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ARTICLE DE PRESSE: Israël et la Syrie semblent décidés à régler leurs différends

Publié le 17/01/2022

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27 décembre 1995 - Moins de deux mois après l'assassinat d'Itzhak Rabin et après six mois de gel, les négociations de paix syro-israéliennes devaient reprendre, mercredi 27 décembre, près de Washington, dans un climat que chacun veut positif. En choisissant d'isoler, au centre de conférences de Wye Plantation, à deux heures de route de Washington, loin des caméras, les délégations des deux pays, pour deux sessions intensives de trois jours chacune, les Etats-Unis veulent sans aucun doute que " ce nouveau départ ", annoncé par le secrétaire d'Etat, Warren Christopher, soit le bon, après quatre années infructueuses. Les assauts d'amabilité, inhabituels entre la Syrie et Israël, sont certes un bon début, mais tout reste à faire. Comme pour bien le souligner, la délégation syrienne à cette rencontre sera dirigée par l'ambassadeur de Syrie à Washington, Walid Moallem, interlocuteur ancien, qui sera accompagné de Mikhael Webbé, directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères, Farouk El Chareh, et d'un spécialiste de droit international, Riad Daoudi : trois hauts fonctionnaires dont la liberté de manoeuvre sera réduite. Amplement vanté par tous les participants Américains, Syriens et Israéliens , le nouveau ton des contacts ne saurait en effet remplacer la substance et sur le fond de la négociation, vu de Damas, rien n'a changé. L'évacuation du plateau du Golan jusqu'aux lignes du 4 juin 1967 comme celle du sud du Liban restent l'impératif sans lequel rien n'est possible et avant d'aller plus avant, la Syrie veut s'assurer concrètement des véritables intentions israéliennes. Les ouvertures faites par le nouveau premier ministre de l'Etat juif, Shimon Pérès, tout autant que sa détermination à faire la paix, malgré la campagne électorale pour les élections législatives d'octobre 1996, ont toutefois convaincu Damas que l'occasion offerte méritait d'être saisie. Il ne fait pas de doute que M. Pérès jouit à Damas d'un préjugé plus favorable que son prédécesseur. En touches successives, il a, en quelques semaines, laissé entendre qu'Israël pourrait renoncer à son exigence de maintenir une station d'alerte sur le Golan, qu'un référendum sur le retrait ne serait peut-être pas nécessaire, que ce retrait pourrait être rapidement engagé, que la Syrie maintiendrait un rôle au Liban, et enfin qu'une fois conclue une paix totale l'Etat juif pourrait renoncer à l'arme nucléaire. Ce sont là autant de signes positifs pour Damas. Garanties En outre, en déclarant que " la paix avec Damas devrait être globale et signifier la paix pour l'ensemble du Proche-Orient ", M. Pérès a offert à la Syrie une reconnaissance publique de son rôle régional, préoccupation tout aussi importante pour le président Hafez El Assad que la récupération du Golan. M. Pérès a, d'autre part, satisfait une vieille revendication syrienne depuis la conférence de Madrid d'octobre 1991, en posant comme principe " le rôle essentiel des Etats-Unis dans la négociation ". Contrairement au passé, les parrains américains pourraient, cette fois, formuler eux-mêmes " des bouquets de solutions ", pour aider à sortir de l'impasse dans les différents domaines. Leur garantie, à tous les stades de la négociation est réclamée par Damas. La Syrie se montre toutefois plus circonspecte sur la méthode Pérès, qui consiste à discuter de tous les sujets à la fois, sans préalable. La coopération régionale, régulièrement évoquée par le premier ministre israélien, en cas de paix, ne fait certainement pas partie à ce stade de l'agenda syrien. En tenant, au Caire, à quelques jours de l'ouverture de ces négociations, un sommet avec l'Egypte et l'Arabie saoudite, ses plus proches et importants alliés arabes, le président El Assad a sans doute voulu non seulement expliciter sa position, mais réaffirmer la nécessité de maintenir une attitude ferme vis-à-vis d'Israël, avant tout geste concret de l'Etat juif. A l'issue des deux sessions de négociations de Wye Plantation, qui devraient permettre de clarifier les points de divergences et de convergences entre les deux pays et d'établir, en fonction de ceux-ci, un ordre du jour et un calendrier des négociations, M. Christopher retournera dans la région pour lancer enfin, si tout se passe bien, le véritable début d'une négociation qui risque d'être encore très longue. FRANCOISE CHIPAUX Le Monde du 28 décembre 1995

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