Comment tromper un prédateur potentiel ?

Le comportement dont nous allons parler s'inscrit dans le cadre des signaux au service des communications interspécifiques. Si pour les uns, il est loisible de parler de menaces, nous entrons ici dans l'ordre des signaux défensifs. Selon les spécialistes, et dans le cas qui nous occupe, cela se nomme, pour la même intention: manoeuvre de diversion ou comportement de «feinte». On a aussi «parade de détournement». Ce comportement est repérable surtout chez les oiseaux nidificateurs terrestres. Armin Heymer cite particulièrement les vanneaux, les pluviers et les gravelots comme spécialistes de la manoeuvre de diversion qui consiste à induire le prédateur en erreur. C'est I. Eibl-Eibesfeldt qui emploie l'expression de comportement de «feinte». Dans les deux cas, c'est lorsqu'un mammifère carnassier s'approche du nid que de nombreux oiseaux qui courent ou soignent des jeunes s'envolent au ras du sol et s'éloignent du nid de manière très visible, en boitant, avec les ailes pendantes comme s'ils étaient blessés. Le but recherché est altruiste; on attire le danger sur sa personne, on détourne le prédateur du nid. Heymer ajoute que lorsque la distance de diversion est jugée suffisante, l'oiseau adulte cesse brusquement sa manoeuvre et regagne le gîte par des chemins détournés. Eibl-Eibesfeldt cite, dans son ouvrage d'éthologie, le cas, par lui repéré, du pigeon des Galapagos qui, bien que vivant dans un milieu dépourvu de mammifères prédateurs, a un comportement de «feinte» très semblable. Ce spécialiste du comportement animal estime que c'est là «un vestige de l'époque où les ancêtres de ce pigeon vivaient sur le continent où ils étaient amenés à en rencontrer». Nous constatons donc que le comportement doit être étudié à l'aide de beaucoup de constats. Ce pigeon des Galapagos en arrivera-t-il à se débarrasser de ce comportement ou le gardera-t-il toujours? D'ailleurs, tous les autres, comment ont-ils acquis cette manoeuvre qui réussit souvent si bien?