Article de presse: L'adieu au Raïs
Publié le 22/02/2012
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Depuis lors, l'ascendant du parti sur les masses s'est émoussé.
Faut-il en attribuer la responsabilité au Raïs lui-même, peu soucieux de voir se constituer à ses côtés une force autonome ? Ouaux tendances irrémédiablement bureaucratiques des cadres du parti ?
Toujours est-il que ce jeudi, hormis l'activité de petits cadres que nous avons vu se dépenser pour faire circuler les motsd'ordre ou faire un rempart de leur corps à tel invité, l'Union socialiste arabe n'aura guère eu de prise sur cette foule qui nes'abandonne au fantasme que si on néglige de lui proposer les moyens de comprendre.
Son degré de politisation n'est pas si faible qu'on le croit.
On a entendu des slogans qui valaient bien des éditoriaux : " Kadhafi,Kadhafi, dis-nous ce que Hussein a fait des Palestiniens ? " " Arafat, Hussein, rendez-nous Nasser ! " L'Union socialiste arabedébordée, l'heure de l'armée allait-elle sonner? Ses chefs eurent la prudence de rester sur la réserve, ne fournissant au ministèrede l'intérieur que des troupes de parade et quelques unités parachutistes aux points stratégiques.
La foncière modération de lafoule a permis d'éviter que cette prudence n'apparaisse comme du machiavélisme.
Ainsi, l'état-major garde-t-il des mainspropres, ce qui ne signifie pas pour autant qu'il ait hâte de les salir bientôt en de quelconques aventures.
La foule impétueuse, les slogans, les combinaisons des cadres, les calculs de l'armée ? L'Egypte serait-elle si vite retournée auxfièvres informes d'antan ? Du haut du balcon d'où nous regardions bouillonner la foule jeudi, nous pouvions voir rouler le Nilfamilier.
Mais, soudain, quelque chose nous frappa : nous étions au premier jour d'octobre, à la fin de l'époque où, chaque année, legrand fleuve menace de sortir de son lit, tout grondant d'eau boueuse couleur de châtaigne.
Mais cette année, comme en 1960déjà, les flots sont verts, immuablement.
Le haut barrage a fait son office, régularisé le cours du fleuve, éliminé (ce n'était pas, on le sait, l'un de ses bienfaits) le limon.
Par-delà la mort, le leader dont le peuple suivait la dépouille, de la rue Ramsès aux casernes de Koubbeh, ne laisse pas dansson allonge que des craintes et des larmes, mais aussi une Egypte par lui transformée, qu'il faut faire survivre.
JEAN LACOUTURE Le Monde du 3 octobre 1970.
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