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Article de presse: MacArthur évacue les Philippines

Publié le 22/02/2012

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12 mars 1942 - La légende a souvent raison des faits. Le départ de son bastion de Corregidor de Douglas MacArthur, alors commandant des forces américaines aux Philippines, le 12 mars 1942, en est une illustration. A commencer par sa fameuse formule : " Je reviendrai ", prononcée sur la route de Melbourne une semaine après qu'il eut quitté les Philippines. Parce que les Américains résistèrent plus longtemps que les Britanniques ou les Néerlandais à l'offensive japonaise, et bien que les cinq mois de combats à Bataan et à Corregidor aient un impact limité sur la guerre du Pacifique dans son ensemble, la défense des Philippines transforma le général en une légende vivante. L'Amérique - et le président Roosevelt en particulier, désireux de mobiliser l'opinion en faveur de l'effort de guerre - avait besoin d'un héros. Et en quelques semaines, MacArthur était devenu le " Lion de Luzon " (île principale de l'archipel philippin). Les journaux décrivaient ses exploits à partir des quelque cent quarante communiqués de presse diffusés par son quartier général et dont beaucoup avaient été rédigés par lui-même. MacArthur et son service de presse, alors dirigé par Carlos Romulo, qui deviendra ministre des affaires étrangères de Marcos, " étaient si soucieux de montrer le côté positif des choses que leurs communiqués mentionnaient fréquemment des victoires dans des batailles imaginaires ", écrit Michael Schaller dans sa biographie de MacArthur. A l'image des relations spéciales qu'entretiennent les Etats-Unis avec les Philippins, qualifiés par le premier gouverneur civil américain, Haward Taft, de " petits frères à la peau brune " ( " little brown brothers " ), MacArthur, dont le père avait été gouverneur militaire de l'archipel, eut tendance à se percevoir comme un vice-roi américain chargé de la mission de sauver cette première démocratie chrétienne en Extrême-Orient. Douglas MacArthur était retourné aux Philippines en 1935 comme conseiller militaire. Le président Roosevelt se débarrassait ainsi d'un opposant avant les élections de 1936. Du point de vue stratégique, la nomination à Manille d'un ex-chef d'état-major américain ne pouvait qu'inciter les Japonais à prendre plus au sérieux l'archipel philippin. Lorsque la guerre du Pacifique éclata, à la suite de l'attaque sur Pearl-Harbor en décembre 1941, Douglas MacArthur avait repris du service depuis juillet : il était commandant des forces américaines en Extrême-Orient et avait sous ses ordres 130 000 hommes, dont 100 000 Philippins. Une erreur de jugement Un commandement qui débuta mal : par une erreur de jugement. L'élimination de la flotte américaine du Pacifique à Hawaii laissait aux Japonais les mains libres dans le Sud-Ouest. Quelques minutes après l'attaque sur Pearl-Harbor, ils lançaient d'autres offensives aériennes sur Singapour, Guam, Hongkong, Wake et deux objectifs aux Philippines (l'île de Palau, à l'est de Mindanao, et la station radio d'Aparri, à Luzon). Mais leur objectif principal était l'aviation américaine, stationnée à Clark-Field, au nord de Manille. Ils l'attaquèrent le 8 décembre. A nouveau, les avions américains furent surpris au sol. Négligence encore plus surprenante que dans le cas de Pearl-Harbor, car on savait à Manille ce qui venait de se passer et on ne pouvait ignorer que les Philippines étaient pour les Japonais un objectif prioritaire, les forteresses volantes de Clark constituant un danger pour les convois nippons naviguant entre l'Indochine, la Chine continentale et Formose. La malchance voulut que le message d'alerte de la station radar d'Iba ne parvînt pas à Clark : l'opérateur radio était parti déjeuner. Dans les cantines, la radio annonça que, selon certaines informations, Clark était attaqué. Ce qui provoqua l'hilarité générale. Quelques minutes plus tard, commençait le bombardement qui allait coûter à MacArthur la moitié de son aviation. A la suite de la nouvelle de la débâcle à Hawaii et des premières attaques nippones sur Manille, pendant neuf âpres heures, le général n'avait pas réagi, enfermé dans son bureau à lire des rapports des services de renseignement. Il expliqua son absence de réaction en invoquant l'ordre de Washington de laisser les Japonais tirer les premiers. Mais deux heures après l'attaque sur Pearl-Harbor, les Etats-Unis étaient officiellement en guerre avec le Japon. Alors que les commandants à Hawaii furent accusés de négligence, personne à Washington ne blâma MacArthur pour avoir laissé anéantir son aviation. Ce 8 décembre n'était cependant que le début d'une débâcle qui s'étendit sur plusieurs mois, jusqu'à la capitulation en avril des troupes de Bataan et de Corregidor. Bataille défensive Chute de Guam, perte des deux unités faisant l'orgueil de la flotte britannique, le cuirassé Prince-of-Wales et le croiseur Repulse, dernière menace sérieuse pour les Japonais dans les mers du sud, capitulation de Hongkong, de l'atoll de Wake, de Singapour, de la Malaisie, puis de Java : début mars, le Japon multipliait les victoires. Restaient les Philippines. Les Japonais allaient se heurter à une résistance prolongée et tenace. Dès le 20 décembre, la quatorzième armée, placée sous le commandement du général Masaharu Homma, avait débarqué dans le nord-ouest de Luzon. Elle descendait vers le sud sans rencontrer de grande résistance. Le 24, un second débarquement massif eut lieu dans la baie de Lamon, au sud-est de Manille, et l'aviation commença à bombarder la capitale. Déterminé à bloquer l'ennemi sur les côtes, MacArthur demandait des renforts à Washington. Mais l'état-major était plus préoccupé par le front européen que par les Philippines. Une attitude qui provoqua l'amertume du président philippin Quezon : " Comme c'est américain de se tourmenter pour le destin d'une distante cousine tandis que sa fille est violée dans la pièce voisine. " Pour des raisons évidentes, la guerre du Pacifique resta longtemps, même pour les Américains, un théâtre secondaire. MacArthur se résolut alors à suivre le Plan Orange, qu'il avait qualifié autrefois de " défaitiste ", et à concentrer ses efforts sur la défense de la péninsule de Bataan et de l'île de Corregidor, qui commande la baie de Manille. Après avoir déclaré la capitale " ville ouverte ", afin d'épargner la population, et avoir abandonné les bases militaires de Cavite, Clark et Nichols-Field, le général organisa la retraite. Il ordonna le repli des troupes du général Wainwright au nord et du général Jones au sud-est. Les Japonais ne comprirent apparemment pas le sens de ces mouvements et, croyant assister à une déroute, négligèrent de bombarder les routes de retraite. Ce qui permit de rassembler à Bataan, dès le milieu janvier, la majeure partie des forces américano-philippines et d'organiser une défense à partir de la ligne dite Abucay-Mauban. MacArthur installa son quartier général à Corregidor. Peu de régions aux Philippines étaient plus propices que Bataan à une bataille défensive en raison de son relief montagneux (à condition que les approvisionnements soient adéquats). Or, en matière logistique, MacArthur fut moins brillant que pour la retraite. En prévision d'une défense des côtes, il avait fait constituer des dépôts d'équipements, de vivres et de médicaments dans les provinces. Les transferts se firent mal. L'insuffisance des ravitaillements, la malnutrition, la dysenterie et la malaria allaient tuer plus de soldats que les balles japonaises. Retranché lui aussi à Corregidor, le président Quezon bombardait Roosevelt de télégrammes demandant de donner l'indépendance aux Philippines afin qu'il puisse déclarer l'archipel neutre et " sauver un pays devenu champ de bataille de deux grandes puissances d'un plus grave désastre ". Le général Hideki Tojo, premier ministre nippon, avait offert en effet de respecter la souveraineté des Philippines si une paix séparée était conclue, une manoeuvre visant délibérément à diviser Américains et Philippins. Prime secrète Pour l'opinion publique américaine, le général restait une figure légendaire. Pour Eisenhower, il se " comportait en enfant, comme d'habitude ". Le département d'Etat voulait en tout cas que le " héros du Pacifique " continue à combattre. La réponse de Roosevelt fut de défendre Bataan " aussi longtemps que ce serait humainement possible ". Dans l'espoir de former un gouvernement en exil aux Etats-Unis, et alors que la plupart des politiciens restés à Manille se rangeaient du côté des Japonais, Quezon quitta Corregidor fin février. MacArthur avait déjà largement perdu la confiance de ses hommes. Le moral était au plus bas et le ressentiment profond à l'égard d'un chef qui, dans ses communiqués, ne parlait que de lui. Sous l'effet de la disette, de la maladie et de l'isolement, la situation se détériorait. Bien que le commandement japonais ait été privé des meilleures troupes, qui avaient été envoyées en Malaisie, Washington prit conscience qu'il était vain de résister. L'avance nippone en Asie du Sud-Est se poursuivait, inexorable. Aussi Roosevelt décida-t-il de retirer MacArthur de Corregidor et de lui confier le commandement des troupes se rassemblant en Australie. Le 11 mars, MacArthur annonçait au général Wainwright qu'il partait pour l'Australie. Le lendemain, accompagné de sa famille, il quittait Corregidor à bord d'une vedette et gagnait Mindanao, d'où il s'envola pour l'Australie. C'est en route pour Melbourne qu'il prononça son fameux " je reviendrai ". Une formule qui allait devenir parmi les soldats restés à Bataan un jeu de mots amer : " Je vais aux latrines mais je reviens. " Ayant reçu des renforts, les Japonais donnèrent le coup de grâce au réduit de Bataan à partir du 3 avril. Quatre jours plus tard, la résistance américano-philippine s'effondrait. Contre les ordres de MacArthur et de Roosevelt, le général King, qui commandait à Bataan, décida de capituler. " Les prisonniers seront-ils bien traités ? " demanda-t-il à l'officier japonais qui reçut sa capitulation. " Nous ne sommes pas des barbares ", répondit, offensé, le Japonais. L'acheminement des 76 000 prisonniers, dont 12 000 Américains, du sud de Bataan à la base de Clark se transforma en réalité en une " marche de la mort ". Manque de ravitaillement, atrocités : plus de 10 000 prisonniers périrent en quelques jours. Au cours des mois qui suivirent leur arrivée au camp O'Donnel, 2 000 Américains et 25 000 Philippins périrent. Le 25 mai, la capitulation de la garnison de Leyte mettait fin à la campagne japonaise aux Philippines. C'est aussi à Leyte, en octobre 1944, à la suite d'une célèbre bataille navale, que MacArthur reprit pied aux Philippines. L'archipel devait être libéré du joug japonais en juillet l'année suivante. PHILIPPE PONS Le Monde du 23 mars 1992

« allaient se heurter à une résistance prolongée et tenace.

Dès le 20 décembre, la quatorzième armée, placée sous lecommandement du général Masaharu Homma, avait débarqué dans le nord-ouest de Luzon.

Elle descendait vers le sud sansrencontrer de grande résistance.

Le 24, un second débarquement massif eut lieu dans la baie de Lamon, au sud-est de Manille, etl'aviation commença à bombarder la capitale. Déterminé à bloquer l'ennemi sur les côtes, MacArthur demandait des renforts à Washington.

Mais l'état-major était pluspréoccupé par le front européen que par les Philippines.

Une attitude qui provoqua l'amertume du président philippin Quezon :" Comme c'est américain de se tourmenter pour le destin d'une distante cousine tandis que sa fille est violée dans la piècevoisine.

" Pour des raisons évidentes, la guerre du Pacifique resta longtemps, même pour les Américains, un théâtre secondaire. MacArthur se résolut alors à suivre le Plan Orange, qu'il avait qualifié autrefois de " défaitiste ", et à concentrer ses efforts sur ladéfense de la péninsule de Bataan et de l'île de Corregidor, qui commande la baie de Manille. Après avoir déclaré la capitale " ville ouverte ", afin d'épargner la population, et avoir abandonné les bases militaires de Cavite,Clark et Nichols-Field, le général organisa la retraite.

Il ordonna le repli des troupes du général Wainwright au nord et du généralJones au sud-est.

Les Japonais ne comprirent apparemment pas le sens de ces mouvements et, croyant assister à une déroute,négligèrent de bombarder les routes de retraite.

Ce qui permit de rassembler à Bataan, dès le milieu janvier, la majeure partie desforces américano-philippines et d'organiser une défense à partir de la ligne dite Abucay-Mauban.

MacArthur installa son quartiergénéral à Corregidor. Peu de régions aux Philippines étaient plus propices que Bataan à une bataille défensive en raison de son relief montagneux (àcondition que les approvisionnements soient adéquats).

Or, en matière logistique, MacArthur fut moins brillant que pour laretraite.

En prévision d'une défense des côtes, il avait fait constituer des dépôts d'équipements, de vivres et de médicaments dansles provinces.

Les transferts se firent mal. L'insuffisance des ravitaillements, la malnutrition, la dysenterie et la malaria allaient tuer plus de soldats que les balles japonaises. Retranché lui aussi à Corregidor, le président Quezon bombardait Roosevelt de télégrammes demandant de donnerl'indépendance aux Philippines afin qu'il puisse déclarer l'archipel neutre et " sauver un pays devenu champ de bataille de deuxgrandes puissances d'un plus grave désastre ".

Le général Hideki Tojo, premier ministre nippon, avait offert en effet de respecterla souveraineté des Philippines si une paix séparée était conclue, une manoeuvre visant délibérément à diviser Américains etPhilippins. Prime secrète Pour l'opinion publique américaine, le général restait une figure légendaire.

Pour Eisenhower, il se " comportait en enfant,comme d'habitude ".

Le département d'Etat voulait en tout cas que le " héros du Pacifique " continue à combattre. La réponse de Roosevelt fut de défendre Bataan " aussi longtemps que ce serait humainement possible ".

Dans l'espoir deformer un gouvernement en exil aux Etats-Unis, et alors que la plupart des politiciens restés à Manille se rangeaient du côté desJaponais, Quezon quitta Corregidor fin février. MacArthur avait déjà largement perdu la confiance de ses hommes.

Le moral était au plus bas et le ressentiment profond àl'égard d'un chef qui, dans ses communiqués, ne parlait que de lui.

Sous l'effet de la disette, de la maladie et de l'isolement, lasituation se détériorait.

Bien que le commandement japonais ait été privé des meilleures troupes, qui avaient été envoyées enMalaisie, Washington prit conscience qu'il était vain de résister.

L'avance nippone en Asie du Sud-Est se poursuivait, inexorable.Aussi Roosevelt décida-t-il de retirer MacArthur de Corregidor et de lui confier le commandement des troupes se rassemblant enAustralie. Le 11 mars, MacArthur annonçait au général Wainwright qu'il partait pour l'Australie.

Le lendemain, accompagné de sa famille,il quittait Corregidor à bord d'une vedette et gagnait Mindanao, d'où il s'envola pour l'Australie.

C'est en route pour Melbournequ'il prononça son fameux " je reviendrai ".

Une formule qui allait devenir parmi les soldats restés à Bataan un jeu de mots amer :" Je vais aux latrines mais je reviens.

" Ayant reçu des renforts, les Japonais donnèrent le coup de grâce au réduit de Bataan àpartir du 3 avril.

Quatre jours plus tard, la résistance américano-philippine s'effondrait. Contre les ordres de MacArthur et de Roosevelt, le général King, qui commandait à Bataan, décida de capituler.

" Lesprisonniers seront-ils bien traités ? " demanda-t-il à l'officier japonais qui reçut sa capitulation.

" Nous ne sommes pas desbarbares ", répondit, offensé, le Japonais.. »

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