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Article de presse: Le raidissement ouvrier

Publié le 22/02/2012

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27 mai 1968 - Les discussions qui, lundi matin, ont abouti à un projet de protocole d'accord entre les syndicats, le patronat et le gouvernement n'ont déclenché ni la reprise générale du travail ni, dans le secteur privé, les pourparlers dont cette " plate-forme " devait fournir la base, dans l'esprit de la plupart des négociateurs. Les grévistes, signale-t-on de tous côtés, durcissent leur mouvement. Le fait le plus caractéristique de cette situation est que les travailleurs, dans de nombreux cas, en reprochant aux concessions obtenues d'être insuffisantes, ne visent pas seulement leur aspect social et économique. Ce qu'ils déclarent vouloir, ce sont des réformes de structure, ce que la CFDT appelle le " pouvoir ouvrier " dans les usines. Ces réformes sont peut-être réalisables par un accord avec leurs actuels partenaires, mais n'impliquent-elles pas plutôt une volonté de changement sur le plan politique ? Certes, le retour à une activité normale ne pouvait être immédiat. La situation dans le secteur nationalisé n'avait pu être incluse dans le procès-verbal dressé au ministère des affaires sociales, faute d'un examen suffisamment avancé (il n'était même pas entamé pour la fonction publique), et, en tout état de cause, le gouvernement ne pouvait demander un engagement aux dirigeants syndicaux dans ce domaine. La combativité Même si un accord d'ensemble avait pu être enregistré au niveau le plus élevé, les centrales ouvrières avaient annoncé qu'il devrait " redescendre " sous forme de discussions menées par industries, par régions et par entreprises, avant le retour au travail. Mais le raidissement des travailleurs et de la plupart de leurs organisations montre nettement que la vague de grèves exceptionnelle qui immobilise l'activité du pays ne se retirera pas sans que, en bien des endroits pour le moins, des avantages exceptionnels soient accordés. JOANINE ROY Le Monde du 29 mai 1968

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