Article de presse: Hanoï sous les bombes

26 décembre 1971 - Dans chaque quartier de Hanoï, autour des usines prises comme point d'appui, les milices populaires s'entraînent au combat de jour et au combat de nuit. Sur certains toits en terrasse, garçons et filles s'initient au maniement des nouvelles mitrailleuses lourdes antiaériennes que l'armée vient de leur fournir. Un cadre de la défense nationale leur explique, maquette d'avion en main, comment et à quel moment il faut ouvrir le feu. Les usines font les " trois huit ", et les équipes sont maintenant divisées en deux : les unes assurent la production et la protection éventuelle du matériel, les autres veillent à côté de leurs armes. Des manoeuvres sont organisées pour coordonner l'action des différents quartiers. On a également réétudié toutes les phases des attaques aériennes de 1964-1968 afin de perfectionner le système de défense. Un bilan de ces préparatifs rendu public, à Hanoï, indique que de nouvelles méthodes de détection, de calculs télémétriques et d'alerte ont été mises au point. Ce bilan indique, d'autre part, que l'organisation du commandement central a été améliorée pour que les ordres soient transmis plus vite. Des dizaines de milliers d'abris individuels ont été creusés et nettoyés, dans les rues, dans les usines et dans les habitations. En certains points de la ville, des positions de combat ont été creusées et camouflées. Elles protègent certains points stratégiques ou prennent des rues en enfilade. A Badinh, la grande place historique où Ho Chi Minh proclama l'indépendance le 2 septembre 1945, de jeunes combattants s'entraînent au maniement des armes légères d'infanterie. Dans plusieurs quartiers, des voitures de pompiers sont prêtes en permanence. Le plan d'évacuation des personnes âgées et des enfants est au point. Si les habitants de Hanoï sont inquiets, ils ne le montrent pas. Quant aux jeunes garçons et filles, les cours de DCA les passionnent, mais ne les empêchent pas de s'amuser bruyamment, au grand mécontentement de leurs voisins. Hanoï est prêt à se battre. Le Monde du 7-8 mars 1971