Article de presse: La guerre doublement sainte
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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l'adversaire finir le premier, ou que les Etats-Unis, soucieux de préserver la détente, l'y aient vraiment encouragé.
Il est possibleaussi que le général Dayan ait estimé qu'il vaincrait mieux l'adversaire en le laissant s'avancer.
Mais rien pour le moment nepermet de l'affirmer.
De toute façon, qu'il y ait eu ou non surprise du côté israélien quand au fait même de l'attaque, il est hors de doute que lacombativité des troupes arabes et la qualité de leur matériel ont bien constitué une surprise.
Même si la fameuse " ligne Bar Lev "n'était, comme on nous le dit maintenant, qu'une chaîne de " sonnettes ", le général Elazar n'a sûrement pas abandonné de gaietéde coeur aux Egyptiens la rive orientale du canal de Suez.
Surprise aussi, à n'en pas douter, l'attitude soviétique.
On avait décidé une fois pour toutes que Moscou avait désormais partieliée avec Washington et ne fournissait plus qu'un appui théorique et verbal aux pays arabes.
Le départ des conseillers russesd'Egypte en 1972 avait été universellement interprété, après la chute et l'arrestation du premier ministre soviétophile Ali Sabry,comme l'indice d'un net refroidissement entre Le Caire et le Kremlin.
Et il semblait que Damas fut en passe d'en faire autant.
Lesgouvernements arabes ne se cachaient pas d'être agacés par l'arrivée, chaque mois, en Israël, de quelque trois mille juifssoviétiques qui n'étaient pas tous, contrairement aux affirmations de M.
Gromyko, des vieillards, des malades ou des incapables.
Il y a quelques semaines encore, le " sommet " d'Alger avait montré en quelle suspicion de nombreux " non-alignés ", sensiblesaux thèses chinoises, tenaient la politique de M.
Brejnev à leur égard.
Or non seulement celui-ci n'a apparemment rien fait pourempêcher Le Caire et Damas de se lancer dans une aventure dont il était, comme le montre l'évacuation des familles russes deSyrie, dûment averti.
Mais il appuie sans réserve leur attitude-l'agence Tass parle d' " exercice par les Arabes de leur droitd'autodéfense ",-leur livre ouvertement des armes et emploie à l'égard d'Israël un ton passablement menaçant.
Le Kremlin a d'ailleurs tout intérêt à cet engagement aussi longtemps qu'il ne compromet ni ses bonnes relations avec les Etats-Unis ni la détente en Europe.
Alors que la vulnérabilité énergétique de l'Occident devient chaque jour plus évidente, il fait desArabes, détenteurs du tiers des ressources mondiales de pétrole, ses obligés.
Sans son appui diplomatique et matériel, il leur aurait été impossible de remporter les premiers succès qui ont lavé un quart desiècle d'humiliations.
En même temps, il marque un point décisif sur la Chine, qui aura de la peine, désormais, à dénoncer, commeelle le faisait depuis des années, la trahison par l'URSS de la cause arabe.
Est-ce à dire que le Kremlin pourrait être à l'origine de la reprise des hostilités ? Même si tel était le cas, ce qui n'est pasprouvé, la lutte garderait son caractère fondamentalement arabe, qui fait que pour une fois, de l'Arabie saoudite à l'Irakprogressiste, du Maroc à l'Egypte, tout le monde, à la curieuse exception du colonel Kadhafi, participe, qui avec le gros de sesforces, qui avec des contingents symboliques, qui avec son argent, à la guerre pour la libération des territoires occupés.
C'est leDjihad, la guerre sainte, aussi sainte que celle que mènent les Israéliens pour la sauvegarde de leur Etat.
Un ton modéré
La libération des territoires occupés, c'est le but, et le seul, que Damas et Le Caire ont officiellement assigné à leurs troupes.
Letrait le moins remarquable de cette guerre n'est pas, en effet, la relative modération du langage de leurs propagandistes.
Ilcontraste heureusement avec les imprécations de l'abominable Choukeiri.
Les soldats de Tsahal, l'armée israélienne, ont pour eux un entraînement, une technicité sans pareils.
Ils se battent comme jadisles Romains contre les envahisseurs, pro aris et focis, pour leurs autels et leurs foyers, pour qu'il demeure sur la terre un endroitoù les juifs se gouvernent eux-mêmes.
Malgré la rupture des relations diplomatiques par une série d'Etats africains, malgré laperte de l'alliance française, malgré le refroidissement progressif de leurs relations avec l'Europe occidentale, et notamment laGrande-Bretagne, ils ont la solidarité active de la Diaspora, qui fait une fois de plus la quête et d'où accourent par milliers leshommes qui viennent prendre, dans les usines, les fermes et les administrations, la place des réservistes mobilisés.
Ils ont surtout derrière eux la puissance énorme des Etats-Unis.
Les peuples du tiers-monde le savent bien, qui qualifient sisouvent Israël de " tête de pont de l'impérialisme américain ".
En réalité, c'est plus souvent Israël qui contraint Washington, grâceà la force du " lobby sioniste ", à s'aligner sur ses vues.
C'est bien parce que les Etats-Unis ont constitué le principal rempart sur lequel s'appuyait l'intransigeance israélienne que leprésident Sadate s'est efforcé avec constance, au cours des dernières années, de les séduire.
Il s'est débarrassé des lieutenantscommunisants ou pro-soviétiques de Nasser.
Il a chassé les " conseillers militaires " russes de façon quasi ignominieuse.
C'estseulement après avoir constaté que ces tentatives ne donnaient rien qu'il s'est décidé à recourir à la manière forte.
Encore est-ilmanifeste que celle-ci ne suffit pas, à ses yeux, à obtenir le résultat cherché, et que le moment est venu pour les Arabes de faire.
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