la conscience. 1 C’est-à-dire aussi petits que l’on veut, comme dans les calculs mathématiques où l’on fait décroître certains éléments à l’infini pour calculer, par le passage à la limite, la valeur exacte d’une grandeur (par exemple d’une intégrale : l’intégrale de la fonction f est donnée par la limite de la somme des produits f ( x )d x quand d x tend vers 0.

Leibniz est celui qui a découvert le calcul infinitésimal, et il fait explicitement le rapprochement entre cette méthode mathématique et certaines de ses conceptions philosophiques, comme celle des petites perceptions. 2. »

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