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Article de presse: La Thaïlande ferme la moitié de ses sociétés financières

Publié le 17/01/2022

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8 décembre 1997 - Le nouveau gouvernement thaïlandais a annoncé, lundi 8 décembre, la fermeture de 56 des 58 sociétés de finances suspendues en juillet-août. Les institutions financières qui demeurent ouvertes sont 15 banques commerciales et 33 compagnies financières. Les autorités se sont donné quatre-vingts jours pour faire la part des actifs, bons et mauvais, des sociétés liquidées. Les avoirs des deux sociétés épargnées (Kiatnakin et Bangkok Investment), qui disposent de trois mois pour réaliser leur restructuration et leur recapitalisation, sont évalués à 30 milliards de bahts (4,2 milliards de francs), contre 920 milliards de bahts pour les sociétés liquidées. Attendues mais plus sévères que prévu, ces mesures devraient se traduire, dans un premier temps, par le licenciement de 5 000 à 10 000 employés. Cependant la fermeté du gouvernement thaïlandais, aussitôt approuvée par la Banque mondiale, a donné un coup de fouet au baht, en hausse lundi par rapport au dollar. Le ministre thaïlandais des finances a estimé que Bangkok avait envoyé le " signal clair que la Thaïlande s'est engagée à reconstruire un secteur financier solide et viable " . Le plongeon du Baht Sans précédent dans l'histoire du royaume, ces décisions sont conformes au plan d'austérité du FMI, accepté le 11 août, et devraient permettre à Bangkok de bénéficier de la deuxième tranche des 17,2 milliards de dollars de crédits qui lui avaient été alors alloués. La Thaïlande a déjà perçu 5,47 milliards de dollars et devrait obtenir 3 milliards supplémentaires lundi. Les mesures de réorganisation du secteur financier avaient été reportées par l'indécision du gouvernement précédent, dont la démission, le 6 novembre, a marqué un tournant dans la gestion du pays. En effet des politiciens à l'assise surtout rurale ont cédé le pas aux gestionnaires du Parti démocrate, parti plus moderne et qui s'appuie davantage sur les classes moyennes urbaines émergentes, les premières à subir le poids de la crise. Dans l'intervalle, le baht avait poursuivi sa chute, perdant, depuis fin août, 24 % de sa valeur par rapport au dollar, soit un plongeon de 40 % environ depuis le flottement, le 2 juillet, de la monnaie thaïlandaise. L'indice de la Bourse en avait fait autant, perdant 35 % depuis la fin août. La dette extérieure privée a, de son côté, continué de s'accumuler, représentant aujourd'hui plus des deux tiers de la dette totale (67 milliards de dollars sur 95 milliards). Alors que certaines firmes ont renoncé à rembourser le capital emprunté, se contentant d'en reverser les intérêts, les autorités thaïlandaises continuent d'exclure un recours à un moratoire de leur dette extérieure et affirment que les fonds déjà dégagés par le FMI suffiront à faire face à la crise. Elles font valoir que l'inflation est maintenue en laisse (un taux annuel de 7,6 % en novembre, inférieur au maximum de 10 % fixé par la banque centrale) et que la balance commerciale a enregistré, en septembre, son premier surplus depuis dix ans. Mais comment rembourser une dette à court terme dont le montant est évalué à 37 milliards de dollars d'ici à septembre 1998 ? La réponse à cette question demeure encore une inconnue. Le gouvernement avait pris la précaution, ces derniers jours, de préparer l'opinion à des mesures dont la sévérité tranche dans un environnement qui prête plus à la médecine douce qu'à la chirurgie. Lors de la précédente crise, de 1983 à 1986, Bangkok n'avait révoqué les licences que de 24 institutions financières. Les 58 sociétés financières suspendues en juillet-août bénéficiaient d'appuis au sein du précédent cabinet, ce qui a expliqué, en partie au moins, la paralysie de ce dernier. Une enquête a d'ailleurs été annoncée sur l'attitude de la banque centrale dans les deux années qui viennent de s'écouler. JEAN-CLAUDE POMONTI Le Monde du 9 décembre 1997

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