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Article de presse: En Nouvelle-Zélande, une femme prend la tête du gouvernement

Publié le 17/01/2022

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8 décembre 1997 - Après avoir réussi une " embuscade " politico-parlementaire contre un membre de son propre parti conservateur, Jim Bolger (premier ministre depuis sept ans), Jenny Shipley est devenue lundi 8 décembre chef du gouvernement de Nouvelle-Zélande, pays de 3,5 millions d'habitants et de 47 millions de moutons. Dans cette contrée qui fut la première démocratie à donner, en 1893, le droit de vote aux femmes, c'est la première fois qu'une femme accède à ce poste. Succédant à Jim Bolger, l'homme de la normalisation des relations avec une France en mauvaise posture après l'affaire du Rainbow Warrior (1985) et la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique, cette " dame de fer " de la politique néo-zélandaise a espéré lors de son intronisation que " les choses seraient faites de façon différentes " avec une femme au pouvoir. Pourtant, énumérant ses priorités, la premier ministre, âgée de quarante-cinq ans, a annoncé une poursuite de la politique ultra-libérale, voire une nouveau " coup de barre " à droite. Elle a déclaré qu'elle souhaitait s'attaquer à ce qui reste de l'Etat-providence dans ce pays devenu une " éprouvette du capitalisme total " . La Dame de fer du capitalisme total " Nous dépensons de plus en plus mais nous ne faisons aucun progrès " , a-t-elle expliqué. La plupart des bénéficiaires d'allocations sociales seront sans doute ainsi invités à travailler en contrepartie. " Il est essentiel que la Nouvelle-Zélande devienne une société plus cohérente " , a ajouté Mm Shipley. Elle souhaite aussi limiter les dépenses du Parlement, laissant entendre qu'une réduction du nombre de sièges sera envisagée dès 1998. La nouvelle chef du gouvernement estime qu'il existe dans le pays un " consensus sur les méthodes pour obtenir une bonne croissance " , sous-entendant que personne n'envisage plus de remettre en question les réformes ultra-libérales, lancées par la droite du Parti travailliste en 1984. Tout en affirmant l'importance " d'investir dans le futur " , c'est à dire de développer les secteurs de la santé et de l'éducation, Mm Shipley, enseignante de formation, n'a pas exclu de nouvelles diminutions d'impôts, " si on peut se le permettre " . Son gouvernement de coalition (avec un petit parti nationaliste) entend cependant tenir la promesse de dépenser 5 milliards de dollars néo-zélandais supplémentaires d'ici la fin de son mandat officiel, en 1999. Se décrivant comme une " Néo-zélandaise des plus ordinaires ayant obtenu un poste extraordinaire " , Jenny Shipley va tenter de renouveler l'image du parti National, qui, au pouvoir depuis 1990, semble avoir largement " fait son temps " . Peu avant le " coup " politique grâce auquel Jenny Shipley a détrôné Jim Bolger, l'actuelle coalition recueillait 90 % d'opinions défavorables dans les sondages. Mais comme cette forte femme qui fut successivement ministre de la sécurité sociale, de la santé puis des transports l'a déjà prouvé par le passé, le gros oeuvre ne lui fait pas peur. Avec un seul nouveau ministre dans son cabinet, la première femme chef du gouvernement neo-zélandais devra miser sur son style, jugé franc et efficace, pour barrer la route du pouvoir à un parti travailliste qui a le vent en poupe et à son cheef de file, une autre femme, Helen Clark. Si Mme Shipley est la première femme à diriger un gouvernement en Nouvelle-Zélande, la chef du parti travailliste " compte toujours être la première femme élue premier ministre ." FLORENCE DE CHANGY Le Monde du 10 décembre 1997

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