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Article de presse: L'opposition l'emporte au Bangladesh

Publié le 22/02/2012

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12 juin 1996 - La Ligue Awami de Mm Hassina Wajed est devenue le plus grand parti de l'Assemblée nationale à l'issue des élections législatives du mercredi 12 juin, ravissant cette place au Parti national du Bangladesh (BNP), la formation de l'ancien premier ministre, la bégum Khaleda Zia. Une femme va donc en remplacer une autre au pouvoir puisque, en toute logique, le président de la République, Abdur Rahman Biswas, devrait appeler Cheikh Hassina, chef du parti vainqueur, à former le prochain gouvernement. C'est la fin d'une traversée du désert de vingt et un ans pour la Ligue Awami, chassée du pouvoir depuis le coup d'Etat du 15 août 1975 et l'assassinat de Mujib Ur Rahman, fondateur du parti et " père de la nation ". Sur les 300 sièges de l'Assemblée, la Ligue Awami en a remporté 133 mais n'a pas été en mesure d'obtenir une majorité absolue. De son côté, le BNP a chuté par rapport au scrutin de 1991 : il n'a gagné que 104 sièges. Mais l'annonce des résultats dans vingt-neuf circonscriptions a été suspendue en raison de diverses irrégularités et de violences. Les électeurs devront retourner aux urnes dans ces régions. Ces élections ont été remarquables pour trois raisons : dans ce pays où les violences politiques ont fait plus d'une centaine de morts en cinq mois, le scrutin s'est généralement déroulé dans le calme. Cinq personnes ont cependant été tuées dans le port de Chittagong et dans plusieurs autres circonscriptions où des hommes armés ont tiré dans la foule des votants et ont essayé de s'emparer des urnes. Mais, à l'échelle du Bangladesh, ces incidents isolés n'ont pas fondamentalement entaché le scrutin, comme l'ont remarqué les observateurs du Commonwealth et de l'Union européenne. La participation électorale a été la plus importante qu'ait jamais connue le pays, 70 % des électeurs ayant voté, dont un nombre impressionnant de femmes. Ce chiffre démontre non seulement la passion pour la politique des Bangladais mais aussi leur attachement à la démocratie après des années de régime militaire et d'affrontements stériles entre Mmes Zia et Wajed. Le troisième fait marquant de ce scrutin est la déroute du parti fondamentaliste musulman Jamaat Islami qui, de vingt sièges en 1991, n'a réussi à renvoyer que deux députés au Parlement. Contrairement à ce que certains redoutaient, on ne peut donc pas parler de " dérive intégriste " au Bangladesh. Une troisième femme vient d'apparaître sur la scène politique : Raushana, l'épouse de l'ancien dictateur Mohammed Ershad emprisonné pour corruption depuis cinq ans, a été élue sur la liste du parti de son mari, le Jatiyo. Cette formation a remporté vingt-neuf sièges et pourrait jouer un rôle crucial en cas de formation d'un gouvernement de coalition. Une telle alliance entre la Ligue Awami, grand parti de la lutte de libération anti-pakistanaise au passé " socialiste ", et la formation d'un ancien dictateur peut paraître incongrue. Mais, au Bangladesh, le pouvoir a ses raisons que la raison ne connaît pas. BRUNO PHILIP Le Monde du 15 juin 1996

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